Carrefour des Métiers au Féminin

’Moi je suis grande chefe’

26 mai 2006

Le premier Carrefour des Métiers au Féminin s’est tenu mercredi au Palaxa à Saint-Denis. Organisée par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA), en partenariat, notamment, avec le Conseil régional et le ministère de l’Emploi. La manifestation avait pour thème ’Aujourd’hui tous les métiers ont un féminin’.

"Vanessa est homme-grenouille, pourquoi pas femme-reinette ?", demande l’une des affiches de la manifestation. "Moi je suis grande chefe, maçonne, menuisière ou électricienne", proclame un autre panneau. Les organisateurs ont choisi l’humour pour faire passer leur message : "plus aucun métier ne peut prétendre être strictement réservé aux hommes".
Pour un jour, la cour du Palaxa s’est donc transformée en grand supermarché de l’emploi au féminin. Plusieurs métiers étaient présentés par des entreprises ou des organismes de formation. La bijouterie et l’électrotechnique côtoyaient ainsi la mécanique, la métallerie, le gros œuvre du BTP (Bâtiment et travaux publics) en passant par la boulangerie et la prothèse dentaire.
Première de son genre, la manifestation a attiré un nombre relativement important de visiteuses - le public masculin était largement minoritaire. "Depuis ce matin, nous avons beaucoup de lycéennes et de collégiennes", remarque Johnny Sibalo, chargé d’opération à OIDF (Organisme d’ingénierie, de développement et de formation). "Elles se renseignent sur les métiers du BTP. Certaines sont très intéressées. D’autres disent avoir peur pour leurs ongles dès qu’on leur dit qu’il faut mettre les mains dans le mortier", sourit Marie-Lourdes Sinama. Elle suit depuis 8 mois une formation d’ouvrière en gros œuvre BTP. "Je suis mère de 2 enfants et je n’avais jamais rien fait d’autres que femme au foyer. J’en ai eu assez. Je me suis lancée dans la première formation qui se présentait". Ouvrière du BTP en l’occurrence. Elle tient bon, "même si au début on a essayé de me décourager en me disant que seuls les hommes pouvaient faire ce boulot", se souvient-elle. Aujourd’hui, elle travaille au coude à coude sur les chantiers avec des collègues hommes qui la considèrent "comme un gars. Cela doit vouloir dire que je travaille bien", lâche amusée Marie-Lourdes Sinama.
Un peu plus loin, Kelly Félix et Christelle Molly se livrent à une démonstration de pose de bordure de trottoir. Elles sont toutes les deux en formation depuis 8 mois. "Je n’avais pas envie de faire coiffeuse ou esthéticienne. Je me suis lancée dans le BTP par curiosité et ça me plaît", lance Kelly Félix en maniant sa truelle d’une main sûre. "Les filières de formation typiquement féminine sont archi bouchées. J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté en choisissant un métier hors normes féminines", renchérit Christelle Molly.
Élèves de 3ème au collège de la Ravine des Cabris (Saint-Pierre), Honorine et Anaëlle ont fait le voyage jusqu’à Saint-Denis avec leurs copines de classe ainsi que leurs professeurs de français et d’histoire-géographie. "C’est pas mal, mais nous sommes quand même un peu déçues. Ni la police, ni la gendarmerie, ni l’armée n’ont de stand. C’est dommage, on aurait aimé pouvoir se renseigner sur ces carrières", regrette Anaëlle. "C’est dans ce genre de métiers que l’on peut vraiment prouver que les femmes sont vraiment capables de tout faire", pense Honorine.
Vu le succès de la première édition, un second Carrefour des Métiers au Féminin devrait avoir lieu l’année prochaine.


Entreprenariat

Le grand retard des femmes

Selon les chiffres rendus publics en juillet 2005 par la Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité, peu de femmes sont créatrices d’entreprises à La Réunion. En effet, sur 4.915 sociétés créées en 2003, seules 1.229 l’ont été par des femmes. Ces créations se répartissaient comme suit : éducation, santé et action sociale : 38,9% ; commerce et réparation : 33,6% ; services aux particuliers : 28,8% ; industrie : 25,5% ; services aux entreprises : 24,2% ; activités immobilières : 23,1% ; industrie agro-alimentaire : 15,4% ; transport : 9,1% ; et construction : 8,4%.


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