Nout anset not fors

19 juin 2008

Merci Témoignages. Vous publiez assez régulièrement de nombreux articles sur l’histoire de notre île plus particulièrement sur la nécessité de valoriser notre patrimoine culturel et historique.
Plusieurs personnes dialoguent autour de ce passé réunionnais marqué par l’esclavage. Comme le souligne Aimé Césaire, cette somme de souffrances que beaucoup aujourd’hui porte encore en eux mérite réparation. La réparation ne consiste pas seulement de publier et commenter les nombreux articles du Code Noir ; nous savons tous que le Code Noir n’a apporté aucune touche d’humanité à la condition inhumaine des esclaves. Aujourd’hui parler de réparation, c’est de permettre à chaque Réunionnais de s’exprimer, de s’intégrer dans cette société où la Mondialisation exclut l’Homme. Parler de réparation c’est permettre à chacun d’éclairer cette histoire du silence (l’esclavage), non par pas pour remuer les cendres et attiser les haines mais pour contribuer à l’édification d’une société de vraie liberté dans laquelle chaque citoyen retrouve le plein sens de la devise : liberté, égalité, fraternité.

À La Réunion, maintenir la paix sociale, respecter et conserver ce métissage reste primordiale. De nombreuses associations ont compris qu’il faut sauvegarder notre patrimoine culturel et cultuel.
Notre île vibre et vit aux rythmes des rites et cultures héritées de l’Asie, de l’Afrique et de l’Inde. Toutes ces cultures doivent être valorisées et respectées.
Enfin depuis peu, de nombreux Réunionnais commencent à regarder en face son histoire à y trouver son âme, sa force, son identité.
Parler de l’esclavage, principale organisation sociale et principal fondateur de la société coloniale était tabou.
Parler de maloya, de servis kabaré, sevis malgas était honteux.
Qu’on soit blanc de peau, noir ou métis, arrêtons de nous culpabiliser, arrêtons de nous cacher derrière le drapeau bleu, blanc rouge.
« Homo sum : humani nihil a me alienum puto »( je suis un homme, rien de ce qui touche à l’humanité ne m’est étranger)
Allons continuer notre combat pour éclairer l’histoire de nos ancêtres. Arrêtons de tourner le dos à notre passé, de refuser nos racines indo- océaniques.
Aujourd’hui encore dans les programmes scolaires, on nous abreuve de la culture française métropolitaine ; pourtant, notre histoire, celle des esclaves, de nos ancêtres n’est plus une histoire du silence. Aujourd’hui les historiens, les chercheurs écrivent sur l’esclavage, en citant le Code Noir, en insistant sur les souffrances, les abus commis par cette société coloniale. Le Code Noir rappelons interdisait de pratiquer publiquement aux esclaves une autre religion autre que la religion du maître. Que sont devenues les religions pratiquées par les esclaves ?
De nombreux artistes refont vivre la musique de nos ancêtres ; cette musique, le maloya comme ces sites oubliés fréquentés par nos ancêtres doit être valorisé et respecté. L’association Capitaine Dimitile a su préserver ce haut lieu historique qui aujourd’hui abrite le musée sur l’histoire du marronnage. Ces sites, ces lieux oubliés respirent la culture de nos ancêtres et sont utiles pour panser ces douleurs liées à ce passé.
Dans le même esprit de la Maison des Civilisations, valorisons l’histoire de notre île, n’ayons plus peur ; honte de d’exprimer la culture de nos ancêtres. Dansons, chantons aux rythmes du kayamb’, du maloya, rendons hommage librement à nos ancêtres et crions haut fort sans peur : nout anset nout fors !

Aline MURIN HOARAU


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