On aurait pu échapper aux coupures d’eau prolongées

25 janvier 2007

Suite à un éboulis du Dimitile dans le Bras de la Plaine, ce sont plusieurs milliers de foyers, dans le Sud, qui ont été privés de l’eau, cette ressource si précieuse. Il est vrai que nous sommes en saison cyclonique, mais est-ce que cette situation aurait pu être évitée, comme le soulignait nos confrères du “JIR” dans leur édition du 23 janvier ?

« Oui », confirme l’adjoint au maire chargé de l’urbanisme à St Pierre, David Lorion. « Cela fait une quinzaine d’années que la commune de St Pierre interpelle le Département et demande l’attribution du forage de Pierrefonds, qui appartient à la collectivité. Peut-être que le Département voulait garder ses puits ? Mais en tout cas, ni les élus de droite, ni les élus de gauche, ne nous ont aidé dans cette affaire », affirme David Lorion.
Depuis 2005, la commune de Saint-Pierre a eu l’agrément pour explorer un puits à Pierrefonds et elle en a fait creuser un second, toujours sur Pierrefonds. Les travaux ont déjà commencé et une première tranche sera livrée en septembre prochain et la seconde tranche, d’ici 2009.
Par ailleurs, l’adjoint au maire souligne qu’il s’agit d’une crise climatique liée à un effondrement et que ce n’est la faute de personne. Néanmoins, « si on avait eu les autorisations plus tôt, on ne serait pas dans cette situation aujourd’hui », conclut l’élu.

La faute aux discussions ?

Retard dans l’attribution des autorisations lié aux discussions, c’est ce qu’affirme Daniel Tholozan, vice-président du Conseil Général. « Rien de s’y opposait mais il y a eu des discussions », nous dit Daniel Tholozan. Il est vrai que des discussions peuvent prendre beaucoup de temps... voire plusieurs années.
En tout cas, « ces difficultés sont occasionnelles et des travaux ont déjà commencé afin de rendre disponible le forage de Pierrefonds, ça va se régulariser ».
Et comment fait-on jusqu’à la fin des travaux s’il y a de nouveau de grosses pluies ?
Nous sommes en période cyclonique alors, faîtes des réserves, on ne sait jamais !
Plus que jamais, il est venu de se poser les problèmes de fond et non pas de régler ponctuellement tel ou tel problème. La problématique de l’eau doit être au centre des préoccupations et doit être réglée pour toute La Réunion.

Sophie Périabe


Élie Hoarau :

« Le forage de Pierrefonds ne suffit pas, c’est tout le système qu’il faut revoir »

Le nouveau forage est indispensable, mais selon Elie Hoarau, il ne règle que ponctuellement le problème de l’eau dans le Sud.
Le problème est plus compliqué qu’il en a l’air, dit Elie Hoarau, « car la problématique de l’eau ne concerne pas que Saint-Pierre, mais toute La Réunion ».
« Il faudrait mettre en place une nouvelle politique de l’eau », affirme ce dernier. Dans un premier temps, il est nécessaire de recenser toutes les ressources en eau souterraine et superficielle. Puis dans un second temps, appliquer un certain nombre de principes afin de mieux gérer cette ressource et de ne plus arriver à une situation telle qu’on l’a connue ces derniers jours.
Premier principe, il est important de mettre en place un organisme unique pour une gestion plus globale de l’eau, « on ne peut pas dire qu’une commune se débrouille toute seule ».
Une interconnexion entre les différents réseaux permettraient de répondre à l’ensemble des besoin de la population, que ce soit les besoins alimentaires, agricoles ou industriels.
Afin d’éviter toute situation similaire à celle d’aujourd’hui, les eaux servant à la consommation alimentaire doivent venir des eaux souterraines. Les eaux de surface ne doivent servir qu’à l’irrigation. C’est dans ce sens qu’il est important de bien séparer la gestion des eaux pour l’alimentation humaine et celle pour l’irrigation.
« On se rend bien compte qu’à Saint-Pierre, aucun de ces principes ne sont respectés. Alors, il ne faut pas s’étonner de ce qui se passe aujourd’hui, souligne Élie Hoarau. L’eau potable est fournie par le Bras de la Plaine, c’est un ruissellement. Si des pluies importantes venaient à s’abattre dans ce secteur, les deux tiers de la population saint-pierroise seraient privées d’eau pendant un long moment et ce serait une catastrophe  ».

Propos recueillis par Sophie Périabe


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