FEHAP

Pour un plan pluriannuel d’objectifs et de moyens dans l’action sanitaire et sociale

11 octobre 2006

La Fédération des établissements hospitaliers et d’assistance privés à but non lucratif fête ses 70 ans. Force de proposition dans l’action sanitaire et sociale, elle réclame une plus grande visibilité à travers la mise en œuvre d’un contrat d’objectif et de moyens pluriannuel.

Entre le secteur public et le privé, la Fédération des établissements hospitaliers et d’assistance privés à but non lucratif (FEHAP) se définit comme une troisième voix. Elle regroupe des hôpitaux, des maisons de retraite et des associations œuvrant dans l’action sociale, la promotion de la personne handicapée, et les soins à domicile. À La Réunion, la FEHAP, ce sont 27 associations représentant 80 établissements employant 3.300 salariés.
La Fédération fête en ce moment ces 70 ans. Actuellement en visite à La Réunion, Yves-Jean Dupuis, Directeur général national de la FEHAP, a rencontré ces deux derniers jours la DRASS, l’ARH, le Conseil général et le Préfet. Quelques heures avant la rencontre avec le représentant de l’État, il faisait un bilan de ces premiers échanges, en compagnie de Marie-Rose Gras, Déléguée régionale FEHAP et Directrice générale de l’Association pour l’utilisation du rein artificiel à La Réunion (AURAR), et de Bernard Vaysse, Directeur général de l’Association Saint-François d’Assise.
Tout au long de ses rencontres avec les différentes instances compétentes en matière de santé publique, Yves-Jean Dupuis a insisté sur le cadre général des besoins non satisfaits. Ces manques se déclinent en un plan de rattrapage nécessaire, en particulier 800 à 900 places doivent être créées pour répondre à la demande d’accueil des personnes handicapées, note Bernard Vaysse. Autre besoin non satisfait relevé par Marie-Rose Gras : "disposer de structures qui prennent en charges les pathologies chroniques", comme par exemple le diabète.

Réinstaurer un dialogue

La prise en charges des personnes âgées figure également parmi les missions essentielles de la FEHAP. À La Réunion, le vieillissement de la population pousse à créer rapidement des moyens humains et matériels pour suivre cette évolution démographique. Bernard Vaysse explique que la création d’un lit en Maison de retraite équivaut à un investissement de 125.000 euros. D’où une demande de plus grande visibilité de l’action de la FEHAP, à travers la revendication d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec ces différents partenaires : services déconcentrés de l’État et Conseil général. Car pour leur part, les établissements s’engagent à donner la meilleure qualité de service à la collectivité.
À La Réunion, les besoins nécessitent la création d’établissements, la remise aux normes des anciens. Autant de sujets qui sont passés au second plan pendant la crise du chikungunya, mais qui ne sont toujours pas réglés.
Les rencontres entre la FEHAP, la DRASS, l’ARH et le Conseil général ont permis de "réinstaurer un dialogue". Se mettre autour d’une table, recenser les moyens de financements pour que l’action sociale à but non lucratif puisse remplir ces missions, autant de thèmes sur lesquels le Directeur général national de la FEHAP dit avoir été écouté. Le Conseil général a notamment fait état du projet d’une annexe opérationnelle à son budget, allant dans le sens de la proposition de la Fédération.
L’essentiel étant de savoir comment seront financés les besoins qui émergent et vont apparaître à La Réunion, et avec quels moyens les associations œuvrant dans le champ d’action de la FEHAP pourront-elles contribuer ces défis.

Des questions

Par ailleurs, Yves-Jean Dupuis compte avoir les réponses à deux questions. Avec le passage aux 35 heures, les associations de l’action sanitaire, sociale et médico-sociale ont bénéficié d’une aide versée directement par l’État s’élevant à 200 millions d’euros. Or, selon la FEHAP, les associations réunionnaises n’ont pratiquement rien touché. Pourquoi ?
L’autre interrogation concerne directement le représentant de l’État. Lors de sa visite à La Réunion, François Baroin, Ministre de l’Outre-mer, s’est engagé à abonder un fonds destiné à faire face à l’augmentation des capacités des structures œuvrant dans le médico-social. 30 millions d’euros ont été annoncés par le ministre, où en est-on sur ce dossier ?
Depuis longue date, la FEHAP participe à l’élaboration des schémas de santé publique, "nous collaborons à l’ensemble des politiques locales", souligne Bernard Vaysse.
Gageons que la demande d’un engagement pluriannuel des financeurs soient entendue, pour que toutes ces associations qui remplissent une mission essentielle dans notre société puissent avoir les moyens de mener à bien leurs projets.

M.M.


Allocation personnalisée d’autonomie (APA) : pour un financement plus juste

L’aide aux personnes en perte d’autonomie est une avancée considérable note la FEHAP, mais qui gagnerait à être améliorée. "Cette APA aurait pu être couverte par l’ensemble de la population en tant que 5ème risque de l’Assurance maladie", estime Yves-Jean Dupuis. Mais son mode de financement (50% État, 50% Conseil général) a souffert d’une augmentation des charges beaucoup plus rapide que prévue. À La Réunion, la question se pose avec d’autant plus d’acuité que le nombre d’allocataires est amené à croître beaucoup plus rapidement qu’ailleurs du fait du vieillissement de la population. Ce sont des phénomènes qui risquent d’impacter sur le budget du Conseil général. Pour la FEHAP, il est juste de trouver des moyens de répartition plus homogène de ce financement.


Pas de libéralisation totale de l’action sociale

Signataire d’une motion refusant l’application de la directive Bolkestein à l’action sociale, la FEHAP maintient la pression pour que tel projet ne soit pas concrétisé.
La France a mis des barrières assez hautes en matière de formation, et le risque est de voir des personnels pas assez formés, sous-payés, instaurant une concurrence dangereuse, notamment dans le maintien à domicile, dit en substance la FEHAP.
La Fédération n’est pas opposée à l’ouverture des frontières, mais demande en préalable une harmonisation des niveaux de formation et de rémunération au niveau européen, et pas par le bas.


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