Pourquoi tant de hargne ?

24 septembre 2008

Ce qui est formidable en ce moment, c’est le nombre d’anonymes qui nous apprennent par courriers des lecteurs interposés qu’elles sont de grandes militantes de la cause des femmes. Dommage que leur modestie (?) les empêche de donner leurs noms véritables... nous, à l’UFR, signons toujours nos déclarations.
Evidemment, depuis que les jeunes lycéennes ont réintégré leur établissement, la rage de ces grandes combattantes est dirigée contre Huguette Bello et notre organisation.
Pourquoi tant de haine, de hargne et de mauvaise foi contre l’UFR qui, depuis sa création il y 50 ans, œuvre pour le bien-être et la dignité des femmes ?
Dès 1974, avec Isnelle Amelin présidente, nous avons dénoncé : les violences faites aux femmes, le viol qui n’était pas jugé aux Assises, mais en Correctionnelle comme un délit mineur, le harcèlement sexuel qui n’était pas reconnu par la loi, les inégalités criantes du salaire féminin en déclarant travail égal salaire égal, la parité hommes femmes dans la société pour que nous ayons tous les mêmes droits et les mêmes responsabilités, le sexisme dans les médias, les pubs, l’éducation, la pornographie dégradante... Nous avons défendu le droit à la contraception et à l’IVG, droits inaliénables pour que les femmes décident de leur maternité. Nous avons été partie civile, sur demande des familles, dans des affaires de viols ignobles. Nous avons célébré chaque 8 Mars et répété à chaque manifestation ou assemblée nos revendications de femmes respectées, libres, égales et solidaires. Nous avons affirmé haut et fort notre solidarité au peuple sud-africain sous l’Apartheid et notre soutien au mot d’ordre de paix en Océan Indien. Il est facile de vérifier tout cela, il vous suffit, mesdames les mécontentes, de consulter les archives des 3 quotidiens au lieu de citer pêle-mêle des noms de militantes pour montrer de façon puérile votre pseudo culture féministe... Vous êtes en colère parce que des jeunes filles musulmanes ont été acceptées dans leur lycée avec un foulard sur la tête. Vous auriez préféré sans doute qu’elles restent chez elles et se recroquevillent sur elles-mêmes ?
Leurs parents ne sont pas des Talibans et Saint-Denis n’est pas Kaboul. Quant au costume traditionnel des musulmanes, je vous certifie que depuis 1966, j’ai toujours vu les filles avec le pantalon sous la jupe et le foulard sur les cheveux. Votre intransigeance est la porte ouverte au fanatisme et il vaut mieux discuter et expliquer avant de condamner et sévir dans la précipitation. A La Réunion, nous avons la chance inouïe de ne pas avoir de fanatisme religieux et de vivre en harmonie, croyants de toutes les religions et athées, mais ce bel équilibre est fragile et il ne faudrait pas que l’obstination de certaines et certains fasse éclore un intégrisme bien plus menaçant pour la société que 6 adolescentes avec un foulard. Vous parlez d’un bout de tissu, mais pourquoi en faire une bannière de laïcité et de défense des femmes ?
Si vous voulez vraiment les défendre ces femmes battues, humiliées, violées, exploitées, excisées, de par le monde, venez déjà participer à la marche contre les violences faites aux femmes qui a lieu tous les 25 novembre depuis des années, venez comme nous à la rencontre de celles qui ont subi des violences et qui nous appellent, nous militantes UFR, parce qu’elles savent que nous les respectons et les aimons, pas pour faire bien, mais parce que leurs souffrances sont nos souffrances et que notre lutte pour la cause des femmes est dans la durée, dictée par un engagement et non une prise de position ponctuelle.
Il reste encore beaucoup à faire pour que, partout, les femmes deviennent des citoyennes à part entière. Cependant, quand nous voyons le chemin parcouru, nous savons que nous, à l’UFR, avons semé quelques petits cailloux... mais vous, qu’avez-vous fait ?
Où étiez-vous quand nous étions au chevet de Marie-Claire, violée par 4 paras, quand nous manifestions au Port parce qu’une jeune femme avait été violée, quand nous étions à l’enterrement de Béatrice, assassinée par son ex...? Il est plus facile d’écrire à un journal que de s’engager quotidiennement, il est facile de porter des jugements péremptoires... Lutter pour la cause des femmes n’est pas facile et notre fierté à l’UFR, c’est de mener ce combat avec la même détermination depuis des années.

 Pour l’UFR,
Marie-Hélène Berne
 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus