Journée Internationale des Familles au Port

« Quand la famille se porte bien, c’est toute la cité qui va bien »

16 mai 2007

Pour la deuxième année consécutive, l’Association Régionale d’Accompagnement Social Territorialisé (ARAST) célèbre aujourd’hui, sur le site du Parc Boisé du Port, la Journée Internationale des Familles, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993. L’occasion de favoriser l’échange sur les difficultés familiales lors d’une journée d’information, récréative et conviviale.

En instituant cette Journée internationale, les Nations Unies ont souhaité insister sur l’importance que revêt la famille, « cellule de base de la société ». A chaque société, se posent des problèmes différents aux familles. A La Réunion, la précarité, le logement, l’endettement ou encore les grossesses précoces sont des facteurs qui fragilisent la cohésion familiale, et par extension, celle de la société réunionnaise.

La structure familiale a évolué

Au sens le plus étroit, la famille est composée du père, de la mère et des enfants, avec le couple conjugal comme base. En s’étendant à plusieurs générations, elle peut comprendre, outre les parents, les ascendants jusqu’aux descendants mais aussi les oncles, tantes, cousins, neveux. C’est cette large compréhension de la famille que l’on retrouve à La Réunion, même si cette appréciation tend à évoluer. Familles recomposées, monoparentales, unions libres, pacs : la structure familiale a évolué. Les couples font moins d’enfants aujourd’hui qu’il y a 30 ans, les mères travaillent et les femmes optent pour leur première grossesse en moyenne à l’âge de 29 ans. A La Réunion, qui présente un schéma démographique unique en Europe, on assiste à l’émergence d’un phénomène de décohabitation chez la jeunesse, alors que la population vieillissante se retrouve de plus en plus isolée. Si la solidarité familiale, qui a permis aux Réunionnais de traverser les plus dures épreuves de son histoire et qui est une des constituantes de sa diversité culturelle, s’exerce toujours, elle est mise à rude épreuve. Ketty Gabou, technicienne de l’Intervention Sociale et Familiale à l’ARAST du Port, souligne cet étiolement en observant qu’« aujourd’hui, par exemple, les grands parents ne gardent plus leurs petits enfants comme ils le faisaient avant. Les parents les déposent en crèche ou payent quelqu’un pour les garder ». Elle ne possède pas d’explication, mais suppose qu’il s’agit « sans doute d’une évolution des mentalités, de plus d’individualisme ». Cathy Panechou, autre technicienne de l’ARAST, constate quant à elle « que la surconsommation fait que beaucoup de familles sont en difficulté et nécessitent un accompagnement social et budgétaire. Cela génère des tensions aux seins de la cellule familiale, d’autant que, compte tenu des problèmes pour accéder à un logement et à un emploi, les enfants restent plus tard chez leurs parents, sans apporter forcément de contribution financièrement (...). Les conseils que l’on délivre aux familles s’agissant de la gestion de leur budget ne sont pas toujours pris en considération, poursuit la professionnelle. On les retrouve donc à nouveau dans les services sociaux. Quand il y a un souci éducatif, que les parents n’accompagnent pas forcément leurs enfants, les tutelles aux prestations familiales sont mises en place en Métropole. Au niveau de La Réunion, nous n’avons aucun droit de regard sur l’utilisation de ces allocations ».

570 grossesses chez les moins de 18 ans en 2005

Cathy Panechou souligne ainsi que certaines familles sont débordées par les problèmes financiers qui focalisent toute leur attention au détriment de l’intérêt porté à l’éducation de leurs enfants. Pressés par « le regard des autres, de l’école, de la société », elle explique que les parents souhaitent offrir la meilleure qualité de vie à leurs enfants, s’attachant parfois plus au matériel au détriment de valeurs simples et gratuites telles que l’attention, l’affection, l’écoute, le conseil, l’autorité. Pourtant, pour les enfants, la famille est le lieu de tous les apprentissages pour parvenir à construire sa vie en société. Mais comment peut-elle jouer pleinement ce rôle fondamental quand les parents sont encore adolescents ? L’Association Réunionnaise d’Orientation Familiale (AROF), habilitée dans la planification familiale, propose justement aujourd’hui un stand où il sera question de prévention des grossesses non désirées, des maladies sexuellement transmissibles (MST), de la contraception. « Nous travaillons beaucoup avec les jeunes couples, intervenons dans les collèges sur la parentalité, explique le docteur Fassio. On leur explique qu’être parents ne s’improvise pas, qu’il faut vraiment être prêts et être deux ». Les chiffres interpellent : en 2005, on enregistrait à La Réunion 570 grossesses chez les moins de 18 ans (contre 556 en 2004), dont 108 chez des mineurs de moins de 15 ans, 31 chez des jeunes filles de 14 ans et 7 chez de très jeunes mères de 13 ans. « Plusieurs facteurs expliquent les grossesses précoces, poursuit le docteur Fassio. L’envie d’indépendance, d’avoir un logement, de quitter l’école, d’être reconnue en tant que femme, pour garder le copain... mais quand la jeune fille se retrouve seule, c’est plus embêtant ».

Cette Journée Internationale des Familles est donc l’occasion pour l’ARAST et tous ses partenaires qui souhaitent dynamiser leur travail partenarial de favoriser les échanges entre les familles du Port, entre parents et enfants, qui pourront profiter de nombreuses animations (peinture, activités sportives...), mais aussi entre les différentes générations. Comme l’année dernière, les familles pourront se faire photographier et récupérer leur cliché en fin de journée, souvenir d’un moment de partage. Cette journée doit aussi permettre d’offrir un maximum d’informations sur les droits et les devoirs de la famille en lui redonnant toute son importance car, comme le rappelle l’ARAST : « Quand la famille se porte bien, c’est toute la cité qui va bien ».

Stéphanie Longeras


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