Séminaire de fin de Master à l’IRTS

Reconnaître et valoriser les « compétences parentales »

10 avril 2008

Pendant deux jours, mardi et hier, l’Institut Régional du Travail Social (IRTS) a abrité un séminaire sur « Education familiale : les compétences parentales, reconnaissance et valorisation ».

Les intervenants dans les séances plénières viennent des Universités de La Réunion, de Nanterre, de Nantes, de Montréal (Québec), ainsi que dans la table ronde du mercredi après midi, organisée en visioconférence avec trois départements métropolitains dont les structures répondent à différents besoins éducatifs.
Ce séminaire intervient en fin de formation au Master EFIS/CODEV, un master de qualification, qui s’adresse « à des professionnels qui cherchent à se qualifier soit pour une réorientation, soit pour un complément de formation » expose Irène Albert, en charge de cette formation (voir plus loin).

Créée en 2006, la formation est faite sur 2 ans et accueille actuellement 13 étudiants, tous professionnels du secteur de l’intervention sociale en lien avec l’éducation familiale, ayant au moins une Maîtrise. « Une validation d’acquis professionnels est aussi possible pour des professionnels qui auraient une expérience assez longue dans ce champ d’intervention », ajoute la responsable.

Des projets concrets

La journée de mardi a reposé sur trois intervenants principaux - deux universitaires en Sciences de l’Education et un anthropologue de la parenté - qui ont donné les définitions et contenus de ce qu’on appelle les “compétences parentales”, et ce que cela implique pour la collaboration entre professionnels de l’enfance et parents. « Ce sont des universitaires qui ont fait des recherches appliquées à des dispositifs existants dans le champ de l’intervention sociale », complète Irène Albert.
Hier, les participants se sont répartis en ateliers, préparés et animés par les étudiants du Master EFIS/CODEV. Ces ateliers portaient sur la réalité et les enjeux de la place faite aux parents dans les établissements d’accueil de la petite enfance et dans l’institution scolaire (atelier 1) ; sur la collaboration parents-professionnels en intervention socio-éducative (atelier 2) ; sur la valorisation des compétences parentales dans les autres modèles culturels existant à La Réunion, où vivent de nombreuses familles d’origine comorienne et malgache (atelier 3) et enfin sur la dynamique associative dans les quartiers, comme révélateur des compétences parentales.
Le Séminaire a été organisé conjointement par l’IRTS, l’Université de Paris X et les étudiants du Master. Il faut encore noter que ce Master est construit pour chaque étudiant sur la conception et le développement d’un projet. Par exemple, l’un des 13 étudiants de la promotion 2008 prépare le montage d’une structure multi accueil pour la petite enfance, qui ouvrira normalement ses portes en septembre 2009, au Tampon.

Le public du séminaire se compose de professionnels de l’intervention sociale, et plus largement de l’accueil de la petite enfance, des dispositifs de protection de l’enfance, et de l’Education nationale.

Une centaine de participants

La centaine de participants représentent des organismes ou associations en relation avec l’enfance : l’ADAPEI accueille des enfants handicapés, l’AREP intervient dans l’éducation populaire, de même que l’ARAST ; La Pouponnière (Saint-Denis) accueille les enfants placés depuis la petite enfance ; le Foyer Marie Poitevin et l’APEJ accueillent des enfants-adolescents placés. S’y trouvent aussi plusieurs associations pour l’accueil de la petite enfance ou des lieux d’accueil parents-enfants, comme Ti’Moun, au Port ou La Case verte, à Saint-Denis. L’EPSMR, l’ARPEDA (les enfants déficients auditifs), l’UDAF et une association para municipale pour la petite enfance du Tampon : l’AREL (l’aide aux libérés), Prévention PEI (Port), les Instituts médico-sociaux, beaucoup de membres de l’Education nationale (CIO), du Département, de la CAF, nécessairement impliquée dans les contrats Enfance.
C’est par exemple le cas pour La Case Verte, un lieu d’accueil parents enfants, sur Saint-Denis, également représenté dans ce Séminaire. Conçu comme crèche/halte-garderie, ce type de structure dispose souvent d’une ludothèque et on y organise des temps où les parents viennent avec les enfants, rencontrer s’ils le veulent des psychologues auxquels les parents peuvent parler de leurs difficultés. Ce genre de structure devrait exister pratiquement partout. Elles sont souvent associatives, construites sur agrément, avec le soutien de la municipalité, du Conseil général et de la CAF, dans le cadre des contrats enfance.

P. David


Irène Albert, Docteur en Sociologie

« Il faut une reconnaissance mutuelle, pour une meilleure collaboration »

Irène Albert, responsable de projet à l’IRTS (pôle Formation continue, études, conseils), coordonne le Master Education familiale et socio-éducative, mis en place avec l’Université de Nanterre Paris X. Docteur en sociologie et auteur d’une thèse de Sociologie du Développement, elle a travaillé en France pour l’insertion professionnelle et l’animation socio-culturelle de la jeunesse avant d’exercer pendant plusieurs années en Afrique, pour des projets de Développement. A La Réunion depuis 15 ans, elle a d’abord travaillé au CREAI (Saint-Paul) puis à l’IRTS, comme formatrice dans les formations initiales (éducateurs techniques et moniteurs éducateurs) et depuis 98 aux formations à l’encadrement.

Pourquoi ce Séminaire, sur cette thématique ?

- Le Séminaire porte sur les « compétences parentales » : reconnaissance et valorisation. Depuis la loi de 2002, la place éducative des parents est reconnue et prend de l’importance. Ils participent aujourd’hui à la prise en charge des enfants en difficulté, qu’ils soient handicapés ou parce que c’est la famille qui est en difficulté. Le cadre légal permet et organise aujourd’hui leur participation.

A travers quelles structures, ou quelle organisation ?

- Cela peut être des groupes de paroles, ou les cafés des parents dans les collèges - où les parents viennent parler de leurs difficultés et échanger. Il n’y a pas de bons ou de mauvais parents : par l’échange, ils doivent pouvoir trouver les réponses aux questions qu’ils se posent.

On peut s’étonner qu’il ait fallu introduire un cadre juridique pour ces échanges ?

- Les professionnels rencontrent des limites dans leur pratique et ont conscience qu’il faut écouter les parents, travailler avec eux et faire un plus grand travail de proximité. Dans ce séminaire, chacun vient présenter les différents outils, dispositifs ou méthodes qu’ils ont pu expérimenter. On en est encore au stade de l’expérimentation, mais qui fonctionne. Cela ouvre des pistes de réflexion et de solutions pour les professionnels qui sont venus à ce séminaire.

A quel niveau ce séminaire peut-il contribuer à faire évoluer les situations ?

- Son principal intérêt à mes yeux se situe dans l’échange d’expériences.
Les professionnels ont souvent “le nez dans le guidon” et il leur manque ce temps pour des échanges d’expérience et des solutions collectives. C’est aussi une capitalisation, pour une meilleure lisibilité de ce qui existe déjà. Car il existe des choses ; ce n’est pas toujours un manque de structures mais un manque de temps. Une loi se traduit par des dispositifs, des projets - et c’est encore du temps... que les professionnels n’ont pas, parce qu’ils sont occupés à la prise en charge des enfants. Cela demande un changement des mentalités. C’est pourquoi nous parlons de « reconnaissance » - reconnaissance mutuelle des uns et des autres, pour une meilleure collaboration.


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