Regard stratégique sur le monde

14 avril 2007

Le 9 avril 2003, Bagdad tombait dans les mains des Américains. Quatre ans après, la situation en Irak est désastreuse. Dans ses Mémoires, Raymond Aron écrit : « Depuis un demi-siècle, je limite moi-même ma liberté de critique en posant la question : à sa place, qu’est-ce que je ferais ? » (p 632). A partir de là, quelle devrait être la politique états-unienne dans ce pays au cours des prochains mois ?
Il est beaucoup plus facile de construire que de détruire, et la situation en Irak en témoigne. A cet égard, on peut citer la parabole du poisson et de l’aquarium. Il est très facile de faire une soupe de poisson avec un aquarium en le brûlant. En revanche, une fois que vous avez une soupe de poisson, il est très difficile d’obtenir à nouveau un aquarium.
Dans le cas irakien, ce qui apparaît certain, c’est que tant que les Américains resteront dans le pays, la situation ne s’améliorera pas. Il n’est pas certain non plus que la situation s’améliore après leur départ. En tout cas, il faut que les Américains partent d’Irak, et au plus vite.

Il est aisé de critiquer les autres. Au niveau des élections présidentielles, on entend peu parler de la politique étrangère comme si la France se situait en dehors de la Mondialisation. Dans votre livre “Lettre ouverte à notre futur(e) président(e) de la République sur le rôle de la France dans le monde”, vous avez évoqué quelques sujets brûlants que le ou la successeur(e) de Jacques Chirac devra affronter. Comment considérez-vous la position actuelle des principaux prétendants à la Présidentielle ?

- Je dois avouer une assez grande déception par rapport aux thèmes de la politique étrangère. La mondialisation que vous avez citée aurait dû exiger une plus grande attention. Je comprends très bien que les thèmes de politique intérieure aient été bien développés. Néanmoins, on n’élit pas le Premier ministre, mais le Président français. Or, c’est ce dernier qui va représenter la France à l’étranger. On ne peut que regretter l’inhibition des candidats à la Présidentielle sur ce sujet. Ils pensent que les thèmes de diplomatie les desserviront plus qu’ils ne leur procureront un avantage. Ce n’est pas ainsi qu’il faut penser quand on espère représenter la France.

Le poids de l’Islam est important à La Réunion et le principe de la laïcité n’y a pas le même poids qu’en Métropole (on a notamment pu le constater avec le port du voile). Ces derniers jours, votre institut de recherches a publié un ouvrage intitulé “Est-il possible de critiquer l’islam ? », deux ans après que vous ayez écrit le livre “Est-il possible de critiquer Israël ?”. Quelles sont quelques-unes de ces conclusions ?

- Il n’y a pas vraiment de conclusion du fait que les avis contenus dans ce dossier ont été très contrastés sur ce point. En revanche, ce que j’en pense réside dans le fait qu’il y a un principe : celui de la liberté de débat. Or, on ne peut pas avoir de politique variable sur ce sujet. Il y a un risque de diabolisation de l’Islam. On critique les Arabes et les Musulmans. Il ne faut pas utiliser le principe de liberté de critique pour mettre en place des discours racistes comme l’a fait par exemple Robert Redeker.

Propos recueillis par Matthieu Damian


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus