Les suites de la table-ronde sur la graphie standard de la langue créole réunionnaise

Sak nou lé dakor, nou mète ansanm ; sak nou lé pa dakor, nou diskite

14 février 2013

À quelques jours de la Journée Internationale de la Langue Maternelle, célébrée dans le monde entier le 21 février à l’appel de l’UNESCO, l’Espace pour Promouvoir l’Interculturalité (EPI) et le Cercle Philosophique Réunionnais (CPR ont organisé en novembre dernier à Saint-Denis une table-ronde sur la graphie de la langue créole réunionnaise. Voici une synthèse de cette rencontre publiée par les deux associations. Les inter-titres sont de ’Témoignages’.

Les trois premiers intervenants lors de cette table-ronde : Aude-Emmanuelle Hoareau, Giovanni Prianon et Axel Gauvin.

Le jeudi 8 novembre 2012, au bar "Les Récréateurs" de Saint-Denis, deux associations culturelles — l’Espace pour Promouvoir l’Interculturalité (E.P.I.) et le Cercle Philosophique Réunionnais (C.P.R.) — ont organisé une table-ronde sur la question de la graphie standard de la langue créole réunionnaise.
Près d’une trentaine de personnes, notamment des militants culturels, écrivains, enseignants du créole et autres spécialistes de cette question ont participé à des échanges d’idées à ce sujet, notamment sur trois problématiques :
• l’importance d’une graphie standard du créole réunionnais ;
• les voies et moyens de réaliser un tel projet par un consensus entre Réunionnaises et Réunionnais ;
• la possibilité de faire valider cette graphie par l’État français, notamment dans l’enseignement.

Convergence des idées

Les premiers intervenants sur ces problèmes étaient Axel Gauvin, président de Lofis la lang kréol La Rényon, Aude-Emmanuelle Hoareau, présidente du CPR, et Giovanni Prianon, président de Lantant Mahavéli. Ensuite, c’est le public qui a pris la parole en toute liberté pour exprimer son point de vue à ce sujet.
Ce que l’on retient avant tout des diverses interventions, c’est la convergence des idées pour trouver le plus large accord possible entre Réunionnais sur une graphie de leur langue afin de valoriser ses atouts en termes de littérature, de moyen d’expression, d’enseignement et de formulation de la pensée créole réunionnaise. Cette démarche est d’autant plus importante qu’elle favorisera l’expression, le respect, la valorisation et l’enrichissement de l’identité réunionnaise.
Comme cela a été expliqué par plusieurs intervenants, les bases d’un tel accord existent d’ores et déjà, car les divers chercheurs, écrivains et autres spécialistes de la langue créole réunionnaise partagent dès à présent fortement leurs points de vue sur la meilleure façon d’écrire le créole. Ils estiment également, qu’au-delà de la diversité des approches que l’on peut avoir sur telle ou telle graphie de tel ou tel son, l’essentiel est de poursuivre le dialogue pour surmonter les contradictions et chercher l’entente sur la meilleure écriture possible de notre langue maternelle.

Les exemples des Seychelles et de Maurice

Au cours du débat, il a également été souligné qu’à ce sujet, les Réunionnais doivent et peuvent suivre l’exemple donné par les peuples frères des Seychelles et de l’Ile Maurice, où les spécialistes du créole dans ces pays ont déjà trouvé un consensus sur une graphie standard de leur langue. Les participants à cette table-ronde ont également félicité à plusieurs reprises le travail lancé depuis plusieurs mois à ce sujet à La Réunion par le Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement, grâce à son président, Roger Ramchetty.
Dans cet esprit, ils ont souhaité une bonne continuation du dialogue et des échanges constructifs entre les personnes compétentes en la matière. Ils ont également demandé aux décideurs d’en finir avec les blocages et les infériorisations de la langue créole dans notre pays, grâce à une volonté politique de promouvoir l’enseignement de cette langue dès la maternelle, sans jamais l’opposer au français et aux autres langues du monde.

La mobilisation continue

Sak nou lé dakor, nou mète ansanm ; sak nou lé pa dakor, nou diskite. Autrement dit, plus vite nous trouverons ensemble une synthèse des bases de notre graphie créole réunionnaise, plus vite et mieux nous pourrons appliquer cet accord et libérer notre langue des obstacles à son émancipation.
Voilà pour l’essentiel ce qui ressort de cette table-ronde. La mobilisation pour soutenir ce combat solidaire du peuple réunionnais continue.

Le Cercle Philosophique Réunionnais
L’Espace pour Promouvoir l’Interculturalité

Sak nou lé dakor, nou mète ansanm ; sak nou lé pa dakor, nou diskite.
(photo Toniox)


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