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Sak nou wa GSM

Entretien avec Laurent Zitte, photographe

27 octobre 2007

“Sak nou wa GSM” : Des instantanées “Port 2007”

Combien de photos avez-vous reçu, pas à l’unité près mais environ combien ?

- Autour de 700.

Qu’est-ce que les gens vous envoient ?

- Beaucoup de photos de rues, de façades, de parkings... du Port. Beaucoup de choses prises dans la rue, comme si quelqu’un s’était baladé et avait pris plein, plein de photos. Des photos personnelles, comme des achats (dans un magasin) ; des photos du port, de la darse, de la mer... Des photos du port prises de la mer...

Vous arrivez à savoir si ce sont des envois distincts ou si c’est une même personne qui envoie plusieurs photos. En somme, est-ce que vous arrivez à établir une “traçabilité” des travaux reçus ?

- Quand on reçoit les photos, il y a un numéro qui s’affiche et on peut identifier l’envoi ; quelquefois, il y a un nom et quelquefois pas. Beaucoup envoie leurs photos sans signer.

Est-ce que vous recevez des photos qui correspondent à ce que vous attendiez, à l’esprit de l’opération lancée ?

- Oui, tout à fait. J’avoue que je m’attendais à recevoir plus de photos intimes. Mais non ! Les gens ont joué le jeu et photographient la ville de long en large. Il y a beaucoup de photos que nous envoient des particuliers, mais aussi des associations qui se sont prises au jeu.

photos des candidars au concours

Qu’allez-vous faire avec tous ces “instantanées portois” ?

- L’idée est de présenter l’ensemble des photos envoyées dans une exposition, qui aura lieu dans les fêtes de la Ville du Port, fin novembre. Nous voudrions montrer l’ensemble des images dans une exposition accessible au public. Les noms, quand on les a, seront notés. Sinon, ce sera “anonyme”. Nous ne mettrons pas les numéros de téléphone, c’est trop personnel.

Quel problème technique pose cette opération ? Vous travaillez avec du numérique...

- C’est très intéressant. Ce sont des images d’assez mauvaise qualité - cela va paraître bizarre qu’un photographe fasse l’éloge de ce type d’images. Mais justement, le téléphone portable a une écriture qui lui est propre, vraiment. C’est une image pixellisée, de petit format... et c’est du numérique. L’idée est de respecter, dans l’exposition, le côté “intimiste” de cette image et de la montrer en taille plus ou moins réelle... Selon la quantité bien sûr. C’est le côté difficile à maîtriser pour nous encore : combien d’images au total ? Nous en sommes à 700 images à peu près, mais d’ici 1 mois, il peut y en avoir beaucoup plus. Or, le lieu d’exposition, lui, ne va pas varier : ce seront les grilles de l’Hôtel de Ville du Port. Donc, il y a tous les jours son lot de surprises par rapport à cette “inconnue”...

C’est le même lieu que l’année dernière. Une exposition de photos en plein air, ce n’est pas une chose très facile...

- Ce sont des impressions sur adhésif, contrecollées sur métal. L’opération a été lancée la première semaine d’août. Nous sommes sur deux mois et deux semaines environ ; cela fait une bonne moyenne. Si nous avions commencé un peu plus tôt, nous aurions pu battre un beau record en nombre de photos ! Je pense qu’on peut arriver à plus de 1.000 photos. Parce qu’il y a des gens qui nous en enverront après les vacances, à ce qu’ils nous ont dit. D’après les retours que nous en avons, la population apprécie le projet, s’y reconnaît facilement. Les gens aiment la modernité de cet échange. On a mis aussi en place des “lieux d’échange blue-tooth” ou LEB ; quand une personne a vraiment beaucoup de photos, elle nous envoie un fichier par ce système de transfert. On a rencontré comme cela quelques “citoyens photographes” - je les appelle comme cela - qui ont fait beaucoup plus de photos que la moyenne : ils appellent, je me déplace et je prends leur photos par ce système.
Souvent, il y a quelques difficultés techniques à surmonter. C’est un peu la difficulté et en même temps l’attrait de ce projet. On sent qu’on a tous des outils qu’on ne maîtrise pas forcément à fond - et quelquefois pas du tout ! Donc, chacun “plonge” un peu. On met quelquefois plusieurs minutes à comprendre comment ça marche !

Est-ce que la technologie GSM induit certain type de photo, par exemple, plutôt des détails ou plutôt des photos “de jour” ?

- En fait, le mieux est de prendre une photo en plein soleil - quoique... j’ai reçu des photos de nuit qui sont vraiment très intéressantes. On sent, chez ceux qui participent le plus, l’utilisation d’appareils de dernière génération ; on commence à avoir de pleins pixels. Le mieux, c’est en plein jour. Parce qu’on n’a pas de photos “bouchées”, remplies de pixels. Mais à la fois, j’aime beaucoup le pixel : c’est vraiment quelque chose de propre à ce téléphone, à cette génération... Comme on le sait, cela évolue très vite. Donc, ce qui est vrai, en termes d’images, dans ces téléphones, ne sera plus là dans deux ou trois ans. Nous espérons donc dans ce projet avoir une signature de cette année 2007, à travers ces téléphones que les gens seront obligés de changer bientôt. Toujours pour les mêmes raisons : commerciales ! L’idée est aussi de garder quelque chose de daté et matérialisé par la technologie actuelle.

Etes-vous heureux de l’écho reçu dans la population par cette opération ?

- C’est un très bon écho. C’est une opération que j’ai lancée il y a 10 ans avec “sak nou wa”. A l’époque, c’était avec des appareils photos simples, une pellicule noir & blanc, et des habitants qui photographiaient leur quartier. Aujourd’hui, le GSM - s’il n’est pas encore complètement généralisé -, est très répandu, et les trois-quarts des téléphones sont munis d’appareil photo, ce qui veut dire que le regard et la position du citoyen ont changé puisqu’il peut être à tout moment auteur et acteur du lieu où il se trouve et témoin d’un événement. La presse fait quelquefois usage de ces “photos d’actualité”. L’idée du projet est aussi de surfer sur cette vague d’images citoyennes, orientée vers “l’idée d’une ville” et “l’image d’une ville”. C’est un projet soutenu par la Ville du Port et... c’est formidable !

Propos recueillis par P. David


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