
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Entretien
26 janvier 2007
Laurent MEDEA, Sociologue, a mené une étude de 18 mois de Juillet 2005 à janvier 2007 sur “La Délinquance Juvénile à La Réunion”. Cette recherche entrait dans le cadre d’un post-doctorat à l’Université de La Réunion et elle a été co-financée par le Conseil Régional, La Protection Judiciaire à la Jeunesse, La Caisse d’Allocations Familiales, La Chambre de Commerce et de l’Industrie et Le Fonds Social Européen.
Pour des jeunes qu’une société prive de travail, quel peut être le regard posé sur les personnes chargées de faire régner l’ordre ?
- On assiste actuellement à l’expression d’un malaise entre les jeunes et les services de la BAC. Ce malaise n’est pas lié directement à la situation socio-économique des jeunes. Ce n’est pas un problème de refus de l’autorité en général, ni même de rancoeurs contre la police. Il s’agit précisément de l’attitude des services de la BAC, qui est dénoncée. A la différence avec les banlieues françaises, aujourd’hui il n’y a pas d’affrontement direct entre jeunes et policiers. On observe encore un respect de l’uniforme de la part des jeunes et dès qu’ils identifient des personnes comme appartenant à la police, ils se mettent en retrait. Cependant, il est vrai que leur regard sur l’autorité policière est généralement très négatif. Ceci s’explique par le fait que certains jeunes ont été humiliés dans les commissariats après une interpellation ou ont subi des sanctions judiciaires parfois disproportionnées. Il existe donc pour eux un sentiment d’injustice et une forme de complot policier contre les jeunes du Port.
Pensez-vous que le CD mettant en cause les méthodes de la BAC est une incitation à la violence ?
- Je pense qu’il faut rappeler avant tout que cette chanson n’a jamais eu vocation à être diffusée à grande échelle ou commercialisée. Elle a été écrite dans un certain contexte par un groupe de copains et doit donc être analysée comme un moyen d’expression plus que comme un message véhiculé par le biais d’une chanson. Il faut bien sûr condamner les menaces contre les forces de l’ordre. La société où nous vivons a créé des jeunes exclus économiquement et socialement qui essaient d’éveiller les consciences des autres jeunes à travers des textes qui sont répertoriés par les policiers et des médias comme de la violence.
D’autre part, au plan sociologique, il est à noter que les jeunes ont choisi d’exprimer leur révolte par des mots et non par des actes, ils ont des arguments et ils veulent kozer. J’ai lu attentivement les paroles, je les ai décryptées comme j’ai décrypté celles des chansons de Futur Crew de Saint-Denis depuis deux semaines où encore les chansons de Rap de Saint-Benoît ou de Saint-Pierre : elles se ressemblent toutes. On y retrouve les mêmes messages dénoncés par Public Enemy au début des années 80 à New York mais aussi les NTM au début des années 90 à Paris : un cri de colère contre la brutalité policière et l’injustice. Cette chanson est à l’image de la société, habitant dans un quartier réputé difficile ces jeunes sont restreints à un seul support d’expression qu’est le Rap, utilisant des mots crus tirés de leur vocabulaire quotidien. Ils n’ont aucun autre moyen de s’exprimer et de se faire entendre. Tous les groupes de rap dénoncent ces pratiques et sont devenus des porte-parole de leurs quartiers. Au-delà de la brutalité policière, le Rap réunionnais dénonce aussi la corruption des hommes politiques, l’injustice, le racisme et la domination, l’oppression, l’inégalité sociale, la pauvreté, etc. Ce sont des problématiques urbaines dans un monde dominé par l’argent à la différence des thèmes développés par Danyel Waro qui tournent autour des problématiques culturelles, néo-coloniales et marxistes. Si on analyse ce texte « La BAC » sous un angle sociologique, on y lit un appel au secours où les jeunes expriment leur identité blessée, leur détresse et leur colère. C’est tout simplement un phénomène social sous forme d’expression politique des jeunes marginalisés : ils demandent à être libre, avoir l’égalité dans un monde de fraternité à travers cette poésie urbaine.
Quelle est la cause profonde du fossé entre jeunes et policiers ?
- Le fossé auquel on assiste aujourd’hui repose sur la fin du dialogue entre les jeunes et la police, liée à la disparition de la police de proximité. L’accent est mis sur la répression, ce qui provoque du ressentiment. D’après les témoignages que j’ai recueilli, venant des jeunes et des travailleurs sociaux, on assiste parfois à une forme de provocation qui vient en priorité des policiers par leur comportement (passer doucement tout près de certains groupes de jeunes qui ne font rien, en les regardant d’une certaine façon jusqu’à ce qu’il y en ait un qui réagisse). Ces jeunes sont stigmatisés à partir du moment où ils sont regroupés. Dans le cas du Port, les jeunes ressentent une autre forme de stigmatisation liée à leur ville d’origine. Il semble qu’une attention particulière soit porté au contenu de cette chanson parce qu’elle émane du Port alors que d’autres textes de Rap, contenant une forme d’agressivité envers la police, ont déjà été écrits dans d’autres villes. On peut y voir, en arrière-plan, une forme de critique envers les politiques sociales des dirigeants de la commune.
Quant au fossé qui sépare les jeunes et la police, il faut souligner qu’il en existe un autre, beaucoup plus large entre une partie de la jeunesse réunionnaise des quartiers populaires qui se sente abandonnés et tout le reste de la société réunionnaise. Ces textes montrent bien en 2007 qu’il y a eu un échec de toutes formes de politique publique dans ces quartiers dits populaires et difficiles.
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