Destruction des récoltes et flambée des prix des fruits et légumes

Solidarité avec les principales victimes du cyclone Batsiraï : les pauvres et les agriculteurs

4 février 2022, par Manuel Marchal

Le cyclone Batsiraï s’éloigne après être passé à environ 200 kilomètres des côtes de La Réunion. Les dégâts sont importants et concernent en particulier l’agriculture. Une procédure de catastrophe naturelle est lancée, le dossier sera examiné le 8 février prochain ce qui pourra ouvrir la voie à des indemnisations. Mais les vents et les fortes pluies ont détruit de nombreuses cultures que ne sont pas assurées. Des pertes importantes sont donc à prévoir alors que la situation de l’agriculture réunionnaise est déjà difficile. Les fruits et légumes frais vont devenir un produit inaccessible à une grande partie de la population alors qu’ils contribuent à une bonne santé.

Après avoir fait d’importants dégâts à Maurice et à La Réunion, Batsiraï s’éloigne vers Madagascar qu’il devrait toucher de plein fouet samedi en tant que cyclone tropical intense.
Batsiraï laisse dans son sillage d’importants dégâts. Si les réseaux routiers, électriques et d’eau potable reviendront à la normale dans les prochains jours, l’impact sera plus durable dans d’autres domaines.
Comme dans tout événement climatique, ce sont les plus fragiles qui vont payer le prix le plus lourd. Cela concerne notamment les agriculteurs. Dans beaucoup d’exploitations, les récoltes sont perdues. Tout ce qui peut être sauvé devra être écoulé d’urgence avant de ne plus être comestible, et il faudra ensuite attendre plusieurs mois pour une prochaine récolte. L’arrêté de catastrophe naturelle qui ne manquera pas d’être publié permettra des indemnisations, mais pourront-elles tout compenser ? En effet, à La Réunion, il est impossible pour un agriculteur d’assurer sa récolte. Tout repose donc sur la solidarité pilotée par les pouvoirs publics.

Fruits et légumes importés hors de prix pour la majorité

Lors de son premier meeting en ligne dimanche dernier, le Parti communiste réunionnais avait rappelé l’ampleur de la pauvreté à La Réunion. Près d’un enfant mineur sur deux vit dans une famille sous le seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté global est de près de 40 %. Compte tenu du chômage massif à La Réunion, les salaires sont tirés vers le bas car le rapport de forces est excessivement favorable au patronat. Ils restent pour beaucoup scotchés au SMIC qui est défini en fonction du coût de la vie en France qui est plus faible qu’ici. La vie chère entame largement un pouvoir d’achat déjà faible. Dans ces conditions, les fruits et légumes frais sont des produits de luxe pour la majorité de la population qui n’a pas de jardin potager.
Mais après le cyclone viendra le temps de la pénurie de fruits et légumes frais. Les salades et autres tomates importées de France vont remplacer dans les rayons la production locale. Mais pour la majorité de la population, ces produits importés seront hors de prix. Les fruits et légumes frais ne seront donc plus accessibles à la majorité de la population à La Réunion.

Les institutions seront-elles solidaires des pauvres ?

Pourtant, fruits et légumes frais contribuent à une bonne santé. Rappelons que dans le contexte de l’épidémie de COVID-19, une des meilleures protections est un bon système immunitaire. Ceci ne doit pas être un luxe réservé à une minorité.
Face à de pareilles catastrophes détruisant des récoltes, des pays mobilisent des fonds publics pour acheter les produits manquants en gros à l’étranger afin de négocier des tarifs avantageux, puis les redistribuent à des tarifs abordables selon des critères sociaux. Pour éviter tout effet d’aubaine et permettre au plus grand nombre d’accéder à ces produits de première nécessité, un plafond est fixé pour limiter la quantité achetée par semaine.
Pourquoi ne pas envisager pareille mesure à La Réunion en attendant que la production locale puisse relever la tête et remplir de nouveau son rôle ?
Les pouvoirs publics ne manqueront pas d’être sollicités par les entreprises qui demanderont bien légitimement une aide d’urgence. Les pauvres ne doivent pas être oubliés et ont également droit à la solidarité des institutions.

M.M.

A la Une de l’actuCyclones et ouragans

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus