Du Vietnam à l’Irak...

Toujours les armes chimiques américaines

2 janvier 2007

Le président des États-Unis Bush a applaudi à l’exécution de Saddam Hussein. Logique : celle-ci avait été programmée de longue date par son gouvernement. La réaction U.S. donne l’occasion de rappeler une vérité historique concernant les crimes commis par l’ex-président irakien.
Saddam Hussein a été condamné à mort pour le massacre de 148 villageois chiites à Doujaïl en 1982. Un second procès était en cours pour le massacre de Kurdes lors de l’opération “Anfal”. Dans les deux cas, l’armée irakienne avait fait usage d’armements chimiques. Les victimes avaient péri dans des conditions particulièrement atroces.
Or l’Irak ne disposait pas par lui-même d’armes chimiques. Saddam Hussein n’aurait donc jamais pu perpétrer ces carnages sans l’existence d’un fournisseur zélé. Or au début des années 80, l’Iran est l’ennemi numéro un des États-Unis, et dans la terrible guerre qui commence entre l’Iran et l’Irak (*), « l’Irak se voit promu au rang de bouclier des intérêts occidentaux dans le Golfe. Il est massivement armé par Washington. L’Amérique n’hésite pas à fournir ainsi à Bagdad les armements les plus sophistiqués, y compris les armements chimiques qui feront merveille contre les Kurdes soutenus par l’Iran » (Christian Elset, numéro hors-série du Figaro “Irak. Objectif Bagdad”). Ce sont donc les États-Unis, qui se parent aujourd’hui du rôle de justicier, qui ont été directement à la source de ces crimes.
Mais il faut poursuivre le rappel des faits historiques et remonter aux années 65 -75, et à la guerre du Vietnam, pour prendre toute la mesure du cynisme américain. C’est dans “le Monde Diplomatique” de mars 2002, sous la plume de Shofield Corryel qu’on peut lire le texte suivant, sous le titre « Au Vietnam, l’agent orange tue encore » : « Trente ans après, les conséquences de la guerre chimique menée par les Etats-Unis sont toujours et partout visibles », explique Mme Nguyen Xuân Phuong, une Vietnamienne d’une cinquantaine d’années, responsable en France d’un projet d’aide aux enfants victimes des produits toxiques largués sur les forêts et les champs du Vietnam. On voit encore dans les rues des villes et dans les campagnes des gens mutilés - sans jambes, sans bras, aveugles, des corps tordus. Ces problèmes sont en grande partie liés aux défoliants utilisés dans les opérations militaires souvent qualifiées de “plus grande guerre écologique de l’histoire de l’humanité” ».
Posons-nous cette question : quelles peines ont été prononcées contre les bourreaux du peuple vietnamien ? La réponse est : aucune.
Et ce sont les mêmes - le même système d’hégémonie impérialiste, les mêmes réflexes prédateurs sur les ressources de la planète, le même discours de faux moralisateurs - qui avant-hier ont détruit la terre et les enfants du Vietnam, qui hier ont livré les armes chimiques pour que d’autres massacres soient reproduits, et qui aujourd’hui se retrouvent du côté des juges, prononçant des sentences de mort au nom des droits de l’homme.
Les grandes consciences américaines - je pense ici à Noam Chomsky, mais il y en a beaucoup d’autres - qui s’élèvent avec force contre l’inacceptable, permettent-elles d’espérer un sursaut qui provoquerait une mutation de la politique des États-Unis ? On peut toujours l’espérer... Mais on sait bien que l’élément déterminant sera fait des luttes des peuples refusant d’abdiquer, fait aussi des soubresauts de notre planète pillée par un système aveuglé par le profit et tirant de plus en plus fort toutes ses sonnettes d’alarme.

(*) A propos de cette guerre très meurtrière qui a duré huit années et qui a causé la mort de 1.200.000 personnes, on connaît la phrase de Henry Kissinger, prix Nobel de la Paix (sic) : « Nous voulons qu’ils continuent à s’entretuer le plus longtemps possible » (in numéro hors-série du Figaro cité plus haut).

Alain Dreneau


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