Rencontres “ciné-philo” sur l’œuvre d’Ousmane Sembène

Un artiste africain qui a posé une question fondamentale

19 septembre 2007

Ne manquez pas, samedi et dimanche prochains, respectivement à la médiathèque du Tampon et à celle de Sainte-Marie, les rencontres avec projections de films animées par l’universitaire sénégalais Thierno Ibrahima Dia sur le cinéaste africain Ousmane Sembène. Un grand artiste militant, décédé en juin dernier à 84 ans après une vie de combats pour la liberté et la justice.

De gauche à droite, samedi à la médiathèque du Port : Thierno Ibrahima Dia, Marie-Paule Fanchin, adjointe au maire déléguée à la Culture, et Jean-Claude Gayral, Président de Perspectives du Cinéma.
(photo L. B.)

« Comment construire ensemble un monde meilleur ? ». C’est la question fondamentale que pose dans tous ses films le cinéaste Ousmane Sembène, né en 1923 au Sénégal, exclu de l’école à 13 ans et qui s’est lancé dans le cinéma à 40 ans. C’est ce qu’a souligné Thierno Ibrahima Dia samedi à la médiathèque Benoîte Boulard du Port et dimanche à la médiathèque de Saint-André.
C’était au cours des deux premières journées de “ciné-philo” organisées par l’association Perspectives du Cinéma, présidée par Jean-Claude Gayral, en partenariat avec le Cercle philosophique réunionnais, présidé par Laurent Médéa. Des rencontres soutenues par la Direction départementale de la Jeunesse et des Sports, dans le cadre de l’opération “Tous différents, tous égaux”.

Des films censurés

Samedi et dimanche, Thierno Ibrahima Dia, professeur de critique cinématographique à l’Université de Bordeaux III et de Dakar, a présenté la vie et l’œuvre d’Ousmane Sembène, à travers de nombreux extraits de ses films. Des films où cet artiste militant, engagé à 16 ans dans l’armée française pour participer à la lutte de libération de la France, ancien cheminot au Sénégal puis docker et syndicaliste CGT à Marseille, a défendu toutes les grandes causes humaines.
Depuis “Borom Sarret” (1963) jusqu’à “Mooladé” (2004), Ousmane Sembène a dénoncé la domination et l’exploitation des peuples colonisés, l’oppression des femmes, les crimes de la colonisation, l’utilisation des religions pour tromper le peuple et faire le maximum de profit sur son dos. Ses films font tellement réfléchir le public et sont tellement contestataires des pouvoirs établis qu’ils ont parfois été censurés pendant des années par les dirigeants des États français et sénégalais.

« Des principes pour construire une société ensemble »

Ousmane Sembène a également reçu de nombreux Prix à travers le monde pour ses films. Car ceux-ci donnent des émotions très fortes. C’est le cas notamment de “Camp de Thiaroye” (1988), qui décrit le massacre par l’armée française de centaines d’anciens combattants africains le 1er décembre 1944 dans la banlieue de Dakar, après qu’ils aient contribué à libérer la France de l’occupation nazie. Massacrés, tout simplement pour avoir demandé une indemnisation avant de pouvoir rentrer chez eux.
« Cet artiste est un messager, un éveilleur, un forgeron des âmes, un ingénieur des consciences », affirme Thierno Ibrahima Dia. Il note que « ses films sont parsemés de maximes et de principes pour construire une société ensemble », à l’image de son “film testament” : “Guelwaar” (1992). Une œuvre qui dénonce « l’esclavage moderne que subissent de nombreux émigrés et les fractures entre les administrations et le petit peuple ».
Dans plusieurs films d’Ousmane Sembène, « on voit les complicités qui persistent après l’indépendance entre les élites des ex-colonies et les colonisateurs ; elles font des premières, des marionnettes des seconds, au détriment de populations condamnées à la mendicité à perpète ».

L. B.

Programmation des deux prochaines journées : samedi 22 septembre à la médiathèque du Tampon et dimanche 23 septembre à la médiathèque de Sainte-Marie ; chaque fois de 9 heures à midi et de 13 heures à 16 heures.


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