“Choka bleu”, le journal des habitants de La Rivière des Galets

Un quartier plein d’initiatives

28 janvier 2005

Dans son nouveau numéro, le journal des habitants de La Rivière des Galets, “Choka bleu”, donne la parole, comme toujours, aux habitants et les interroge sur différents sujets, notamment sur ce qu’ils entrevoient pour l’an 2020. Il résume les manifestations qui ont eu lieu dans ce village les mois précédents. Chacun y va de son petit commentaire. Les rassemblements collectifs et autres défilés sont prétexte aux retrouvailles, aux échanges, à l’entraide...

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Tout le monde est d’accord, 2020 est synonyme de profondes transformations tant pour La Rivière des Galets que pour La Réunion. La majorité des personnes interrogées estime qu’il y aura moins de bidonvilles. Ces habitants nourrissent des espérances sur l’amélioration du climat dans le quartier (Melyne 8 ans : "le village sera joli et il n’y aura plus de bataille").
Confiants, ils espèrent qu’avec les progrès qui se feront d’ici là, La Réunion et La Rivière des Galets en particulier auront toutes les structures adéquates pour l’instruction et la réinsertion des jeunes. Conscients que d’ici 2020 la population réunionnaise aura considérablement augmenté, ils comptent sur une nouvelle politique du logement pour donner un toit à chacun.

Temps forts

Que ce soit pour accompagner leurs enfants à la piscine ou à la crèche, les mamans prennent activement part à la vie associative du quartier. Ces actions leur permettent de se rencontrer, d’échanger ou même de partager un bon repas autour d’une table pendant quelques heures. Pour certaines, c’est l’occasion de sortir un peu et de briser la routine et la monotonie, alors que pour d’autres, les sorties parents/enfants donnent aux parents l’occasion de s’intéresser aux activités de leurs enfants.
Au centre Farfar, la fin du mois d’octobre était rythmée par les semaines “bleue et créole”. Ces deux moments ont été l’occasion pour les “gramoun” de montrer aux jeunes comment se déroulait le “mariaz lontan”, ou encore la façon de moudre le maïs... Pour d’autres, ce fut l’occasion de (re)découvrir le travail du galet, un métier qui disparaît au fil des ans.

Sensibilisation

Les membres de l’association Tchao La Rak ont rencontré des jeunes afin de les informer des dangers de l’alcool. Chaque intervenant expliqua alors son combat contre cette maladie. Entre chansons et débats, c’est la notion d’entraide qui ressort de la journée portes ouvertes. Le quartier de La Rivière des Galets bouillonne d’idées de rencontres.
Ainsi, des sorties à La Roche Écrite et au Colosse ont été organisées à l’initiative des femmes de la cité De Louise de La Possession et celles de l’immeuble Camille Claudel. Gageons que ce genre de manifestations se renouvellera très bientôt.
Ce journal de quartier propose aussi un sujet sur les dangers que peut provoquer la destruction des coffrets électriques, chose qui arrive souvent, il suffit de regarder autour de nous pour constater les dégâts. Le centre d’animations Farfar est le lieu de rencontre de tous les habitants. Et il s’y passe des choses !

Roulez jeunesses !

Entre les mercredis jeunesses et les autres manifestations culturelles et traditionnelles, sans oublier l’expo science, le club de judo géré par les parents ou encore la boxe française... on n’a que l’embarras du choix. À cela, viennent s’ajouter les rencontres sportives entre différentes écoles de la ville du Port où, disons-le, les écoles de La Rivière ne sont pas mal du tout.
À découvrir aussi une page consacrée à l’histoire qui lie La Rivière des Galets aux habitants de Mafate.
Vous connaissez Monsieur Guillaume ? C’est un gramoun qui nous raconte comment était la vie avant. “Choka bleu” nous relate aussi le voyage qu’ont fait les femmes de la Cité Ravine à Marquet qui, dans le cadre des rencontres avec des associations culturelles et artisanales, ont fait un saut en France et en Belgique... Rien que ça !

Sitianlati Daroussi


Quelques textes du dernier numéro de “Choka bleu”

o Si mi di aou l’an 2020...

Confiance en nous-mêmes

En l’an 2020, la ville du Port sera une grande ville, ouverte sur la mer. Je pense qu’elle va continuer à progresser. Surtout avec son port, là où arrivent les grands bateaux de croisière. Pourquoi les Portois ne seraient-ils pas capables de bien les accueillir ? Pour cela, il faut que nos jeunes apprennent à parler plusieurs langues, l’anglais, le portugais, le malgache, les langues africaines, pour pouvoir occuper nous-mêmes ces emplois dans le tourisme (guides, restauration, hôtellerie...). Je veux que la ville se développe, mais il faut aussi que les générations à venir se développent en même temps que la ville, il faut qu’elles fréquentent l’école - mais une école renouvelée, au service de leur développement - qu’elles avancent... Notre village de La Rivière des Galets lui aussi, doit “monter dans le train”. Ni doi débrouiy anou... et tout faire pour nous retrouver dans les premiers wagons. Pour cela, il faudra répondre à un grand défi : comment restaurer la solidarité entre nous ? Et comment renforcer notre confiance en nous-mêmes ? Gramoun la di : "Pa kapab lé mor san éséyé".

Ninine


o Listoir nout vilaj ...

Ni doi pa oubli a li

Nout vié matante la rakont anou, la di lontan sa lété pa konm koméla. De so tan la, pou rejoind Saint-Denis èk Saint-Paul, té i passe par Piton Défaud, la lavé inn ti pon, sharèt bèf kariol bourik té i passe dési, domoune osi. Té i apèl ali Somin Sin-Deni. Lavé inn ti kantine, té i di pa “boutik” dan so tan la, sa lété nout bann zansèt té i ténir sa, tout domoune té i arèt la pou boir, pou ropozé.
Lo moun ke la rakont a moin sa, la di la kantine la lété an plin dann milié la rivièr. Byin sir, lo trok té i fé la èk domoun Mafate, té i amèn lo grin, zanimo, épi té i sa vand La Possession. In jour in gro siklone la pasé, la rivièr té pa kontan ditou, la désann an kolèr, la charoye in ta gro galé, do boi, tout kalité zafèr, té i shavir sannsidsou, la shass azot...
Nout bann famiy lavé zist lo tan sov zot kor, di kou zot la santi lo danjé, zot la di dernié foi la rivièr i pran zot kaz, donc zot la kit lo milié la rivièr é zot lé vni instal azot loin de la rivièr. Zot la atéri koté la méri anèx (sotan la, lavé poin la méri, sé in repèr ke mi donn a zot), zot la rofé zot kaz kom i pé.
(...) Zordi nana in ta dmoun Mafate i abite dan le vilaj de La Rivière des Galets, dizon la plipar, alor nout vilaj la agrandi kom sa, é pui nana dot, sak la sort in pé partou, dizon tout domoun dé zot vil lé vni abite la. Zordi ni voi dot péi in pé pli loin, dan nout zargon ou la suiv la mar kann”, ou byin “ou la suiv la mer”, ou ankor “ou la suiv paille en queue”... - byin mi di a tout domoun ki ariv é ke la fini arivé : "Byinvenu dan nout villaj de La Rivière des Galets".
Mais il y a quelque chose qu’on ne doit pas oublier, c’est l’histoire de notre village. Alors je dis aux habitants, comme aux travailleurs sociaux : "Prenez en compte, comprenez notre histoire". Pour mieux avancer il faut positiver, car nos ancêtres ont été toujours positifs et constructifs dans la vie de tous les jours.

Une enfant, une petite fille, une adolescente, une femme, une mère de famille, qui a grandi avec son village.

o Mémoire

Anon koz si galé

Kosa té i fé èk galé ? Èk galé ou té pé fé un ta zafèr...
Té i soizi ali pou lo mir an galé, lavé son tèknik pou fé sa, aprè té i mèt ti galé pou kalé ; dan nout ti kartié tout domoune té i fé son klotir èk sa, sa lété osi in fason protèz la kaz kan do fé té i pran dan la pay dan la komine.
Nana té i fé osi la kuizine èk lotour an mir galé, lo dési fèy soka, la paye kann, fatak, zèrb rouz ou latanyé ; lo foyé pou fékui manzé lété touzour an galé apré té i mèt dé bar dfèr desi.
Té i aranz osi kabiné èk galé.
Nana té i fé osi péron èk galé, aprè té i mèt la tèr dési.
Nou té rode in gro galé byin plate pou fé rosh a lavé.
Kan nou té i rouv linz dann fon la rivière, nou té i trap dé troi galé pou pèz linz la.
Nout maï té i moud èk in moulin an galé
Nou té i pran troi galé pou fé in touk, sa té i fé kui manzé dési é lété interdi asiz si un touk sinon tansion pangar.
Nou té i fé partèr pou plante flèr ek galé in pé moyin.
Kan in moun té i gingne sézisman, nou té i prann 7 ti galé, té i mèt dans in marmit, té i griy ali èk in branche romarin, té i sézi avec do lo, té i kouv, té i boir tièd èk in pé dsèl.
Kan nout pié lété sal, lavé un galé exsopré lété dan la kour - in galé piké - pou frote nout talon pété.
Galé lété pou nou in moyin d’défans. Kan in shyin té i kour si nou, nou té i trap in galé. Lé pa ryink lo shyin !...
Nou té poursi poul, koshon, bèf èk galé.
Nou té i pran galé in pé gro pou zoué ti kaz, sa lété nout sèz salon.
Nou té i zoué ladrès : té i mèt in mok ou in boutèy si in gro galé, apré nou té y viz la mok poufé d’sann ali.
Nou té i fé konkour ki sa té i lans pli loin lo galé, té i zoué sa dan le fon la komine, pi té i zoué kadok tout marmay i koné.

Ninine


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