Le Chaudron

Un quartier que j’aime

Le Chaudron Saint-Denis est une cité sans cible.

12 mars 2009, par Jean Fabrice Nativel

Hier en début d’après-midi, je suis allé prendre la température au Chaudron, même si je ne travaille pas à la météo. Le quartier était calme. Ici et là, des traces d’incendies ! On pouvait circuler en toute quiétude. On discutait aux arrêts de bus. Du marché forain on allait et venait. C’était un mercredi comme un autre.

Les personnes mécontentes ont été rencontrées

J’ai surtout rencontré des amis. Un est récemment sans emploi. Deux autres m’ont invité dans leur bureau climatisé. Aussitôt nous échangeons. Mardi après-midi, avec ses collègues, l’un d’entre eux est allé à la rencontre de personnes mécontentes. Contre quoi et contre qui, ne me le demandez pas, je ne sais pas. En tout cas, je ne me permettrai pas de répondre à leur place, de supposer ou de me lancer dans de grandes théories. Après discussion, il n’a pu les calmer. La suite, vous la connaissez.

Des projectiles ont été lancés de part et d’autre. Des personnes ont été interpellées, blessées. D’autres, dans les immeubles ou les cases à terre, n’ont pu dormir. Les évènements de cette nuit agitée au Chaudron ont été commentés en long et en large et même de travers. On suppose que…, le Chaudron est…, sa population est…

Une vie dynamique

C’est petit et tellement facile de donner des leçons et une mauvaise image à cette cité où des efforts ont été toujours faits. Le cadre de vie s’améliore. Des logements ont été refaits, des magasins s’installent, la vie associative est dynamique, les jeunes sont talentueux et s’illustrent dans le domaine intellectuel, artistique, sportif et économique.

Cette nuit agitée a permis la vente de “canards”. Des jeunes du Chaudron qui cassent. Vous avez vu ça ! Ce n’est pas possible ! Je vous l’avais bien dit ! Certains l’avaient annoncé — la petite voyance en direct ! Et caetera et caetera. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu… des donneurs de leçons ? Et qu’est-ce qu’on ne continuera pas d’entendre ? Des jeunes qui cassent, ça dynamise les ventes de journaux. À quand la prochaine fois ?

C’est loin d’être facile !

Beaucoup reste à faire au Chaudron. Et heureusement, des personnes sont tous les jours au contact de ses habitants. Elles rencontrent des difficultés. Tout est mis en œuvre pour les surmonter. Croyez-moi, c’est loin d’être facile. Mais d’un côté comme de l’autre, on ne baisse pas les bras.

Pour moi, le Chaudron est et restera une belle cité. J’ai vécu à sa périphérie. Je me suis impliqué comme d’autres dans la vie associative. J’ai été trésorier au Case du Chaudron — ce n’est pas un scoop. Avec son Conseil d’administration et son président, qui se reconnaîtront, nous avons relevé des challenges et réalisé des projets intéressants. Quand bien même c’était compliqué, nous sommes parvenus à les concrétiser.

Des enfants aux adultes

Nous nous occupions de la petite enfance. Bien avant mon arrivée, ce Case s’occupait des marmailles. Je n’ai fait que prendre le train en marche. J’ai vu comment ses directeurs et ses animateurs — de la petite enfance — accueillaient, dorlotaient les marmailles. Ils veillaient aux règles d’hygiène et de sécurité car, à tout moment, on pouvait avoir un contrôle surprise.

Nous nous occupions des adolescents. Nous montions dans l’urgence et parfois même à la dernière minute des projets vacances. Nous ne comptions pas nos heures. Nous ne demandions même pas des défraiements. Nous le faisions avec cœur car nous étions et sommes encore des passionnés. Nous étions contents de voir ces adolescents s’épanouir.

S’impliquer et se connaître

Nous nous occupions des adultes. Un d’entre eux a habillé l’une des façades de l’un des immeubles de la cité Cow boys. Rassurez-vous, on n’en trouve pas. L’activité Danse leur était proposée et bien d’autres choses dont je n’ai plus le souvenir.

Nous participions aux tournois. Je me rappelle de celui de Léo Lagrange où nous avions composé une équipe de football. J’ai rencontré Bruno, Jimmy, René, les jumeaux… Nous sommes devenus et restés des amis. Quand nous nous rencontrons, nous causons du passé, du présent et de l’avenir. Je ne peux rien vous dire de nos conversations. C’est un secret. Certains ont aujourd’hui un emploi, d’autres non. C’est regrettable.

L’accompagnement scolaire

Je voudrais aussi en quelques lignes relater une expérience enrichissante. J’ai conçu et coordonné un projet d’accompagnement scolaire avec une association. Son Conseil d’administration et son président se reconnaîtront. Des liens se sont créés avec des collégiens, écoliers et les responsables d’établissements scolaires ainsi que les parents. Les marmailles progressaient à l’école, nous étions satisfaits. Ils s’amélioraient dans leur comportement.

Ce que je peux vous dire c’est que le Chaudron est un quartier que j’aime. Je m’y sens chez moi comme partout ailleurs à La Réunion et dans le monde.

Jean-Fabrice Nativel


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Messages

  • Personne n’a souhaité dénigré le Chaudron qui m’a vue grandir, pour ma part. Ce qui s’y ’est passé aurait pu se passer, partout ailleurs... Cela ne remet pas en cause le potentiel des gens mais souligne bien que le Chaudron est à lui tt seul,un condensé de ttes les contradictions de la société réunionnaise, de sfrustrations, des peurs, etc. Question : à quand une vraie politique qui prend en compte les besoins de tous ? Le fond du problème est là. Arrétez de ns passer la pommade avec vos projets associatifs ou de proxilité qui n’endorment plus personne mais attisent la colère... 2min, nout zanfan va lance enkor inn dé galé... sans sa, ici ou ayèr...


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