Patrimoine de La Réunion

Un site réunionnais lauréat de la Mission Patrimoine 2022

1er septembre 2022

La Mission Patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril, portée par Stéphane Bern, a annoncé le 29 août la liste des 100 lauréats de 2022. Cette Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et FDJ, contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité.

Lancée en septembre 2017 pour identifier, avec l’appui des services du ministère de la culture et de la Fondation du patrimoine, les biens patrimoniaux en péril et à proposer des sources de financement innovantes afin de les sauvegarder, s’inscrit pleinement dans le cadre de cette stratégie.
Cette Mission Patrimoine, plus connue sous le nom de Mission Bern, vient de révéler les 100 projets départementaux sélectionnés en 2022 pour les départements de métropole et d’outre-mer.

Depuis la première édition en 2018, la Mission Patrimoine a aidé 745 sites pour leurs travaux de restauration, dont 655 sites départementaux et 90 projets régionaux. Aujourd’hui, plus de la moitié (420) sont d’ores et déjà sauvés ou sur le point de l’être : 192 sont terminés et 228 chantiers sont en cours.

Les lauréats ultramarins sont :

  • la chapelle Saint-Thomas des Indiens (Saint-Denis, La Réunion).
  • la Maison Boc à Grand-Bourg (Marie-Galante, Guadeloupe).
  • l’ancien presbytère de Saint-Laurent (Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane).
  • la villa Saint-Cyr (Fort-de-France, Martinique).

Le montant des financements pour chaque site sera annoncé en fin d’année.

La chapelle Saint-Thomas des Indiens

Inscrite aux monuments historiques, la chapelle Saint-Thomas des Indiens est un ancien édifice religieux catholique, située à Saint-Denis, face au collège Saint-Michel dans la rue Monseigneur de Beaumont. Cette chapelle relève de la paroisse de Saint-Jacques, dont l’église principale se trouve au bout de cette voie.

La chapelle Saint-Thomas a été construite entre 1860 et 1865 par les Jésuites pour l’évangélisation et les services pastoraux des travailleurs indiens. Un prêtre jésuite qui connaissait la langue tamoule y officiait et dispensait le catéchisme.

Egalement conçue pour accueillir les chrétiens venus d’Inde, la mission catholique des "Engagés" est rapidement devenue "le refuge des plus pauvres de la ville, sans distinction d’origine, souvent d’anciens esclaves, retrace la Mission Patrimoine. La tradition rapporte que la cloche qui a été fondue avait été faite avec les anciens fers d’esclaves".

Le lieu est devenu un pensionnat sous la direction des Religieuses Réparatrices qui occupèrent les lieux jusque dans les années 1970. A cette époque, le couvent des religieuses accueillait des jeunes filles en grande difficulté pendant la seconde moitié du XXe siècle.

Depuis la chapelle n’est plus un lieu de culte, mais un site culturel et touristique. Elle est inscrite en totalité à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 22 octobre 1998 avec le sol du jardin, le mur de clôture et le portail d’accès principal.

En 2005, le toit de la chapelle est retiré afin d’éviter qu’il ne soit trop abîmé, ni détruit par les risques cycloniques. Dès lors, chaque année, "l’association Radio Arc en Ciel (RéAuvi) propose une exposition avec intervention d’artistes, dans sa vocation d’échange originelle, pour les Journées européennes du patrimoine et pour garder vivante la mémoire du lieu", a précisé la Mission Berne.

L’objectif à présent est que la chapelle retrouve sa "vocation d’espace culturel et interculturel interreligieuse". Pour ce faire, il faut bien évidemment réparer et remettre le toit et les plafonds peints, mais aussi reprendre les fondations. Car si les murs porteurs ont été protégés, "les façades pourraient s’effondrer en cas de saisons cycloniques intenses dans les années qui viennent", a averti la Mission Patrimoine.

Les travaux sont censés démarrer à l’automne 2022, pour la mise en sécurité, et devraient durer jusqu’au printemps 2024. Le besoin de financement s’élève à 500.000 €, soit la moitié du coût total à savoir 1 million €, selon le site de la Mission.

Les trois autres sites retenus

La Maison Boc, située dans le centre-ville de Grand-Bourg à proximité de l’église, est "une belle bâtisse d’époque d’un grand intérêt sur le plan patrimonial et historique", a indiqué la Mission Patrimoine dans son dossier de présentation, car elle est restée dans son état initial.

"Elle fut occupée à partir de 1912 par le célèbre Dr Eugène Clede, brillant chercheur, l’une des plus grandes figures de la médecine aux Antilles", selon le communiqué de presse. "Sa conservation en l’état en fait un site incontournable" qui est "quasiment le dernier témoignage de cette époque".

Avec le temps et les aléas du climat, la bâtisse finit par représenter un danger pour la population. Raison pour laquelle, des travaux sont nécessaires, selon la Mission Berne. En plus des mesures de sécurisation, une restauration du bâtiment est donc prévue pour la transformer en un lieu d’hébergement et d’accueil d’événements. Ces travaux ont bien évidemment un coût. Sur un total de 599.000 €, le besoin de financement s’élève à 200.000€.

L’ancien presbytère de l’église Saint-Laurent est inscrit aux monuments historiques. Cet ancien presbytère de l’église Saint-Laurent, à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane, est construit entre 1905 et 1913.
Désigné comme une "case de fonctionnaire", le presbytère est bâti sur le même modèle que tous les logements officiels. Il y a quatre caves voûtées semi-enterrées, et deux logements distribués de façon symétrique entre le rez-de-chaussée surélevé et le 1er étage.

L’objectif de la Misson sera "de redonner au presbytère son aspect et son usage historique, religieux", cela comprend les logements pour le curé et/ou les prêtres. Les travaux ne sont pas urgents, mais la couverture du bâtiment principal et la galerie qui le relie aux annexes sont à remplacer en totalité, en plus de plusieurs remises en état. La commune propriétaire du site a indiqué un besoin de financement de 480.000 € sur des travaux estimés à 1,2 million €.

La maison Saint-Cyr a été bâtie en 1901 et implantée en centre-ville de Fort-de-France. Elle est inscrite aux monuments historiques et aux sites patrimoniaux remarquables, car elle représente un "archétype des maisons bourgeoises" de l’époque, indique la Mission Patrimoine. "Considérée comme un fleuron du patrimoine de l’île, la Ville a acquis le site pour en préserver la maison, ses dépendances, son jardon et son mur de clôture."

Il s’agira de sauver le bâtiment, car "le bien est en péril et exige une intervention rapide et délicate", a noté la Mission Patrimoine. Des mesures conservatoires ont déjà été engagées en 2016-2017 par la ville, pour la consolidation et l’étaiement de la façade principale. Mais il reste la restauration globale de la couverture, de la charpente, des menuiseries, etc.

L’objectif à terme est de rendre accessible la maison Saint-Cyr au public. Le projet de valorisation consiste en effet à "créer un espace convivial de rencontre et d’échanges entre habitants et visiteurs occasionnels", avec un café-restauration et un bar-lounge d’une part, et d’autre part l’organisation de concerts, expositions, débats...

Les travaux, prévus entre le second semestre 2022 et la fin 2023, sont estimés à 2,4 millions €. Le besoin de financement, lui, s’élève à 287.000 €.


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