Emmanuel Lemagnen livre ses impressions sur les actions associatives

« Une force d’équilibre »

13 mai 2004

Qu’il s’agisse de la promotion du commerce équitable, de l’éveil à l’éco-citoyenneté et au développement durable avec les “Fonnkèr Bitasyon” des associations de quartiers des Hauts de l’île, soutenues par Danyèl Waro, le monde associatif est de toutes les initiatives.

"Les associations sont les premières à s’investir, à occuper les espaces inoccupés, à faire de la proximité", nous confie Emmanuel Lemagnen, conseiller régional, "c’est du vrai lien, de la vraie citoyenneté, de la vraie disponibilité et tant que ce genre de comportements perdurera, on pourra être rassuré sur l’avenir."

Pour la valorisation du travail bénévole

Cependant, même si le monde associatif fédère, propose des services d’utilité publique, mène de réelles actions en faveur de la cité et des citoyens, crée des emplois..., il n’est pas là pour suppléer aux carences de l’État. Le conseiller régional, fervent défenseur de la vie associative, est contre la banalisation du travail volontaire et bénévole des militants associatifs.
C’est une démarche insidieuse qui vise à "apitoyer les gens pour qu’ils prennent la place de l’État". À chacun donc ses responsabilités et les associations dégagées de toute main mise, animées par la liberté de rassemblement exprimée par la loi de 1901, ne sont en rien les exécutifs de l’État.
S’agissant du commerce équitable, Emmanuel Lemagnen estime que La Réunion, de part sa situation géographique, est concernée en premier lieu par ce concept favorable à une véritable coopération des pays de la zone. "Il faut clairement dissocier le caritatif de l’économique et que ce concept soit sur une base mutuellement avantageuse".

Commerce équitable façon rénioné

Prenant pour exemple l’artisanat, qu’il connaît parfaitement pour être président de l’association Art et Tradition et responsable du salon Fait-Main, Emmanuel Lemagnen estime que faire des produits artisanaux malgaches équitables représente une contribution réelle pour les artisans. En supprimant les intermédiaires qui favorisent le gonflement des prix, en estampillant clairement les produits, en créant des points de ventes, c’est une dynamique solidaire en faveur des artisans qui est proposée. Reste au Commerce Équitable à créer un "environnement réunionnisé". L’artisanat réunionnais se situe dans une configuration précise qui rend la vente très difficile, avec des majorations de 30% sur les produits contre 1 à 2% pour la France. Pour commercialiser et supporter l’artisanat réunionnais, il faut des produits “vache à lait”, c’est-à-dire des produits d’appel vendeurs. C’est alors qu’intervient le jeu des entreprises auquel les associations ne sont pas préparées. Elles n’ont ni les moyens ni la formation adéquats pour entrer dans la mise. Elles mènent un travail majeur de "défrichage", informant, fédérant autour du concept, mais "ne récupèrent pas le fruit de leurs plantations".

Relais des compétences

La grande distribution est elle capable d’assumer un tel investissement ? Après les associations, "les grandes surfaces vont s’accaparer le bébé". Et c’est déjà le cas pour le café équitable qui rencontre un vif succès auprès du public conscient de faire un achat équitable. Les grandes surfaces en proposant des produits équitables, en réservant un rayon à cet effet, au même titre que les produits bio, endosseront l’ "image d’entreprise généreuse", se feront leur "virginité morale".
Contrairement au débat virulent qui oppose certains militants du commerce équitable -entre ceux qui sont en faveur d’une commercialisation dans les grandes surfaces et ceux qui s’y opposent, considérant que les démarches et objectifs sont opposés-, Emmanuel Lemagnen ne voit quant à lui aucun dysfonctionnement moral. "Puisqu’il faut plus de gens, de meilleures conditions pour faire aboutir et s’épanouir ce concept, il n’est pas forcé que le commerce équitable ne repose que sur les associations." Il concerne donc tous les acteurs désireux de s’impliquer et de faire progresser le commerce en faveur des producteurs les plus nécessiteux.
En conclusion, Emmanuel Lemagnen voit le milieu associatif, quelle que soit la couleur de son action, comme "une force d’équilibre" de notre société actuelle, une niche d’idées et d’initiatives rassurantes, "une magnifique générosité et simplicité" qui mérite d’être connu et reconnu. C’est en ce sens que le conseiller régional de la société civile nouvellement élu œuvre et mène croisade depuis plusieurs années.

Estéfany


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