
Hommage à la femme de Bruny PAYET
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5 janvier 2009
Alice est née à Saint-Benoît en 1952. Elle a connu une vie turbulente, entachée de misères. Le matin, elle était à l’école, et l’après-midi, aux champs (bitations). De ce fait, elle sait à peine lire et écrire. Elle n’a obtenu aucun diplôme. Il fallait aider sa mère pour joindre les deux bouts, à chaque fin de mois. Les années passent et la situation ne s’améliore pas. Ainsi, dès sa majorité, elle quitte le milieu familial pour faire une formation et c’est là qu’elle apprend qu’il y a un organisme d’Etat appelé “Bumidom”, qui organise des départs pour faire des stages en France. Evidemment, le programme est alléchant : on lui trouvera du travail, elle aura un salaire fixe et une vie heureuse. Elle se sent emportée par cette proposition. Elle se fait vite inscrire. Elle est quelque peu désorientée lorsqu’elle voit la fiche technique car c’est un billet simple... sans retour... juste un aller, et elle sera logée que pendant trois semaines. Qu’importe, sa détermination est faite... elle quitte l’île.
Arrivées en France métropolitaine (elles seront plusieurs à faire partie du programme), elles seront accueillies par les agents du “Bumidom” qui les parqueront dans des chambres-dortoirs étroites comme les Antillaises. Elles ont compris que ce départ de leur propre pays - Antilles et La Réunion - n’est qu’un cadeau empoisonné. Elles organisent à fur et à mesure leur départ de leur chambre si gracieusement offerte. La plupart d’entre-elles, n’ayant pas beaucoup d’instruction, sont obligées de travailler comme femmes de ménage chez des particuliers. Alice a été embauchée par un entrepreneur de construction de fauteuils d’avions. Elle servait aussi bien le fils, qui habitait à l’étage et fabriquait les cousins d’avions, que les parents, qui logeaient au rez-de-chaussée. Ce qui a beaucoup marqué et gêné Alice dans ce travail, c’est le fait que personne ne l’appelait par son prénom... mais qu’à chaque fois qu’on avait besoin d’elle, on faisait tinter une petite cloche... comme au temps de l’esclavage. Et quelquefois, les deux cloches sonnaient en même temps, elle ne savait plus ce qui fallait faire. Ce travail qui la rendait malade, elle a fini par le quitter. Elle chercha par tous les moyens de s’en sortir.
Rencontre avec une copine qui lui proposa un poste comme agent hospitalier. Ce travail lui plaisait et elle y resta de nombreuses années.
Puis, elle pensa qu’il était peut-être temps de fonder une famille, de créer son foyer. Elle rencontre un homme qui avait beaucoup voyagé et côtoyé différents peuples. Et le déclic se produit. Ils se sont mis ensemble. Jean-Jacques, né en 1950 à Auch dans le Gers. Il travail à l’usine de Suzuki. Il est magasinier depuis plus de 30 ans.
Arrive la phase la plus difficile : la rencontre d’Alice et la famille de Jean-Jacques. Alice est très anxieuse. Jean-Jacques la rassure. Il en a déjà parlé à sa sœur. Tout ira bien. La rencontre aura lieu chez les parents dans le Gers. Dès les premiers contacts, la mère de Jean-Jacques est enthousiasmée et sa première question est : « Avez-vous fixé la date de votre mariage ? ». Surprise ! Le couple n’y avait pas pensé. Et Jean-Jacques répond : « Nous y réfléchissons ! ». Finalement, le mariage se fera le 26 juillet 1980, la cérémonie civile le matin et la cérémonie religieuse l’après-midi.
Comme beaucoup de couples de France métropolitaine, leurs heures de travail ne sont pas compatibles. Alice cherche un nouveau travail et depuis 1981, elle est employée à la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education Nationale).
Les enfants arrivent vite. 1982, Sandrine, et 1988, Guillaume. Voici la vie d’un couple peu ordinaire. D’un combat perpétuel, en particulier pour Alice. Elle n’hésite pas à me dire qu’elle a failli, à un certain moment de sa vie, tout quitter et retourner dans son pays... car beaucoup de ses camarades de promotion étaient tombées dans la prostitution, d’autres dans un long chômage et obligées de rentrer dans leur pays d’origine. Elle me confie que dès son arrivée en France métropolitaine, elle n’a jamais été considérée comme une Française, mais plutôt comme une étrangère. Le racisme était permanent partout où elle est passée. Il y a encore un regard interrogatif lorsque les gens la voient. Avec le temps, elle a fini par ne plus en prendre ombrage... mais à aucun moment, compte tenu de la force de son caractère, elle ne s’est laissée dépasser par le racisme.
Jean-Jacques est différent. Il s’est marié avec Alice. Il l’aime. Il a deux enfants qu’il adore. Si quelquefois, dans son travail, un mot dépasse l’autre, vite fait, il remet la personne à sa juste place.
Alice et Jean-Jacques sont en vacances dans notre île. Alice a tourné la page de son histoire. Elle aime son mari, deux enfants qui ont réussi dans leur vie professionnelle... et « c’est la meilleure réplique, me dit-elle, contre toute forme de racisme ».
Marc Kichenapanaïdou
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