5ème rencontres de la démocratie locale

Vive la démocratie locale

29 mai 2006

Samedi, l’association Femmes Solid’Air accueillait les 5ème rencontres de la démocratie locale au Parc du Colosse, afin de réfléchir au thème “Pour une sortie du fénoir et une intègr’action des dynamiques communautaires et culturelles ?”. Comment faire valoir les initiatives citoyennes et associatives ?

Une vingtaine de représentants d’associations participaient à cette réflexion. Marc Vandewynckele de l’Association pour la démocratie locale à La Réunion et dans l’Océan Indien (ADELROI) précise que "Quatre samedis de suite, aux quatre coins de l’île, nous nous sommes réunis pour débattre autour d’une même question : que voulons-nous être demain ? Sur quatre fronts : une autre production et une autre consommation sont-elle possibles ? Une autre école et une autre formation sont-elles possibles ? Une autre économie conviviale et solidaire est-elle possible ? Une autre intègr’action pour sortir du fénoir est-elle possible ?".
C’est au cours de ce dernier débat public que cette dernière question fut abordée. Près de 40 propositions ont été enregistrées par l’ADELROI (voir encadré), et seront diffusées auprès des instances politiques et économiques, et de la société civile. Ce regroupement d’associations se défend de contraindre l’expression de la liberté de chacune d’entre elles. "Les associations ont un souffle qui dispose de beaucoup de liberté" lançait à juste proportion une participante du débat. Encore faut-il que les associations soient entendues, et que leurs propositions trouvent écho dans toutes les instances ! Parce qu’avant tout, comment définir la démocratie participative, sans prendre en compte les contributions individuelles ?

Les associations, levier de la démocratie

Fédérer les actions associatives, et créer une force citoyenne, demeure une problématique, que souhaite relever les membres de l’ADELROI. "Il faut avoir plus de liens entre les associations, ici à La Réunion" note une responsable d’association, qui appelle à s’ouvrir aux autres cultures. La langue serait un lien de la dynamique associative. Apprendre le créole, le comorien, permettrait de donner plus de place sur notre terre d’asile. Outre cela, ADELROI entend promouvoir les initiatives associatives. "Ceux qui ont beaucoup plus d’expériences, c’est l’occasion d’aider et appuyer les jeunes initiatives", propose un autre. Les associations devraient surtout monter au créneau pour que toutes instances, politique et administrative, les appuient dans leur démarche citoyenne, et nécessaire pour le bien être de la société réunionnaise. Le tissu associatif, quoique profitant des bienfaits de la départementalisation, et prévu d’un statut à part entière via la loi 1901. Mais, quand seront vraiment libérées les associations ? Certaines sont brimées par un totalitarisme municipal exacerbé. D’autres sont privées de local décent. Et encore faut-il compter les associations employeuses qui voient leurs employés partir faute d’être rémunérés. D’ailleurs, l’association Femmes Solid’Air reste dépourvue de local pour leurs diverses actions. La mairie de Saint-André a crû bon donner un terrain à l’association. Mais comment bâtir, ou du moins avec quel moyen, quel argent ? "C’est une façon de nuire", déplore un responsable associatif, qui explique l’importance de la solidarité entre associations. Les participants de ce débat public ont chacun apporté une brique, une pierre, un galet pour manifester leurs solidarité "constructive". Peut-être que ce geste symbolique appellera une réaction chez les autorités compétentes.

Babou B’Jalah


Les propositions les plus significatives

- Constituer dans chaque commune un espace de liberté et de vigilance où toutes idées porteuses d’innovation citoyenne seront détectées et capitalisées, afin de constituer une "route de l’autrement" "une route de l’autre choix"
- Renverser l’état d’esprit “assistance-consommation” par des réunions de “quartiers de vie” où les Réunionnais pourraient voir que "ce qu’ils pensent tout seul n’est pas si bête"
- Créer un outil comptable pour valoriser le non monétaire et appliquer les nouveaux indicateurs de richesse et d’utilité sociale

- Développer le micro-crédit pour encourager les initiatives des plus démunis, promouvoir des monnaies de proximité, et multiplier les “clubs d’investisseurs” (gestion alternative et locale de l’épargne solidaire) en mobilisant un petit pourcentage de l’épargne réunionnaise (de l’ordre de 15 milliards d’euros)

- Expérimenter sur un micro territoire un pôle de pleine activité (et non de plein emploi) conjuguant toutes les formes de création de richesse (économie familiale - de don - solidaire - de marché) en récusant le terme d’inactifs pour ceux qui n’ont pas d’emploi salarié

- Mobiliser l’université en appui à l’expertise d’usage et aux initiatives alternatives

- Réinventer les regroupements paysans : produire sainement pour une communauté d’hommes et non pour le marché, et créer une Coopérative de consommateurs

- Reconstruire la liberté pédagogique en expérimentant dans une commune volontaire, en accord avec l’Éducation nationale, une école nouvelle, de statut public, remettant en cause le modèle dominant de la réussite, du chacun pour soi et du programme, au détriment du projet de vie individuelle et collective

- Convaincre les politiques de la nécessité de construire un autre système de rémunération, aujourd’hui indécent, face à la pauvreté


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