Pour vivre

Voilà où l’on en arrive !

27 mars 2012

C’est une situation délicate que l’on va aborder aujourd’hui. Et selon cette personne, elle n’est pas la seule.

Vous avez décidé de vous confier sur votre “situation”. Quelle est-elle ?
— (Silence) Depuis plus de 3 mois, je me retrouve sans ressource après une période de travail et d’ASSEDIC. Mes démarches pour des entretiens d’embauches et même des formations sont toutes vaines. J’ai même proposé mes services de femme de ménage — sans être déclarée. Tout se déroule bien pendant un mois. On apprécie mon travail. Au bout d’un temps, les instants de paiement deviennent ceux de disputes. On me reproche ceci, cela. Me rendant chez cette famille, je décide de ne plus y mettre les pieds. Sur le chemin de mon deux pièces, je me dis : « si je souhaite gagner de l’argent pour vivre, je ne vois qu’une solution, vendre mon corps ».

« Je suis révoltée »

Que dire de plus ?
— Voilà où j’en suis arrivée ! Cela me déshonore. De retour à la maison, je m’enferme et pleure des heures durant. Je me dégoute, je n’ose plus me regarder dans le miroir. Je suis descendue bien bas. Je crains pour ma santé et ma vie. Ni ma famille, ni mes amis ne sont au courant de ma situation. Le fait de vous en parler me révolte.

Des envies de…

Je vous laisse parler, car de questions, je n’en ai plus, je suis indigné !
— Il m’arrive suivant mon humeur d’avoir des envies de suicide. Me retient ma petite fille que j’éduque seule. Son père nous a abandonnées et laissées sans ressource. J’angoisse, car, chaque jour, je me demande ce que l’on va manger. L’une des voisines m’invite le soir ou le midi. Pourtant, elle aussi rencontre de graves problèmes.

« Je ne baisse pas les bras »

Parlez-nous de votre enfant.
— Pour elle, je vis. Même si ma situation est préoccupante. Pour autant, je ne baisse pas les bras. Du mieux que je peux, je l’aide dans sa scolarité. Avec elle, j’apprécie ces moments où l’on se balade. Je me sens revivre. Là où j’angoisse, c’est quand je la laisse seule chez moi pour…

Malgré cette période morose, cette mère croit en un possible présent meilleur. Elle n’abandonne pas sa quête d’emploi. Toutes les semaines, elle a rendez-vous dans son agence. Régulièrement, elle propose son savoir de femme de ménage. Sauf qu’elle a une haute qualification dans l’accompagnement des personnes âgées !

JFN

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Messages

  • Bravo JFN, relate nous toutes ces souffrances que l’on ne saurait croire mais qui existent bien dans notre société réunionnaise.
    Merci de l’avoir écouter, le fait qu’elle a pu en parler c’est le début de sa propre thérapie.
    Continu JFN, à nous montrer justement ces horreurs que subissent nos réunionnaises et nos réunionnais par toute sorte de crises.
    Continu JFN, car ton cri à force de dire "Voilà où l’on en arrive !" finira par se transformer en "Voilà comment on peut s’en sortir".
    Continu JFN, car bien des pauvres ne savent pas ce que c’est que la misère dans laquelle je n’invite personne à y tomber, à y sombrer.
    Continu JFN, ta vision saura redonner l’étincelle à cette flamme qu’est la VIE.


Témoignages - 80e année


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