« Tant que nous continuerons à nous dénigrer et à faire le jeu de ceux qui contrôlent le discours sur l’Afrique, nous resterons prisonniers d’une étiquette qui n’est pas la nôtre »
La Banque africaine de développement appelle à la transformation des médias pour améliorer le discours mondial sur l’Afrique
14 mai
Le président du Groupe de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina, a livré un vibrant plaidoyer en faveur d’une couverture médiatique plus équilibrée de l’Afrique et de son développement, notant qu’elle était essentielle pour changer les récits erronés. Akinwumi Adesina a tenu ces propos jeudi dans un discours liminaire prononcé lors du Sommet AllAfrica Media leaders à Nairobi, auquel ont pris part près de 300 participants venus de tout le continent.
Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement est intervenu lors du Sommet AllAfrica Media leaders à Nairobi, auquel ont pris part près de 300 participants venus de tout le continent. Il a salué le rôle crucial que jouent les médias dans le renforcement de la démocratie et la promotion de l’inclusivité.
Le président du Groupe de la Banque a déclaré que l’Afrique connaissait de nombreuses évolutions positives, mais que le continent continuait de souffrir de représentations erronées qui sapent son progrès économique et son potentiel d’investissement.
« Refaçonner le récit sur l’Afrique »
« Malgré les progrès significatifs réalisés sur notre continent, le récit médiatique dominant se concentre souvent sur des stéréotypes négatifs, occultant les progrès substantiels et la résilience dont l’Afrique fait preuve », a-t-il ajouté.
Akinwumi Adesina a déclaré qu’il y avait beaucoup de nouvelles positives à rapporter et a souligné la résilience économique du continent au niveau régional et dans un contexte de défis mondiaux. Il a déclaré qu’en 2023, le taux de croissance de l’Afrique a dépassé la moyenne mondiale, avec onze pays africains classés parmi les économies à la croissance la plus rapide au monde.
Akinwumi Adesina a fait référence au Rapport Africa No Filter 2021, qui a révélé une forte adhésion à des clichés négatifs et dépassés dans les reportages des médias sur l’Afrique. « Il est temps de changer les choses », a-t-il déclaré. « Nous devons refaçonner le récit sur l’Afrique pour qu’il reflète son véritable esprit et son potentiel ».
Impact du numérique
Il a souligné la nature critique de l’information et sa capacité à avoir un impact négatif profond sur le développement ainsi que sur les perceptions des investisseurs, même si une enquête en profondeur menée par Moody’s Analytics a montré que le continent présentait beaucoup moins de risques que plusieurs autres continents.
« Nous devons promouvoir une vision équilibrée qui mette en lumière à la fois les défis et les nombreuses réussites de l’Afrique. Il faut changer les perceptions et présenter l’Afrique comme un continent riche en opportunités et en innovations. »
Akinwumi Adesina a également évoqué les défis et les transformations dans le secteur des médias, soulignant l’impact de la technologie numérique.
« Le paysage médiatique a radicalement changé avec l’essor de l’Internet et de la technologie mobile, entraînant une prolifération des plateformes numériques », a déclaré Akinwumi Adesina.
« Cette évolution a certes démocratisé l’information, mais elle a aussi compliqué les choses, la distinction entre la réalité et la fiction pouvant devenir floue. »
Pour la création d’un média africain puissant
Pour contrer les récits injustes et déséquilibrés, Akinwumi Adesina a exhorté à la création d’un média africain puissant et mondialement reconnu et a proposé des collaborations stratégiques entre les institutions financières régionales pour soutenir cette cause, soulignant la nécessité pour les médias d’agir comme un catalyseur du développement.
« Nous devons célébrer et promouvoir les réussites du continent, en inversant la tendance contre les stéréotypes de longue date qui ont obscurci la vision de l’Afrique à l’échelle mondiale… Le nom que vous vous donnez, c’est le nom dont les autres vous affubleront. »
« Tant que nous continuerons à nous dénigrer et à faire le jeu de ceux qui contrôlent le discours sur l’Afrique, nous resterons prisonniers d’une étiquette qui n’est pas la nôtre », a-t-il conclu.