
« In moune la tète dolé kabri »
17 mars, parMézami zot i koné dsi la tèr, dann ninporte ékèl péi, néna demoune lo karaktèr lé pa parèye : in pé lé rapide, d’ot lé dousman-dousman, in pé lé (…)
5 mai 1944 – 5 mai 2024
6 mai 2024
Le 5 mai 1944, Témoignages est né pour être un outil au service de l’évolution de La Réunion vers le rêve de la Sécurité sociale, de l’école pour tous et de la fin de la mortalité infantile. L’objectif était d’organiser la lutte du front anticolonial pour obtenir l’abolition du régime colonial. La loi du 19 mars 1946 ne marquait pas l’aboutissement mais le début de nouvelles batailles pour faire respecter le droit des Réunionnais d’être des égaux des citoyens de la République, pour faire reconnaître le peuple réunionnais et pour le respect du pluralisme d’expressions.
En 1944, La Réunion avait 250 000 habitants, elle en a près de 900 000 aujourd’hui.
« Témoignages » fait le lien entre cette Réunion d’hier qui explique celle d’aujourd’hui. C’est le résultat de générations de travailleurs qui ont publié « Témoignages » tous les jours, et de militants qui allaient vendre le journal à la criée, le livraient dans les boutiques ou aux abonnés. La solidarité explique en effet beaucoup la longévité de « Témoignages ». « Témoignages » continuera d’apporter une explication aux événements toujours plus rapides qui modèlent un monde plus complexe, et saluera les luttes menées par celles et ceux qui œuvrent pour construire une nouvelle civilisation, celle qui verra le centenaire de « Témoignages » en 2044.
Ce 5 mai, « Témoignages » célébrait le 80e anniversaire de sa fondation. Le premier numéro fut diffusé le 5 mai 1944. Le monde était encore en guerre. Les Soviétiques faisaient reculer l’armée allemande depuis la victoire de Stalingrad, les Alliés occupaient le Sud de l’Italie, le Japon gardait le contrôle de la Corée, d’une grande partie de la Chine et de nombreuses îles du Pacifique. Cela faisait 18 mois que La Réunion avait fait le choix de la France libre. Mais le blocus avait marqué durablement. C’était le temps des privations, de la malnutrition, du paludisme, du manque d’accès aux soins. Face à cette situation, un mot d’ordre avait émergé dans les années 1930 : La Réunion département français. A ce moment, la France connaissait le gouvernement de Front populaire porteur de grandes avancées sociales. Mais La Réunion était une colonie. Ces avancées n’étaient pas garanties. Avoir le statut de département devait lever les obstacles empêchant l’égalité en droit des Réunionnais avec les citoyens de la France. Ainsi, toutes les lois sociales seront automatiquement appliquées.
La guerre et les conséquences du blocus avaient aggravé la situation. La préoccupation de tous, c’était répondre à l’immédiat. Dans ce contexte, il existait des militants qui organisaient les travailleurs dans des syndicats. Le but était d’améliorer la situation. En 1944 à La Réunion l’après-guerre était imaginée. Pour les progressistes, elle devait s’écrire sous le signe d’une autre relation avec la France. Ne plus être considéré comme inférieur car habitant d’une colonie, mais comme l’égal de tout citoyen de France, c’était la reconnaissance de la pleine citoyenneté pour les Réunionnais. C’était l’espoir de la Sécurité sociale, de l’égalité des salaires, du droit à la retraite, de l’impôt sur le revenu que les riches allaient devoir payer…
L’abolition du statut colonial, c’était le rêve d’une autre société.
Dans une période où l’encre, le papier et les lecteurs étaient rares, des militants décidèrent de créer un journal pour mieux organiser la lutte pour l’abolition du statut colonial. Ils fondèrent « Témoignages » le 5 mai 1944. Son directeur fut le Dr. Raymond Vergès.
C’était tout d’abord un recto-verso hebdomadaire avec des rédacteurs comme Henri Lapierre notamment. Tout comme Raymond Vergès, Henri Lapierre était un haut fonctionnaire à l’époque à La Réunion. Tous deux choisirent de soutenir la cause de la classe des plus démunis. « Témoignages » était « La voix des sans voix ».
Après la création de « Témoignages », le front anticolonial regroupant syndicats et Ligue des droits de l’Homme créa son organisation politique : le Comité républicain d’action démocratique et sociale (CRADS). Lors des trois premiers scrutins organisés avec la participation des femmes, le CRADS remporta la majorité des mairies, puis le Conseil général et les deux sièges de députés de La Réunion.
La bataille fut gagnée : la loi du 19 mars 1946 reconnaît que La Réunion n’est plus une colonie.
Cette victoire allait marquer le début d’une nouvelle lutte : pour l’application totale de la loi du 19 mars 1946, et pour le respect du peuple réunionnais.
1947 vit la création de la Fédération communiste de La Réunion. Ce furent alors les communistes qui prirent depuis la responsabilité de la sortie quotidienne du journal « Témoignages ». Organe de la Fédération communiste, « Témoignages » devint quotidien du Parti communiste réunionnais à compter du 19 mai 1959, au lendemain de la transformation de la Fédération communiste en Parti communiste réunionnais.
Avec le PCR, « Témoignages » symbolisait l’opposition à un système dominant qui maintenait La Réunion dans la pauvreté. Au moment de la création du PCR, La Réunion faisait partie des pays où la ration alimentaire quotidienne était la plus faible. C’est dans « Témoignages » et nulle part ailleurs que pouvaient s’exprimer les voix des nombreuses victimes d’un système oppressif.
Dans les années 1960, le pouvoir choisit d’affronter frontalement le PCR et « Témoignages ». Paul Vergès fut condamné à de la prison ferme pour délit de presse. « Témoignages » avait reproduit des articles du « Monde » et de « l’Humanité » sur la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. Au motif que les lecteurs de « Témoignages » ne pouvait pas vérifier eux-mêmes à Paris la véracité de l’information, Paul Vergès fut condamné. Ce fut le point de départ de sa période de clandestinité. Dans le même temps, « Témoignages » fut saisi 47 fois car ses articles dérangeaient le pouvoir.
Quand est né « Témoignages », La Réunion était une colonie, les écoles étaient rares, le téléphone un luxe, le journal était lu par une minorité qui influait sur l’opinion. Dans des conditions difficiles, il fallait alors faire fonctionner tous les jours la presse pour que « Témoignages » puisse diffuser « La voix des sans voix » à l’opinion réunionnaise.
Aujourd’hui, tous les Réunionnais sont équipés d’un téléphone qui leur donne accès à des informations du monde entier selon leurs centres d’intérêts. Ce téléphone permet aussi de créer un contenu qui peut être visible également dans le monde.
En 1944, La Réunion avait 250 000 habitants, elle en a près de 900 000 aujourd’hui.
« Témoignages » fait le lien entre cette Réunion d’hier qui explique celle d’aujourd’hui. C’est le résultat de générations de travailleurs qui ont publié « Témoignages » tous les jours, et de militants qui allaient vendre le journal à la criée, le livraient dans les boutiques ou aux abonnés. La solidarité explique en effet beaucoup la longévité de « Témoignages ».
Tous les jours, « Témoignages » continuera d’apporter une explication aux événements toujours plus rapides qui modèlent un monde plus complexe, et saluera les luttes menées par celles et ceux qui œuvrent pour construire une nouvelle civilisation, celle qui verra le centenaire de « Témoignages » en 2044.
La rédaction
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