14 chaînes de télévision gratuites supplémentaires depuis le 31 mars : pas pour tous

Combler la fracture numérique : un principe d’égalité

6 juin 2005

Les études lancées sur la future radio numérique sont l’occasion de faire le point sur le fossé qui se creuse entre la France et l’Outre-mer dans l’accès aux nouveaux médias. La “une” du dernier numéro du magazine du ministère de la Culture est révélatrice : 14 chaînes gratuites pour tous avec la télévision numérique terrestre. Pour tous ? Pour le moment, l’Outre-mer est oublié. Cela montre l’importance des luttes à mener pour que les Réunionnais ne soient pas exclus de la démocratisation des technologies qui permettent l’accès à une information plus riche et plus diversifiée.

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Dans son édition d’hier, “Le Monde.fr” évoque un nouveau moyen de diffusion : la radio numérique. Il rapporte que l’instance de régulation a lancé une consultation le 20 avril dernier. Un premier point officiel sera fait le 30 juin. La numérisation de la radio apporte plusieurs avancées bien pratiques pour les auditeurs : meilleure qualité d’écoute et du cercle de diffusion en particulier sur les grandes ondes et ondes courtes, écoute possible en différé ce qui donne la possibilité de faire soi-même son programme, diversification importante de l’offre du fait de "coûts de diffusion marginaux" selon Alain Weil, PDG de Nextradio, opérateur de RMC Infos. Pour accéder à la radio numérique, un récepteur adapté est nécessaire.
À l’heure où le Conseil supérieur de l’audiovisuel lance une consultation sur le futur d’un média utilisé par tous les Réunionnais, la question se pose immédiatement : les Réunionnais, comme les autres ultramarins, seront-ils une nouvelle fois exclus d’une innovation technologique qui est un moyen de diversifier l’offre, d’améliorer la qualité de la réception, tout en permettant d’écouter des émissions en différé ?

Et l’Outre-mer ?

Comme premier élément de réponse, on peut se souvenir du précédent de la télévision terrestre numérique. Moyennant l’achat d’un adaptateur (entre 80 et 100 euros), il est possible désormais d’avoir accès gratuitement à 14 chaînes, dont 7 publiques. D’ailleurs, “La lettre d’information du ministère de la Culture et de la Communication” ne s’y trompe pas, et fait sa “une” sur ce titre : “TNT : depuis le 31 mars, 14 chaînes sont accessibles gratuitement”. La revue du ministère met cependant un bémol à ce que le ministre Renaud Donnedieu de Vabres qualifie de "véritable révolution", et d’avancée considérable en faveur de la "démocratisation" : 35% de la population française est couverte à la date du lancement, la moitié le sera dans environ trois mois et 80 à 85% dans deux ans. Cela veut dire qu’en métropole persisteront de larges zones d’ombre représentant plus d’un Français sur 10. Mais il est intéressant de noter que nulle part dans le dernier numéro de la revue du ministère, ne figure la moindre information concernant la date de déploiement de cette technologie dans l’Outre-mer.

Une question de respect

Ainsi, du fait de notre spécificité ultramarine, nous sommes donc exclus d’une véritable révolution, qui multiplie l’offre des programmes, en particulier en renforçant la contribution du service public. Pour le moment, nous n’avons donc pas droit à des contenus où l’accent est mis sur la culture, nous sommes encore exclus du bénéfice des efforts du groupe France Télévisions qui, si l’on en croit la revue du ministère de la Culture, "s’est particulièrement attaché à constituer une “offre attractive” avec notamment “la création de France 4 qui réservera une place particulière à la culture et en particulier au spectacle vivant”".
Alors que comme les autres citoyens de la République, ceux de l’Outre-mer paient aussi la redevance audiovisuelle, ils n’auront pas droit à une offre publique qui "comprendra aussi la diffusion toute la journée de France 5 et d’Arte et la constitution d’une chaîne civique animée sur le canal 13 par La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale et Public-Sénat".
Voici donc les Réunionnais exclus d’une avancée considérable en faveur de la "démocratisation". On pourrait même dire ignorés par le gouvernement, car on a beau chercher dans la revue du ministère de la Culture : pas un mot concernant l’Outre-mer...
Dans son article, “Le Monde.fr” signale que le "véritable coup d’envoi" de la radio numérique pourrait être les prochains Jeux olympiques. Les émissions seront diffusées à partir de Pékin uniquement en numérique et la Chine prévoit de fabriquer "des millions de récepteurs à bas-prix". D’ici-là, le respect de l’égalité entre citoyens de La Réunion et de la France sera-t-il enfin respecté dans le domaine du numérique ? Comme pour l’Internet, comme pour la télévision numérique terrestre, c’est l’ouverture de notre île sur le monde qui est en jeu.

Manuel Marchal


Dans le cadre des conférences
des Amis de l’Université

Jean-Michel Broustail, professeur de philosophie et auteur dramatique, présentera

Théâtre et Conversations

Si on avait dû attendre la science du levier pour élever des édifices, on habiterait encore des huttes en paille ! À l’instar de Voltaire, on peut se dire que le théâtre n’a pas attendu les philosophes et en particulier Heidegger pour nous parler. Néanmoins, il est possible de trouver dans certains concepts philosophiques et notamment le délaissement de l’être (c’est-à-dire le fait qu’il ne soit accompagné d’aucune notice de fonctionnement comme le sont les lave-linge, magnétoscopes et cafetières...) un éclairage du théâtre de l’absurde et des personnages qui composent la pièce " Conversations " dont nous ferons la lecture.

Mardi 7 juin à 18h15
Centre culturel Lucet Langenier à Saint-Pierre


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