Médias

Jacques de Bonis n’est plus

18 juillet 2006

Journaliste à “La Marseillaise”, Rédacteur en chef adjoint à la “Nouvelle Critique”, puis rédacteur en chef à “France Nouvelle” et correspondant de l’Humanité en Algérie, Jacques de Bonis s’est éteint le 10 juillet. Il avait 77 ans. À La Réunion, il œuvra de 1985 à 1987 au lancement de Kanal Océan Indien, dont il forma nombre des jeunes journalistes des débuts de la libération des ondes.

Ceux et celles qui ont vécu de l’intérieur l’essor des radios privées et la libération des ondes dans notre île, après 1981, se rappellent avec quelle ardeur juvénile et quelle chaleur communicative Jacques de Bonis contribua à mettre Kanal Océan Indien (KOI) sur la rampe de lancement. Avec une poignée de journalistes venus de France comme lui, et surtout beaucoup de jeunes Réunionnais à qui il fit découvrir le travail de radio, Jacques de Bonis sut créer une émulation et un état d’esprit qui fut la marque de son passage parmi nous. C’était un homme blessé, fier de ses convictions et sûr de son engagement. Il avait pour bagage une trentaine d’années dans le journalisme politique et pas mal de blessures et de coups pris dans les mêlées du PCF, de l’après 68 au Programme commun (1972) jusqu’au naufrage de 1977.
Il avait commencé à “La Marseillaise” dans les années 50, pour ensuite “monter” à Paris où il rejoint la revue communiste “La Nouvelle Critique” dont il est devenu rédacteur en chef adjoint, dans une formule rénovée qui cherchait à ouvrir la revue des intellectuels communistes aux débats de l’après 68. Il noua avec quelques noms de la pensée marxiste - ainsi, Henri Lefebvre - des rapports personnels étroits. Mais les derniers soubresauts de la guerre froide et le climat instauré chez les intellectuels par des pressions continues - ses amis évoquent "les replis sectaires du PCF" - eurent raison de son enthousiasme des débuts, sans lui faire baisser les bras. Il quitta la direction de l’hebdomadaire “France Nouvelle” pour devenir simple correspondant de “l’Humanité” en Algérie, en 1977 et 1978. Il participa à l’ouvrage “La guerre d’Algérie” sous la direction d’Henri Alleg (l’auteur de “la Question”, paru 15 à 20 années plus tôt).
Au début des années 80, il se lance dans plusieurs créations audiovisuelles, avec Forum 92 à Marseille de 1982 à 1984 et Kanal Océan Indien de 1985 à 1987. Dans les années 90, il prit une large part au lancement du magazine “J’accuse” et collabora aussi de longues années à la revue “Politis”.
Il a écrit un livre sur les nouvelles options économiques du socialisme en Hongrie et s’est aussi essayé au cinéma, collaborant à plusieurs films dont un sur le philosophe Henri Lefebvre et un autre sur l’affaire Dominici. Selon son ami journaliste Émile Breton, chroniqueur cinéma pour “l’Humanité”, il travaillait ces dernières années à un projet sur l’anarchiste Eugène de Vigo, dit Miguel Almereyda (père du cinéaste Jean Vigo), assassiné en prison le 14 août 1917.
Les proches de Jacques de Bonis ont tenu ses obsèques dans la plus stricte intimité. Il a été incinéré hier, au Père Lachaise, à Paris.
À sa compagne Brigitte - qui vint avec lui à La Réunion - et à ses proches, “Témoignages” exprime toute son amitié.

P. David


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