À signaler : “Caro Canne n° 9”

L’enjeu majeur de la maîtrise du foncier

25 avril 2006

Le numéro d’avril 2006 de “Caro Canne”, revue trimestrielle éditée par l’ARTAS, association réunionnaise pour le développement de la technologie agronomique et sucrière, est principalement concentré sur la question de la maîtrise du foncier. Cette question est abordée dans la double problématique de la protection des terres agricoles et du développement urbain, comme l’expose Bernard Siegmund, directeur du CERF et président de l’ARTAS, dans l’éditorial de présentation du dossier central.
Outre les informations qui font l’actualité de la filière - qui sont les derniers arrivés ? quels changements dans les différentes directions ? - et son pittoresque (avec le bus des “graffeurs canniers”), on trouve aussi les résultats complets des dernières élections aux Commissions mixtes d’usines, et toutes sortes d’informations pratiques sur la filière et ses réseaux. Comme dans les précédents numéros, un “cahier technique” détachable est inséré au centre de la revue : il est dédié aux “travaux du sol pour développer la mécanisation” et est aussi consultable sur le site www.canne-progres.com.
Le cœur du numéro est un dossier assez complet sur la protection du foncier. Comment maintenir une surface suffisante, quantitativement et qualitativement, tout en préparant l’urbanisation rendue nécessaire par la croissance démographique ? C’est aussi un modèle d’urbanisation qu’il faut revoir, pour contraindre les mitages, protéger les surfaces agricoles en général (50.000 hectares en 2020) et la sole cannière en particulier (30.000 hectares pour produire 2,5 tonnes de cannes). Un article sur “l’urbanisation anarchique” fait le point sur l’évolution de ces 10 dernières années : on y lit que la "tache urbaine" - c’est-à-dire la surface prise par les constructions et ce qui leur est lié - a augmenté de 14,6% entre 1997 et 2003. Mise en rapport avec la croissance de la population (+10,8%) sur la même période, cette forme d’extension urbaine a abouti à une consommation de 429 mètres carrés de foncier par habitant supplémentaire et 640 mètres carrés par logement supplémentaire. L’article conclut au caractère "archi-majoritaire" de l’habitat dispersé et étalé (il a occupé 78% des surfaces), et au risque majeur contenu dans cette tendance. "La poursuite de l’urbanisation sur les mêmes bases menace à court terme l’agriculture et la filière canne-sucre", conclut l’article.
Ce constat est connu déjà depuis quelques années. Il reste, à la faveur de l’élaboration des principaux documents d’urbanisme et d’aménagement, à mettre en œuvre les solutions de rechange, en renversant la tendance. Le dossier avance quelques propositions : résoudre la question du logement et de la transmission de biens des agriculteurs et retraités agricoles ; empêcher les déclassements de terres agricoles en veillant mieux au respect des Plans d’occupation des sols.
Le dernier aspect abordé dans ce dossier est celui de la densification de l’habitat urbain, dans un but de réduction des coûts et d’une meilleure utilisation de l’espace. "Je ne vois pas d’autres solutions que de construire la ville sur la ville, c’est-à-dire de construire plus dense, avec davantage de logements collectifs. On peut remplir, dans les villes, les nombreux “trous du gruyère” inoccupés", expose Jean-Louis Grandvaux, directeur de l’Agorah, dans une interview qui traite de la densification de l’habitat. Si on poursuit l’objectif de 50 logements à l’hectare dans les futures opérations, on pourra limiter à 4.000 hectares les besoins fonciers pour l’urbanisation, selon les projections faites par l’Agorah - Agence pour l’Observation de La Réunion, l’Aménagement et l’Habitat. Une dernière piste concernant le foncier est la récupération et la valorisation des terres en friche, identifiées grâce à un outil d’analyse mis au point par le Comité de pilotage de la canne (CPC), le Système d’information géographique (SIG) de la DAF (Direction de l’agriculture et de la forêt) et le CTICS (le Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre).

P. D.


À voir aussi, dans le même registre :

Quartier Français n° 35 (avril 2006), pour les informations sur le groupe et ses activités. Quartier Français repose depuis l’an dernier sur 3 pôles : Sucre, Rhums/Spiritueux et Développement. Le pôle Sucre s’est renforcé juridiquement avec la création de la holding Sucre austral, qui structure l’activité sucrière du groupe à travers plusieurs filiales dont les 4 principales sont Sucrière de La Réunion, Sucreries de Bois-Rouge, TPC (Tanganyika Planting Company, avec des Mauriciens, en Tanzanie) et Austral développement. Cette dernière société est une autre filiale de création récente, à qui est confiée, pour les opérations de croissance externe du pôle Sucre, une mission d’expertise technico-économique.


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