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C’était couru d’avance : Jean-Louis Rabou, le rédacteur en chef du “Quotidien”, allait dire tout le mal qu’il pensait de l’entretien accordé par Paul Vergès au “JIR” à l’occasion de ses 80 ans. "Culte de la personnalité, allégeance à l’endroit de celui qui a navigué du maquis au rassemblement", écrit le journaliste du Chaudron.
Il y a quelques années, pour fêter les 50 ans de son rédacteur en chef, la rédaction du “Quotidien” avait rédigé et publié un journal interne à la gloire et à l’honneur de Rabou. Ce dernier n’avait pas protesté devant ce “culte de la personnalité”. Comme on voit : on voit la paille dans l’œil du voisin mais pas la poutre qu’on a dans son propre œil.
Dans ce numéro spécial, on apprenait qu’après avoir exercé à La Réunion, Rabou était reparti en métropole. Il avait trouvé un emploi comme chroniqueur à la rubrique des faits divers d’un journal local. Tâche qui n’était pas à la hauteur de sa propre suffisance et qui l’a amené à reprendre la fonction de rédacteur en chef du “Quotidien”. Le responsable de la rédaction de ce dernier s’est retrouvé chargé de la rubrique des chiens écrasés dans un journal métropolitain. Cela nous donne un aperçu de la valeur professionnelle de l’intéressé.
Arrivé à La Réunion au moment de la création du “Quotidien”, Jean-Louis Rabou fils d’un gendarme de père, n’a pas su se faire reconnaître. À la différence d’autres journalistes de sa génération comme Alain Courbis, Maurice Botbol ou Daniel Vaxelaire, Rabou est resté un obscur gratte-papier. En trente ans de carrière, il n’aura jamais pu se faire un nom.
C’est là que réside tout son drame. Sa réaction est logique. Elle est celle d’un nain vis-à-vis des personnalités les plus marquantes de l’île. Depuis 1998, le “Quotidien” n’a jamais plus interrogé Paul Vergès dans ses colonnes. Récemment, la direction du journal avait souhaité que la rédaction politique s’entretienne avec le président du Conseil régional à l’occasion de la tenue de la conférence du GIEC dans notre île. Un “niet” rageur et définitif est venu de Rabou.
Cette attitude partisane et sectaire va à l’encontre de la philosophie définie par le propre directeur du “Quotidien”, Maximin Chane Ki Chune. En juin 1987, un an après sa création, le “Quotidien” faisait l’objet d’une opération de déstabilisation : à la demande du pouvoir, les banques ne lui octroient plus de crédit. La mise en liquidation est prononcée. Un vaste mouvement de sympathie se crée pour défendre le journal au paille-en-queue. Dans ce soutien, le PCR et “Témoignages” seront parmi les plus actifs. D’où l’accusation lancée par le “JIR” contre son concurrent d’avoir "des amis rouges". Son journal ayant, grâce à ce mouvement, pu sortir de la crise, Maximin Chane Ki Chune signait, le 30 juin, un éditorial où il assurait que son journal "demeurera celui que vous connaissez, un journal libre et ouvert, qui ne donne pas la parole à une opinion, mais à toutes."
Un état d’esprit, un engagement que Rabou a décidé de piétiner. Un comportement qui n’est pas accepté par toute la rédaction ni par une grande partie de l’administration qui commence à être agacée par ce sectarisme.

J. M.