À la Commission permanente du Conseil Régional

La Région vote la délégation de service public pour le réseau Gazelle

23 mai 2007

« On lui a donné le nom de Gazelle pour illustrer ses deux premières qualités : la légèreté et la vitesse. On pourrait ajouter la notion de liberté : avec Gazelle, La Réunion s’affranchit des réseaux “propriétaires” ». Explications.

« A échéance de 12 ans, nous aurons changé d’échelle », a résumé Paul Vergès en expliquant que la décision prise hier matin par la Région que confier la délégation de service public au groupement MédiaServe-Sogetrel-LD Collectivités pour la réalisation du réseau Gazelle, allait faire évoluer de façon décisive la situation de l’île dans son accès aux nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Paul Vergès a qualifié cette décision « d’étape capitale » pour l’ouverture de La Réunion au monde et le rattrapage de ses retards.
Cette étape a reçu un coup d’accélérateur décisif lors de la Conférence annuelle des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenue l’an dernier à Antananarivo (Madagascar), en présence du Président Chirac, puisque c’est à ce moment que les projets français présentés par la Région Réunion - dont le projet NTIC - a reçu l’accord de financement sur les fonds européens. Ce projet NTIC proposait à terme une connexion de l’ensemble des pays de la COI au réseau mondial.
Pour le moment, le raccordement de La Réunion au réseau de fibre optique international ne se fait que par le SAFE, avec les contraintes techniques et de coût qui sont les nôtres. La couverture du haut débit, restée longtemps assez basse (7% des foyers raccordés en 2004 ; 16% en 2006) est, au 1er trimestre 2007, de l’ordre de 40%.

Une nouvelle et importante étape

Cette année 2007, il va se passer deux choses importantes pour la diversification de l’offre. La première est l’expiration du monopole de France Telecom sur SAFE, en août. La seconde est attendue dans neuf mois, avec la réalisation de l’infrastructure régionale. La situation aura alors beaucoup évolué pour les sept opérateurs de l’île et pour les foyers qui voudront se raccorder au haut débit (ADSL). A cette date, la mise en place de l’infrastructure neutre d’accès au haut débit, qui est la phase publique de la réalisation du réseau Gazelle, permettra au groupement de sociétés désigné hier de construire le réseau, de l’exploiter et de développer les services. Sa délégation de service public est de douze années.
Les caractéristiques du réseau Gazelle comprennent 405 km de fibre optique - dont 220 km en aérien sur les lignes EDF à haute tension (HT). Fin 2007, 80% des foyers seront à proximité du réseau de fibre optique régional. Cela permettra d’envisager dès ce moment-là l’accès à des technologies plus rapides - comme le “triple play” (Internet/téléphonie/ADSL) pour 71% de la population, en attendant de compléter cette offre par la couverture Wimax. C’est ce qu’ont expliqué hier, à la Région, Sylvie Lemaire, directrice des technologies Information et Communication et Denis Fabrègue, ingénieur responsable des projets haut-débit au service NTIC de la Région. Ils accompagnaient les élus - le président Paul Vergès et le vice-président Guy Jarnac, en charge des NTIC - venus exposer l’importance de cette réalisation pour l’ouverture de La Réunion sur le monde.

La bataille pour faire baisser les coûts des abonnements à internet

Guy Jarnac a notamment fait état des discussions ouvertes avec la Banque mondiale, pour raccorder La Réunion à l’autre câble international desservant l’Océan Indien, concurrent de SAFE, entre l’Inde et la corne de l’Afrique. Le projet de bretelle Saint-Paul/Tamatave est quant à lui destiné à un raccordement au câble d’Afrique orientale, d’ici 12 à 20 mois.
Le coût du projet (consolidé) est de 39 millions d’euros - dont 16 millions pour la part Région, incluant 13,1 de subvention spécifique ; près de 11 millions de financement privé et 11,5 millions du FEDER.
Ce n’est pas la fin des batailles pour faire baisser les coûts du raccordement externe à l’ADSL et les coûts d’accès en interne, mais c’est une avancée décisive. Le temps n’est plus trop loin où les opérateurs de l’île pourront proposer un accès en triple play à un prix raisonnable, la “cible” indiquée par les techniciens de la Région se situant autour de 50 euros/mois pour un débit situé entre 4 et 8 Mégabits. Et d’ici 12 ans, tous les opérateurs disposeront de connexions « allant jusqu’au Gigabits, à l’intérieur de l’île », a précisé Denis Fabrègue.
« Il s’agit de choses très simples, même si certains nous prêtent beaucoup de machiavélisme. La Réunion est entrée dans un monde qui change énormément et très vite », a indiqué Paul Vergès en rappelant que tout avait commencé une dizaine d’années plus tôt, lorsque les députés PCR de La Réunion - en particulier Elie Hoarau - avaient dû mener « une action forte pour obtenir le raccordement de notre île au réseau SAFE ». « Il n’y aura bientôt plus que le Trou de Fer et le Dolomieu qui ne seront pas raccordés... et encore », a plaisanté Paul Vergès. Et à terme, sur l’initiative de La Réunion, toutes les îles de l’Océan Indien seront raccordées au réseau mondial.
Il restera, comme l’a dit le Président de la Région, à « régler les contradictions internes de notre société », qui compte bientôt 100.000 foyers branchés sur Internet et toujours plus de 300.000 bénéficiaires de la CMU et une moitié de la population au seuil de pauvreté.
Il reste que le secteur des nouvelles technologies pèse d’un poids respectable dans l’économie insulaire avec, en 2006, 450 entreprises et 5.650 emplois pour un chiffre d’affaires dépassant le milliard d’euros (hors France Telecom).
Et « ce n’est qu’un début », a conclu Paul Vergès.

P. David


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