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Rencontre avec Alcinou Da Costa, journaliste africain
22 janvier 2005
Les difficultés que connaissent quotidiennement les journalistes africains - dans des situations nationales souvent conflictuelles - témoignent des changements traversés par la presse africaine depuis plusieurs décennies. Une évolution vécue de près par Alcinou Da Costa, journaliste sénégalais, militant de toutes les indépendances : celle de l’Afrique et celle de la presse.
(Pages 6 et 7)
o Comment définiriez-vous, avec un peu de recul, la situation actuelle de la presse en Afrique ?
- Alcinou Da Costa : La politique des États africains dans le domaine de l’information et de la communication, a beaucoup évolué. La presse d’État ou de Parti unique est aujourd’hui, en général, presque insignifiante. Au fur et à mesure que les pays ont formé des journalistes, des communicateurs, des techniciens, des structures professionnelles sont apparues. En cela, un grand bond a été fait, même s’il y a encore un grand chemin à parcourir.
Il n’y a pas une image globale de la presse en Afrique aujourd’hui. Mais on peut faire état de certaines tendances lourdes. D’abord par rapport à la liberté de la presse, il y a eu de grands progrès. Peu à peu, les journalistes et la société civile dans son ensemble arrivent à élargir l’espace d’expression dans leurs pays. C’est parfois dans la douleur, mais on avance. La presse privée, depuis le grand boum des années 90, poursuit son développement, même si on s’interroge sur la survie de certains titres : la sélection “naturelle” se fera ! On note encore de nombreux dérapages, de nombreuses maladresses et c’est pourquoi il faut intensifier le programme de formation des journalistes, qui devrait mettre l’accent aussi bien sur le savoir-faire professionnel, que le savoir-être (respect de la déontologie).
L’ouverture de l’espace audiovisuel se poursuit. La multiplication des radios privées, aussi bien commerciales que communautaires, est une caractéristique du paysage médiatique africain aujourd’hui. Sans doute il y a encore de grands efforts à faire dans le domaine des contenus des programmes, des choix des thèmes, des modes d’animation... Mais la nouvelle vague de journalistes et d’animateurs est prometteuse. Il faudra simplement lui assurer un encadrement rigoureux.
Au plan institutionnel, l’on note que la plupart des gouvernements s’acheminent vers l’élaboration des cadres juridiques d’exercice de la profession de journaliste. Beaucoup de pays se sont dotés d’une législation de la presse et ont mis en place des instances de régulation ; on assiste, du côté des professionnels, à la création de structures d’auto-régulation (observatoire des médias, etc...), en même temps que se renforce le réseau associatif. À cet égard, il faut souligner la coopération que l’UNESCO apporte à ses États membres dans ces domaines.
De manière générale, la priorité des priorités aujourd’hui revient à la formation.
o Votre parcours laisse penser que vous avez eu une expérience journalistique très préoccupée par la formation des gens d’une façon générale et l’éducation populaire. Est-ce un trait du journalisme africain ?
- Je suis entré dans le journalisme en juillet 1962 et j’ai été très marqué à mes débuts par les idées de Mamadou Dia, le président du Conseil. Il voulait un socialisme organisé, un mouvement de coopératives, donc des citoyens informés, en mesure de s’impliquer dans le développement. D’où la création du Centre d’information et d’éducation des masses (CIEM), où nous avons lancé un “journal mural”, tandis que le service cinéma développait la production des actualités sénégalaises, qui étaient projetées sur les places publiques des villages, grâce à des camions cinéma bien équipés, dotés de générateurs d’électricité... On venait d’accéder à l’indépendance. Il fallait que le grand public sache ce qui se faisait au gouvernement, dans les différentes instances, dans le passage des structures françaises coloniales aux structures étatiques naissantes...
Mamadou Dia s’appuyait sur des responsables des mouvements de jeunesse, pour développer le concept d’animation rurale. Il voulait faire de chaque cadre sénégalais un animateur : faire comprendre que le développement était dans les mains de chaque Sénégalais. Il avait créé un grand Centre national de formation et d’action, à 25 km de Dakar. Inutile de dire que tous les gens qui s’activaient dans ce mouvement se connaissaient entre eux. Ils s’étaient tous formés dans la vie associative, soit à travers les organisations de masse d’inspiration marxiste, soit dans les associations issues du mouvement laïque français (Auberges de jeunesse, C.E.M.E.A...), soit dans celles du mouvement catholique.
Cette personnalité du jeune Sénégal a “disparu” pourtant très vite de la scène politique. Accusé en décembre 1962 de “tentative de coup d’État”, il fut condamné et emprisonné. Mais son expérience a laissé des traces durables dans l’encadrement du monde rural sénégalais.
o Est-ce que votre passage par le Ministère de l’information a déterminé de façon spécifique et durable votre pratique du journalisme ?
- Au Ministère de l’information, j’ai été nommé commissaire régional à l’Information à Diourbel (à environ 140 km de Dakar), chef-lieu de l’une des sept régions du Sénégal, à l’époque, au cœur du pays des Mourides - importante et puissante confrérie musulmane.
Les commissaires régionaux agissaient comme des correspondants de presse ; ils devaient couvrir l’actualité locale, faire des duplex avec la radio nationale, envoyer des dépêches à l’agence de presse sénégalaise et même publier un bulletin mensuel.
C’était de l’information gouvernementale, institutionnelle, destinée à informer le public sur les efforts de développement et la conduite des projets ruraux notamment. À l’époque c’était utile.
Dans ma vie personnelle de “Titi dakarois”, le fait de me trouver dans la brousse et de découvrir le monde rural véritable... a été une expérience extraordinaire. Ma chance a été de me trouver dans une région où étaient implantés le Centre national de recherches agronomiques (Bambey) et le Centre de recherches zootechniques (Dahra). C’est ce qui m’a poussé vers le reportage économique.
Lorsqu’en 1964 le Ministère lance le magazine mensuel “Sénégal d’Aujourd’hui”, on en a fait une vitrine du développement national, dans tous les domaines : agricole, éducation, société, santé...
Les expériences de Diourbel et de “Sénégal d’Aujourd’hui” m’ont beaucoup aidé quand, en 1972, le patron du “Soleil” m’a fait venir pour mettre en place au quotidien national, un service d’information économique et régional et un réseau de correspondants locaux.
o Vous avez vécu le débat relatif au Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC). Quelle répercussion a-t-il eue sur le développement ultérieur des médias ?
- Mon passage à la direction de l’hebdomadaire catholique “Afrique Nouvelle” a fortement marqué ma vie professionnelle. En effet, de 1974 à 1980, j’ai beaucoup voyagé et noué des relations avec un grand nombre de structures régionales et internationales, comme le “Forum du Tiers-monde”, l’“Institut latino-américain d’études transnationales”. Et dans ces organisations, j’ai rencontré des confrères déjà célèbres et des experts très actifs dans les débats qui agitaient le monde de la communication.
Ainsi, j’ai eu la chance de participer à des séminaires et colloques de haut niveau, où j’ai pu travailler ou échanger avec des collègues tels que Juan Somavia, ancien collaborateur de Salvador Allende et actuel directeur général du BIT ; Claude Julien, ancien directeur du “Monde diplomatique” ; le professeur Armand Mattelard, sociologue communiste (PCF) ; Roberto Savio, fondateur d’Inter Press Service (IPS) ; le journaliste vénézuélien Antonio Mayobre...
Nous avons débattu passionnément du Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC), un débat international lancé par le Mouvement des Non-Alignés et qui a gagné l’enceinte de l’UNESCO. Très vite, le débat s’est transformé en polémique dans la mesure où était mis en cause l’impérialisme qu’exercent sur la presse mondiale les grands monopoles occidentaux d’information.
Le “NOMIC” était la revendication des pays du Sud pour une libération des systèmes d’information, sous la domination totale des grandes agences mondiales (AFP, AP, Reuters, UPI), qui contrôlaient les flux. Ainsi, les centres d’intérêt étaient ceux qu’elles avaient retenus et qu’elles imposaient à tous. Il fallait rééquilibrer l’information, sans restreindre la liberté de la presse. Des voix s’élevaient pour dire que la priorité devait aller à la libre circulation de l’information, sans aucune entrave.
Cela a été un débat fantastique, passionnant, mais dont les nuances n’ont jamais été mises en relief et qui s’est avéré très dur pour le directeur général de l’UNESCO d’alors, Amadou Mahtar M’Bow.
En fait, la polémique autour du NOMIC a nourri la stratégie que les Américains ont déployée par la suite, quittant l’UNESCO en 1984 et préparant le départ de M’Bow.
Mais on peut dire que ce débat a provoqué un choc salutaire dans les médias des pays en développement. Aussi bien les gouvernements que les professionnels de l’information ont compris qu’il fallait initier, au niveau de chaque pays, une réflexion sur ce que devrait être la politique d’information et de communication, de manière globale. Dans les pays africains, en tous cas, les journalistes ont compris qu’ils ne pouvaient pas se contenter d’être simplement des producteurs d’informations, mais qu’ils devaient participer au débat et alimenter cette réflexion.
o L’information alternative n’a peut-être pas gagné la guerre mais elle a marqué des points importants...
- Devant la difficulté de venir à bout rapidement d’un système dominant, il fallait chercher comment en atténuer l’impact, en permettant un développement endogène des systèmes d’information dans les pays du Sud. Passant par la formation d’une véritable agence de presse, épine dorsale du système national de communication. Cela correspondait, à un niveau plus élevé, à toutes les initiatives de production d’information alternative et d’établissement de systèmes d’échanges Sud-Sud. C’était l’objectif du Pool des agences de presse des Non-Alignés, de l’Agence panafricaine d’information (PANA) et de l’Union des radiodiffusions et télévisions africaines (URTNA) - deux créations des États membres de l’OUA -, ainsi que de l’AMARC (réseau des radios communautaires).
Le dynamisme des agences d’information alternative - comme Inter Press Service - a contribué à donner plus d’importance à la couverture des organisations internationales, à l’époque très peu prises en considération par la presse occidentale. De ce point de vue, celle-ci a fait aujourd’hui de grands progrès.
Propos recueillis par Pascale David
Pour un journalisme responsable et indépendant
Alcinou Da Costa est à 66 ans une grande figure du journalisme sénégalais, dont le parcours l’a fait connaître d’abord du monde médiatique de l’Afrique de l’Ouest, puis d’une large partie de l’ensemble africain.
Il a voué son activité de journaliste à l’indépendance de l’Afrique et en particulier du Sénégal. Son premier poste le conduit dans une structure dépendant de la présidence du Conseil, que dirigeait Mamadou Dia, dans une équipe placée sous la responsabilité d’Alain des Mazery, "un très grand journaliste français, de l’école Humanisme et Développement", dit aujourd’hui ce grand confrère sénégalais, dont la retraite de consultant international en communication reste très active et très dévouée à la formation des journalistes "où qu’ils soient".
Alcinou Da Costa est à ses débuts très durablement marqué par la personnalité rayonnante de Mamadou Dia, qui disparaît pourtant très vite de la scène officielle dans les turbulences politiciennes du jeune Sénégal. Il le sera aussi par Léopold S. Senghor, qui garde les rênes du pouvoir jusqu’en 1980.
En 1963, il fait un passage au Ministère de l’Information, comme commissaire à l’information pour la région de Diourbel. "Une année passée à Diourbel a été l’équivalent de 20 ans d’expérience !", résume-t-il aujourd’hui.
À son retour à Dakar, l’année suivante, il vit l’expérience d’un nouveau mensuel, “Sénégal d’Aujourd’hui”, une initiative du Ministère de l’Information confiée au bureau de presse du département. Puis il passe un an (1965) au Centre international d’enseignement supérieur de journalisme de Strasbourg, en formation spécialisée “agence de presse” - ce qui lui vaut ensuite un stage de trois mois à Maghreb Arab Press (MAP) à Rabat - après deux mois à l’AFP (Paris) - et ses premiers contacts hauts en couleur avec le monde arabe.
À son retour, il est naturellement affecté à l’agence de presse sénégalaise, dont il devient le rédacteur en chef en 1967. Membre du syndicat de la presse, il a vécu à plein les grands combats syndicaux qui marquèrent son pays, en 1968, et aboutirent à l’adoption d’une convention collective des journalistes et à une nouvelle grille des salaires. En 1972, il entre au quotidien “Soleil”, dont le patron cherche à mettre en place un réseau de correspondants à l’intérieur du pays et voit dans l’ancien commissaire à l’information de Diourbel la personne tout indiquée. "C’est là-bas qu’est venu me prendre l’archevêque de Dakar, Mgr Hyacinthe Thiandoum", raconte celui qui allait diriger jusqu’en 1980 “Afrique Nouvelle”, hebdomadaire catholique de l’Afrique de l’Ouest, "un titre prestigieux lancé par les Pères Blancs en 1947, qui a été de toutes les grandes causes d’Afrique noire et d’Outre-mer".
Alcinou Da Costa avait alors 35 ans, douze ans d’expérience journalistique et un parcours déjà très riche. De syndicaliste, le voilà patron, intervenant souvent au Centre d’étude des sciences et techniques de l’information de l’université de Dakar, une école de journalisme sénégalaise à vocation régionale financée par la coopération canadienne et française. Il est aussi coordinateur, pour toute l’Afrique, de l’Union catholique internationale de la presse, ce qui lui ouvre les portes de la presse catholique du continent, en particulier vers les pays anglophones d’Afrique de l’Est et vers Madagascar. Cette période de sa vie professionnelle est marquée par de nombreux et très riches contacts au niveau international. Il est en relation avec le Forum du tiers-monde, l’institut latino-américain d’études transnationales (ILET) et de très nombreuses organisations liées au mouvement des Non-Alignés, d’où surgit dans ces années la revendication d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC) - le versant et contre-pouvoir du Nouvel ordre économique international.
En juillet 80, il quitte “Afrique Nouvelle” pour rejoindre l’UNESCO et son service d’information, où il va rester près de vingt ans - jusqu’à l’heure de la retraite, en 1999 - pratiquant le travail en équipes multi-culturelles et l’art de la communication institutionnelle, ou l’autre versant de l’information.
Dans ce long et riche parcours, il a constamment privilégié l’exigence d’un journalisme à la fois responsable et indépendant.
Alcinou Da Costa a séjourné à La Réunion pendant quelques semaines, entre décembre 2004 et janvier 2005. Dans l’entretien qu’il a donné à “Témoignages”, il évoque en filigrane les cinquante dernières années de vie politique africaine.
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Messages
28 décembre 2009, 06:55, par majd
je crois que nous avons tous perdu beaucoup de temps pour debattre de ce fameux NOMIC. Ce n’etait que du leurre...Notre probleme n’est pas un probleme nord-sud...il aurait mieux fallu vouer nos efforts a militer pour un presse libre et democratique dans les pays du sud eux-meme plutot que de tomber dans le piege d’un debat qui n’a finalement servi qu’a detourner notre attention de nos veritables problemes sous le regard complice de certains regimes dans les pays du sud, de l’occident et de certaines instances internationales...
Je pense que beaucoup de journalistes africains en particulier et du tiers-monde en general se sont rendus compte que toute un generation de leurs predecesseurs a ete induite en erreur. la nouvelle generation est entrain de payer la facture mais elle est sur la bonne voie...
J’avoue, cependant, que comme dans la recherche scientifique, les erreurs peuvent etre salutaires...
j’ai beacoup d’admiration et de consideration pour tous ceux qui ont milite pour le NOMIC, comme ALCINOU DA COSTA, ROBERTO SAVIO, MUSTAPHA MASMOUDI etc...et je ne renie ni les acquis qui ont ete en quelque sorte le fruit de ce debat tels la PANA ni ce que ALCINOU DA COSTA qualifie, a juste titre, de dynamisme de l’Agence INTER PRESS SERVICE tout en ayant certaines reserves sur le role joue par le POOL des agences de presse des non alignes, mais le debat aurait du commencer horizontalement et non verticalement.
16 octobre 2010, 20:18, par René ODOU
Bravo Alcino et surtout un grand merci !
J’ai travaillé avec Alcino Da Costa à "Afrique Nouvelle" pendant 5 ans. Il m’a formé et je lui dois tout.
Les aléas de la vie ont fait que j’ai perdu ses traces. J’aimerais tant renouer avec lui. Si vous pouviez me donner ses coordonnées, je vous en serai très reconnaissant. Merci.