En France, un dossier à contre-courant des clichés du gouvernement sur les Outre-mer

« Les îles sont loin d’être un paradis »

7 septembre 2011, par Manuel Marchal

Le dossier publié dans le dernier numéro de la revue du Secours catholique montre à l’opinion de France que loin d’être les pays des « niches fiscales » et des « paradis » pour nantis, les Outre-mer sont le lieu où vivent les peuples qui souffrent le plus de la politique du gouvernement.

Des « danseuses de la République » aux « niches fiscales », les gouvernements qui se sont succédé à Paris ont souvent employé des qualificatifs peu flatteurs pour les Outre-mer. Par cette méthode, ils tentent de dédouaner Paris de sa responsabilité dans la situation dramatique que nous vivons actuellement. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des peuples ont fait des choix. Celui de La Réunion a été de choisir l’alignement sur une des législations sociales les plus avancées pour en finir avec la misère coloniale.
Le 19 mars 1946 s’est donc ouvert l’ère de l’égalité avec l’abolition du statut colonial. Mais l’application de la loi n’allait pas de soi, et au lieu de respecter la loi, les gouvernements en place à Paris n’eurent de cesse de retarder constamment l’application de l’égalité. Cette tactique leur permettait d’avoir de quoi lâcher du lest à chaque crise sociale.
Le résultat de cette politique a été le maintien des Outre-mer dans une situation de non-développement. Une conséquence, c’est un manque de capitaux pour assurer le décollage du pays au sein du système économique dans lequel il se trouve.

Les effets d’une politique

L’attitude du gouvernement actuel est dans la droite ligne de celui de Giscard qui parlait des « danseuses de la République ». Depuis la décentralisation, les Réunionnais avaient commencé à expérimenter des remèdes possibles à la crise : la politique de grands travaux pour créer les infrastructures du million d’habitants, l’autonomie énergétique, l’émergence d’un pôle d’excellence… mais au lieu d’être partenaire et d’accompagner ces projets, le gouvernement s’est comporté comme un adversaire, à la recherche de l’affrontement institutionnel pour refuser le droit des Réunionnais à se développer.
En effet, ce développement a pour conséquence de mettre fin à toutes les pratiques clientélistes utilisées depuis toujours par les conservateurs afin de garder des leviers de pouvoir. Or, ce sont ces conservateurs qui sont les plus fidèles relais de Paris à La Réunion. L’UMP a donc tout mis en œuvre pour stopper tous les projets qu’il était possible d’arrêter afin de satisfaire les intérêts de cette catégorie qui n’a rien à gagner dans le développement de La Réunion.

Nous ne sommes pas des «  niches fiscales  »

L’an dernier, le gouvernement a saisi l’opportunité du plan d’austérité pour inscrire dans le budget 2011 une diminution des crédits affectés à l’objectif de l’égalité. Ainsi, pour lutter contre une pénurie de logements bien plus grande à La Réunion qu’en France, le gouvernement utilise deux méthodes : la ligne budgétaire unique et la défiscalisation. La première connaît cette année une baisse de 10%, la seconde est présentée par le gouvernement et les médias en France comme une « niche fiscale », alors que c’est le moyen de compenser l’engagement insuffisant du pouvoir central dans le logement.
Réduire les outils destinés à attirer les capitaux à La Réunion à un moyen de payer moins d’impôt, c’est un moyen de faire passer les Outre-mer comme des « paradis » où l’argent coule à flot. Et à partir de là, une fois que le gouvernement a réussi à faire basculer l’opinion sur sa thèse, il peut entreprendre le désengagement du pouvoir central de sa responsabilité dans la crise traversée par nos pays.
Dans ce contexte, le dossier publié dans le dernier numéro de "Messages du Secours catholique" est à contre-courant de cette pensée favorable aux intérêts du gouvernement. En effet, c’est un tableau sans concession de l’échec de la situation dans laquelle nous nous trouvons plus de 60 ans après le début de l’ère de l’égalité.
Le non-développement est toujours là, et les Outre-mer ne sont pas des « paradis » mais des pays où des peuples souffrent des conséquences de plus de 60 ans d’errements dans les bureaux parisiens. Et dans les colonnes de cette revue du Secours catholique s’expriment les paroles de ceux que le peuple de France n’entend jamais : les voix des peuples des Outre-mer.

Manuel Marchal


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