RFO est une véritable mine pour un chroniqueur ! Il n’est pas un jour qui nous laisse sans réactions, et comme promis, je reviens sur cette formidable avancée technologique qui a vu le transfert de la diffusion de notre Télé pays depuis les studios de RFO Malakoff.
Souvenez-vous, nous en étions restés aux lamentations du directeur de la station sur ce qu’il faut bien appeler la "Bérézina" des chiffres de l’audience et tout particulièrement ceux de Télé Réunion. Mais le patron avait une excuse toute trouvée : "C’est de la faute de la mauvaise qualité de la diffusion qui, pendant deux mois, a fait sursauter nos yeux" à tel point que l’on se serait cru au bon temps où certains regardaient Canal Plus sans décodeur ! Où en sommes-nous ? Il semblerait que l’on n’ait pas bien avancé depuis. Si l’on s’est éloigné des débuts désastreux de la retransmission de Télé Réunion depuis la Métropole, l’image continue à nous jouer des tours et le son saccadé ressemble de plus en plus à une samba !

Il ne faut pas être grand clerc pour savoir ce qui se passe dans notre aquarium préféré. Envoyer des images depuis l’autre hémisphère n’est pas chose facile, les concessionnaires des bouquets satellites en savent quelque chose, eux qui jonglent avec intempéries et autres aléas pour pouvoir nous rediffuser toutes ces chaînes qui comblent le déficit hertzien dont jouit, si j’ose dire, notre île. Mais là où c’est tout de même fort de café, c’est que nos édiles parisiens, sis à Malakoff, sont très bien placés, eux aussi, pour savoir que la retransmission d’images et de sons, depuis l’autre partie du globe, ne se fait pas sans quelques problèmes. En effet, depuis le temps qu’ils retransmettent Tempo, ils auraient pu prévoir que ce serait la même chose avec Télé Réunion. Regardez, lorsque les orages s’abattent sur Paris, les responsables des chaînes parabolées s’empressent de nous avertir de possibles perturbations dans la retransmission.

À ce point précis de l’article, vous pensez certainement : "Philippe réinvente l’eau tiède !". Car tout le monde sait qu’à moins d’envoyer les images depuis un satellite géostationnaire piloté par 2, 3 zébulons au-dessus de notre petit paradis, il n’est pas possible de retransmettre des images depuis la Métropole sans qu’elles soient saccadées. Eh bien, figurez-vous que certains "Géo-Trouvetout" persistent dans leurs incompétences, et qui est ce qui trinque ? Bien entendu, le téléspectateur réunionnais !

La télé, ce n’est pas simplement la Star’Ac

Alors, si par hasard, le matin vous êtes pris de tremblements, de migraines, de clignements d’yeux ou de bourdonnements d’oreilles, ne vous précipitez pas chez votre ophtalmo ou votre oto-rhino, le diagnostic est simple, vous regardez trop Télé Réunion.

Parce que la télé, ce n’est pas simplement la Star’Ac ou les sautes d’humeur de RFO et qu’il y a un cerveau entre les oreilles de certains réalisateurs. Je glisse subrepticement vers une bonne nouvelle télévisuelle. Enfin, il faut l’espérer ! "C’est un joli nom camarade", déclamait à tue tête le chanteur poète de l’Ardèche Jean Ferrat. Il semblerait que ce soit également l’avis de France2 et du réalisateur François Luciani qui, depuis le 19 juin et ceci jusqu’au 22 septembre, tourne dans le Limousin une mini série de 3 fois 90 minutes intitulée "Les camarades" qui raconte l’histoire de 6 amis (3 filles et 3 garçons). Tout les différencie... Deux choses les réunissent : le communisme et leur amitié.

Vous comprendrez que c’est avec délectation que votre quotidien préféré vous donne la primeur de cette information, et pour être plus complet, voici le résumé que j’ai glané pour vous dans le dossier de presse.
Ils sont 6, résistants de la première heure, courageux, passionnés. À la Libération, ils ont 20 ans. Tout les différencie : leurs origines sociales, leurs caractères et leurs ambitions. Deux choses les réunissent : le communisme et leur amitié. Entre 1945 et 1965, la société change et eux aussi. Le travail, le couple, les enfants sont des combats gagnés ou perdus, les idéaux sont malmenés, mais l’amitié est toujours là, plus forte que jamais. Pour le meilleur et pour le pire.

Il a raison l’ami Ferrat, c’est un joli nom à tel point qu’il fait vibrer, dès que des militants se retrouvent le temps d’un dimanche ou d’une soirée pour coller des affiches déchirées le lendemain par des mains anonymes qui ne peuvent comprendre que "Les cerises" de M. Clément sont gorgées du sang des fusillés communards ou de celui du groupe Manoukian.
"Camarade", on l’entend souvent, et cela fait tourner les têtes. Plus personne n’ignore que c’est ainsi que s’interpellent ceux qui vouent leurs vies à la lutte pour une société plus juste. Lorsque vous fréquentez certains partis, l’adrénaline monte aux cris de "Camarades" où le ton se fait plus doux et plus amical lorsque, frappant de la main votre épaule, un militant vous interpelle d’un "Mon cher Camarade".

Dans les partis de droite, on vous apostrophe d’un "Cher ami", chez les Verts on dit "Copain", ailleurs on ne dit rien ! "Mon camarade" chantait également le grand Jean Roger Caussimont. Je n’y peux rien, mais le mot "Camarade" me donne la chair de poule et me donne du cœur à l’ouvrage. Ça claque comme une balle de fusil un matin de mai, ça réchauffe comme le visage d’une veuve donnant son sou à une caisse d’entraide.

Je ne peux préjuger de la qualité de ce téléfilm, mais une chose est certaine, c’est qu’après "Jaurès", France2 poursuit son introspection dans la frange la plus sociale de notre histoire, et il sera toujours temps de critiquer après la diffusion de cette fiction puisque normalement, si tout va bien, vu que RFO et France-Télévision c’est la même boutique, nous devrions profiter de ce programme. Gageons que d’ici là, RFO aura mis au point un décodeur pour nous permettre de regarder confortablement ses 2 canaux.

Philippe Tesseron
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