
Un effort supplémentaire de 5 milliards d’euros nécessaire cette année
27 juinLa dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Ce soir sur Télé Réunion
23 novembre 2005
En avant-première pour la presse, nous avons pu visionner la première partie du reportage de Benoît Ferrand ’Papa Debré, les 25 ans qui ont changé La Réunion’. Il faut bien dire qu’un retour sur l’Histoire ne fait jamais de mal, mais quelle histoire ? Benoît Ferrand nous a concocté à l’aide de documents et d’images d’archives, un documentaire que l’on peut qualifier d’un peu fourre-tout et d’un peu désordonné. Nous verrons donc un reportage mettant en opposition 2 visions de la politique de Debré à La Réunion.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’actuellement, RFO tente de faire œuvre pédagogique en nous offrant depuis la rentrée télévisuelle plusieurs émissions consacrées à l’histoire de notre île, un retour sur l’histoire devrait-on dire. Mais laissons de côté ces considérations techniques et circonstancielles pour nous attacher au contenu du reportage. Benoît Ferrand force un peu le trait dans le traitement de l’information en nous montrant plus volontiers Michel Debré comme un bienfaiteur de La Réunion, l’était-il vraiment ? Bonne question, loin de moi l’idée de vous apporter la réponse, et je ne pense pas que le reportage de ce soir tranchera le débat.
"L’entonnoir"
Il est à porter à l’actif de ce documentaire une large place faite à l’analyse de Paul Vergès sur la politique de Debré. La surprise demeurera tout de même. Les interventions des amis du grand homme, qui le qualifient de "sauveur de La Réunion" face au “péril communiste” : "Debré n’est ni de droite ni de gauche, il ne pratique pas la langue de bois", voilà en substance ce que ces dévots veulent faire croire au travers de leurs interrogations. Permettez-moi d’être quelque peu circonspect. Moi qui me vante (peut être exagérément) de connaître le côté entonnoir de Debré, je dois bien vous avouer que d’apprendre que Michel Debré a été à La Réunion celui qui a initié la mise en place du planning familial, les bras m’en tombent ! Alors qu’il fallait plusieurs jours pour rallier La Réunion depuis la Métropole à cette époque, depuis la découverte de ce reportage, je me dis que le survol de l’océan Indien avait des vertus salvatrices, et par là même lavait le cerveau d’un homme en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Que je vous explique : Tandis que "L’entonnoir" (surnom donné à Michel Debré en métropole) bouclait ses valises pour venir bouter le communisme impie hors de cette terre française, avec comme bagage à mains 2 boites de lait en poudre, je me remettais à peine de quelques coups de matraques bien sentis, reçus lors d’une manifestation rassemblée pour dénoncer l’attitude du grand homme au sujet de son opposition à l’avortement et à la mise en vente de la pilule. Nous défilions sur un slogan qui disait ceci : "Ah, ah Debré, si seulement ta mère avait connu l’avortement". Alors je me dis que lorsque des personnes du genre Albert Ramassamy ou Jean-Paul Virapoullé viennent vous dire droit dans les yeux que cet homme ne connaissait pas la langue de bois, permettez-moi de sourire.
L’arme de la bourgeoisie créole
Je vais avouer quelque chose au peuple réunionnais, c’est que lorsque Michel Debré s’est exilé en terre réunionnaise, sur ordre du général De Gaulle, la France métropolitaine s’est vue accorder un peu d’air, car ce grand bourgeois au caractère réactionnaire bien trempé, jetait par son intransigeante censure un voile sombre sur l’hexagone. La politique familiale qu’il souhaitait pour la France c’était de relancer la natalité et par là même d’interdire purement et simplement toute publicité ou communication sur les contraceptifs.
Je dois avouer que si la métropole, après son départ, s’est sentie soulagée, nous ignorions alors qu’il allait devenir l’arme de la bourgeoisie créole contre les besoins d’un peuple en manque de développement. Je ne peux juger de ce que Debré a été pour La Réunion, mais lors du visionnage de ce reportage, les interventions des uns et des autres m’ont ouvert quelque peu les yeux. C’est pourquoi il est indispensable pour les Réunionnais de voir cette émission, même si l’on pense trouver au long de sa diffusion un léger parti pris pour celui que les Réunionnais avaient surnommé "Michou la Colère" ou "Papa Debré".
Les interventions de Paul Vergès, tout au long de ce reportage, s’attachent à remettre de l’ordre et à rétablir la vérité. Nous verrons que les désirs réunionnais n’étaient pas tout à fait ceux dénoncés par la bourgeoisie créole, et nous verrons pourquoi la fédération socialiste de l’époque a cru bon de trahir la classe ouvrière pour soi-disant repousser des velléités d’indépendance du Parti communiste.
Une grande gifle à la démocratie
Paul Vergès nous démontre que Michel Debré était un homme obstiné. Son obstination le poussant à vouloir résoudre une erreur par une autre erreur, le meilleur exemple que nous donne le président du Conseil régional, c’est Michel Debré qui décide d’éradiquer le bidonville de Saint-François et qui le remplace par le Chaudron. S’il est vrai que Michel Debré avait sa vision du futur de La Réunion, elle n’était pas vraiment créole. Il avait avec lui un grand nombre de lieutenants qui allaient au-devant de ses pensés et amplifiaient jusqu’à la caricature les décisions de ce dernier. Que retenir du Michel Debré de La Réunion ? Tout d’abord, de nombreuses questions ont été posées, mais bien peu trouvent leurs justes réponses au cours de ce documentaire, si ce n’est que c’est bien cet homme qui a organisé l’immigration déguisée de nombreux Réunionnais vers la métropole, et que de cette période La Réunion a reçu en héritage un nombre incommensurable d’erreurs humaines et politiques.
Ensuite, il faut dire que pour que Michel Debré se fasse sa place au soleil de La Réunion, l’ensemble de la classe politique réunionnaise, avec l’aide d’un préfet et de quelques autres barbouzes venus de métropole, excepté le Parti communiste, a institué comme règle d’or le bourrage d’urnes et la triche électorale à grande échelle, permettant au grand Homme d’être élu avec plus de 80% des voix.
En posant le pied sur cette île, "l’Entonnoir" venait de mettre une grande gifle à la démocratie, avec l’aide de gros zozos locaux qui avaient encore du mal à admettre que le temps béni des colonies était fini.
À la fin du visionnage de ce reportage, je me suis dit que rien n’était fini et qu’il reste encore du pain sur la planche pour convaincre les sceptiques qui continuent contre vents et marées à vouloir faire passer cet homme pour le "Papa" de La Réunion. Il y aurait tant et tant à dire sur ce reportage, mais personnellement, ce que j’en ai tiré c’est que l’exil de Michel Debré en terre réunionnaise a été pour cette île qui aurait du être bénie des dieux, la destruction de toute une identité.
Un commandeur paternaliste
Michou avait pris dans ses bagages des soi-disant spécialistes de la forêt, nous avons vu le résultat : dans le reportage, les amis de Debré avouent qu’il est à l’origine de plantations d’arbres sans précédent, mais quels arbres ? Il faudra encore longtemps pour évaluer et réparer la blessure faite à cette nature et aux hommes qui étaient au centre de celle-ci. Le seul mérite de son passage sur cette terre réunionnaise aura été d’avoir donné à certains une conscience, la conscience que la patrie des droits de l’Homme et de l’égalité ne peut être cette mise en coupe réglée de tout un territoire, au nom d’un idéal arbitraire et rétrograde. Non, les papas n’existent pas, sauf au sein d’une cellule familiale. Un chant qu’il m’est arrivé de fredonner dit : "Il n’est pas de sauveur suprême ni Dieu, ni César, ni tribun", mais voilà qu’un général de l’autre côté des mers avait décidé d’en offrir un au peuple réunionnais, comme pour le calmer afin qu’il arrête de demander son juste dû dans une nation qui vivait ce que l’on appelait "les trente glorieuses".
La Réunion souffrait, on lui envoya un commandeur paternaliste comme en Afrique. Ils savaient ces pauvres messieurs charitables, qu’avec 2 boites de lait et quelques bons discours bien sentis mettant en avant le sentiment patriotique, ils verraient venir à eux toute une bande de misérables agitant des petits drapeaux français en criant "oublie pas nou papa" !
Alors de cette triste période, faisons table rase, mais non sans en avoir tiré les conséquences. Pour terminer, il restera de ce temps un énorme espoir forgé par des hommes et des femmes progressistes qui poursuivent ce combat pour que La Réunion ait toute sa place dans la nation française, et n’en déplaise à certains, avec toutes ses spécificités. L’Histoire juge et elle jugera de la place de ces hommes et de ces femmes dont ne faisait pas partie Michel Debré, qui veulent sortir les misérables du fénoir.
Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/
Les "années Debré" sur Télé Réunion, ce soir et jeudi soir
À regarder
RFO diffusera ce soir et demain soir, à 19 heures 55, sur Télé Réunion, un documentaire de Benoît Ferrand "Les 25 années qui ont changé La Réunion". Ceux qui ont vécu ces années Debré seront particulièrement intéressés. Notre confrère "Le Journal de l’Ile" d’hier, mardi, écrit dans un article signé T.Q. "... le moins qu’on puisse dire, c’est que, quand bien même la richesse des archives et des témoignages, le reportage... n’éclaircit pas vraiment le personnage".
Cela laisse supposer que bien des choses sont passées sous silence : les conditions de la candidature de Debré en mai 1963 à La Réunion, suite à son élimination dans sa circonscription d’Indre et Loire, et des fraudes massives (1) qui ont vu son élection dans la 1ère circonscription de La Réunion, tandis que son adversaire, Paul Vergès, avait été empêché de rentrer à La Réunion quelques semaines avant.
Les années Debré ont été des années de lutte du peuple réunionnais contre la fraude, pour l’application des lois sociales, contre la misère, les bidonvilles, etc... Un débat suivra-t-il ces diffusions ? On peut en douter. Tant de femmes et d’hommes de cette époque ont disparu.
RFO diffusera-t-elle un jour "Sucre amer" ?
L.D.V.
(1) Rappelons que le rédacteur en chef du “JIR” de cette époque, René Martin Darène, avait dénoncé les fraudes en 1969, les élections à La Réunion n’ayant plus aucune signification - et il avait participé à la création de l’“Association pour le déroulement normal des opérations électorales” (ADENOE).
La dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
Mézami, mon bann dalon, mi panss zot i rapèl la mortalité, laba dann Moris, lo gran kiltirèl épi politik Dev Virashwamy ; li lé mor na pwin lontan (…)
Des associations de défense de l’environnement et des citoyens sinistrés ont annoncé avoir déposé un recours pour obliger le gouvernement à (…)
En 2021, 595kg de déchets par personne sont collectés à La Réunion, soit davantage que dans l’Hexagone (548 kg/pers.). La Réunion se situe au 29e (…)
Dan noute kiltir popilèr néna bonpé kozman pou dir sa la éspass dann tan lontan… Mi koné pa pou koué, mé mwin néna dan l’idé k’ni viv in pé an (…)
Le Parti socialiste reproche au Premier ministre, François Bayrou d’avoir refusé de déposer un projet de loi sur les retraites permettant au (…)
Le Syndicat des énergies renouvelables a appelé les députés à rejeter la proposition de loi sur la programmation énergétique.
Au séminaire du 17 mai 2025, consacré au centenaire de la naissance de Paul Vergès, le PCR avait organisé 3 débats : ne soyons pas esclave de (…)
Face à l’urgence climatique et sociale, seize associations citoyennes et environnementales de La Réunion unissent leurs voix pour interpeller les (…)
Tou-lé-zan, dann moi zanvié-févrié, Tikok i sa rod gèp ek son bann kamarad. Zot i tras dann piton, la savann, la ravine… partou, é, souvandéfoi, i (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Les élus de Guadeloupe ont adopté des résolutions « sur la fusion des deux collectivités, sur les compétences et l’autonomie fiscale », le 17 juin (…)