Ça n’a pas raté ! À peine le communiqué de presse du dernier sondage Médiamétrie tombé, les 2 entités qui se partagent le paysage télévisuel réunionnais ont chaussé leurs lunettes pour analyser les résultats afin de nous faire part de leurs satisfactions. C’est Antenne Réunion qui a ouvert le bal dans son journal du mercredi 19 juillet à 19 heures.
D’entrée de jeu, Jean-Marc Collienne, sourire en “tranche de papaye”, nous annonce la grande nouvelle : "Notre chaîne creuse l’écart avec Télé Réunion". Et que l’on ne vienne pas dire aux dirigeants de la petite chaîne privée que l’effet Coupe du Monde a joué ! Que nenni ! Même si chacun sait qu’ils étaient seuls à diffuser les matchs où la France était présente.
Même satisfaction du côté du Barachois. On se croirait à un soir d’élections, à croire que les hommes politiques déteignent sur les médias, du moins sur leurs principaux représentants. Mais enfin, pourquoi autant d’autosatisfaction ? C’est que les enjeux sont importants, le partage du gâteau publicitaire se joue sur les parts d’audience, et la logique voudrait que vue l’avance prise par Antenne Réunion, son escarcelle se remplisse de nouveaux contrats publicitaires.
Mais en quoi cela va-t-il changer notre vie de “télévore” ? En rien. De plus, cela ne prouve pas qu’Antenne Réunion soit meilleure que RFO, cela prouve uniquement qu’ils sont capables, l’un comme l’autre, de nous diffuser n’importe quoi pour faire de l’audience.
De la part de la chaîne privée, cela se conçoit, la télé privée n’a malheureusement jamais eu une vocation culturelle, et elle nous le prouve tous les jours, mais venant de RFO, on ne comprend pas bien. Cette société n’est-elle pas un service public ?
Alors tirons-en les leçons qui s’imposent et renvoyons dos-à-dos ces 2 paons qui n’en finissent pas de faire la roue.

J’ai gagnééé, hé ! hé !

Rappelez-vous lorsque que je vous ai averti des conséquences d’une diffusion des programmes de Télé Réunion depuis leurs studios de Malakoff, je vous avais promis des problèmes techniques, c’est quelque peu embêtant de vous le dire, mais ce qui devait arriver arriva ! Donnant ainsi l’occasion à Gérald Prufer de justifier les mauvais scores de Télé Réunion dans le dernier sondage Médiamétrie. Tout arrive, et la dichotomie dans les couloirs de la station du Barachois est chose courante, tandis qu’au journal télévisé, on jubilait du maintien de l’audience de Télé Réunion. Le Directeur régional de RFO Réunion, le nez sur ses baskets, avertissait la presse que si les sondages étaient mauvais, cela était dû aux mauvaises conditions de diffusion des programmes depuis la métropole en mai et en juin. Il faut dire à M. Prufer que ce n’est pas seulement pendant ces 2 mois, mais que cela continue, certes, de façon moins importante mais tout de même ! Bien entendu, il ne faut pas incriminer les services techniques de RFO Réunion puisque la maison-mère leur a retiré le pouvoir de diffuser les émissions depuis notre île, entraînant ainsi la suppression de 11 postes de techniciens. Ce qui prive, entre parenthèse, notre département de main-d’œuvre qualifiée.
Lors de la conférence de presse de Patrick de Carolis donnée à l’hôtel Saint-Denis, je lui ai posé cette question à lui personnellement (quiz du personnel) et c’est un membre de son staff qui m’a répondu, arguant que les conditions de diffusion étaient meilleures depuis Paris (ah ! le syndrome de la goyave de France !), et qu’en ce qui concernait le personnel, il n’y avait eu aucun licenciement, bien au contraire, le reclassement s’était effectué de façon exemplaire. Ouf ! Mais alors, pourquoi, si le but était de rendre plus performant la diffusion, ne pas avoir renforcé le personnel ? Là, la réponse m’a été donnée par la même personne mais "off" comme on dit : "C’est que France-Télévision n’a pas un budget extensible", et comme jamais rien n’est parfait dans une délégation, un petit malin est venu me glisser à l’oreille : "Sauf qu’il a oublié de vous dire qu’ils ont embauché entre 9 et 11 personnes à Malakoff pour la rediffusion des émissions sur La Réunion".
En conclusion, chez RFO, c’est comme chez le coiffeur, on y perd son temps, son argent et ses cheveux, et au sortir, on risque un rhume de cerveau.

Philippe Tesseron
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