Réaction face à la Une du “Quotidien” qui clame que ’Paul Vergés ne condamne pas la Chine’

9 avril 2008

Je commencerai ici par reprendre une citation de M. Paul Vergès extraite de son interview dans le journal “Le Mauricien” la semaine dernière :
« Prenons le phénomène le plus évident. Si vous prenez l’histoire de l’humanité qui remonte à plusieurs centaines de milliers d’années, la population mondiale a progressé lentement jusqu’à 1 milliard 100 millions d’habitants, il y a un siècle et demi. Et puis, tout d’un coup, il y a eu cette croissance démographique qui nous porte actuellement à 6 milliards 700 millions, et nous aurons, dans 30 ou 40 ans, 9 milliards d’habitants. C’est un phénomène unique. On ne se rend pas compte que cela aura une portée incroyable ».
Un des problèmes que souligne Paul Vergès est l’accroissement démographique : une de ses luttes principales. Il l’étend ici à la Chine qu’il pense comme future puissance mondiale, dépassant même les E-U. L’Inde viendrait compléter le trio et témoigne, selon lui, d’une véritable montée en puissance du continent asiatique. C’est pour cela qu’il ne semble pas s’étonner de l’invasion chinoise au Tibet.
Or, il est impressionnant de voir comme les déclarations d’un seul homme viennent orner la Une du “Quotidien” : le véritable problème est-il de boycotter les jeux Olympiques nonobstant les relations Chine-Tibet ou de trouver une bonne occasion de régler ses comptes à un homme politique ?
Je ne m’étendrais pas sur le sujet car toute opinion qui semble diverger de la bonne norme “humaniste” française serait considérée comme hérétique...
En outre, en ce qui concerne les manifestations en France, on peut constater que le « pays des droits de l’homme » se réveille un peu tard face aux affrontements qui ont lieu sous ses yeux depuis des décennies. Les Jeux Olympiques semblent un prétexte, une occasion que l’Occident et ici la France n’a jamais eu le courage de saisir seule. Or, le peuple occidental est bien mal placé pour prétendre sauver le monde : il brandit donc ici son “humanisme” légendaire qui appelle à la paix, mais comment imposer à un pays dont on ne connaît pas l’histoire complète de cesser une lutte, si ce n’est en utilisant les mêmes moyens que ce pays. C’est malheureux à remarquer, mais lorsque l’on veut stopper un combat entre 2 partis, il n’y a qu’un seul moyen : s’interposer. Et s’interposer par la violence. Ce qui, d’ailleurs, a donné ces dernières années les “boucheries” entre l’Irak et l’Occident.
Alors, faut-il comprendre que la France et l’Occident veulent user (voire abuser) de la théorie gandhienne de la non-violence (ou satyagraha) ?...
Malheureusement ici, il est parfaitement inutile de jouer aux “Gandhi” occidentaux. N’oublions pas que lorsque le Mahatma a pacifiquement lutté pour l’indépendance de son pays, la situation était différente : Gandhi était le représentant d’un des deux partis en cause (le peuple indien face aux colons anglais).
Alors, cessons de prétendre vouloir changer les choses à coups de “boycott sportif” : s’il y avait un boycott à faire concernant la Chine, c’est au niveau économique qu’il se situe : empêcher des sportifs de pratiquer leur sport ne coûte rien au peuple français ; mais cesser de consommer les marques les plus représentées en occident constitue déjà un plus gros sacrifice...

N.C

Pékin 2008

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