Après le report de la présidentielle à une date indéterminée
Répression au Sénégal : les journalistes également visés dans les manifestations
15 février
Human Rights Watch a indiqué ce 12 février avoir des éléments indiquant que les journalistes sont ciblés en connaissance de cause par des forces de répression lors des manifestations des 9 et 10 février contre le report à une date indéterminée de l’élection présidentielle au Sénégal.
Lors des dernières manifestations à Dakar, les forces de sécurité ont agressé et intimidé des journalistes et les ont empêchés de couvrir les événements qui se déroulaient. « J’étais avec d’autres journalistes, nous portions tous nos gilets de presse, lorsqu’un policier a tiré une grenade lacrymogène sur nous », a raconté Mor Amar, un journaliste du journal EnQuête+. « Une de mes collègues a demandé au policier pourquoi il avait fait ça. Le policier l’a insultée et l’a agrippée. Je suis alors allé l’aider et le policier m’a frappé au visage. »
Au cours du même incident, Absa Anne, journaliste du média en ligne Seneweb, a été traînée dans un véhicule de police et battue jusqu’à perdre connaissance. « Elle m’a dit qu’elle avait reçu des coups de pied à la tête et au cou », a déclaré son frère à Human Rights Watch.
Human Rights Watch a vérifié une vidéo partagée sur les réseaux sociaux de l’attaque contre le groupe de journalistes montrant la police poussant et frappant des membres du groupe avant d’entrainer Absa Anne. Plusieurs autresvidéos montrant la police agressant des journalistes qui couvraient les manifestations ont circulé sur les réseaux sociaux.
« Les journalistes ont subi des violences inexplicables », a déclaré Ibrahima Lissa Faye, président de l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne. « Nous sommes préoccupés par le fait que les forces de sécurité aient reçu l’ordre de sévir contre les journalistes. »
Le droit international des droits humains et la Constitution sénégalaise protègent le droit à la liberté de réunion et d’expression et interdisent le recours excessif à la force par les responsables de l’application des lois. Les Lignes directrices de l’Union africaine pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunions en Afrique prévoient que les responsables de l’application des lois ne peuvent recourir à la force que proportionnellement à la gravité de l’infraction, et que le recours intentionnel à la force meurtrière n’est autorisé que lorsque cela est strictement inévitable pour protéger la vie.
« Le Sénégal est depuis longtemps considéré dans la région comme un exemple de la manière dont une démocratie peut encourager la liberté d’expression, la libre association et la participation politique », a expliqué Ilaria Allegrozzi. « Cet héritage est désormais menacé. Face à cette crise politique, les autorités doivent respecter les droits fondamentaux. »