À 19 heures 50 sur Tempo : ’Z’

Rien n’est fictif

3 août 2005

Un film français de Costa-Gavras avec Yves Montand, Irène Papas, Jean-Louis Trintignant, Jacques Perrin, Charles Denner, François Périer, Pierre Dux, Georges Géret, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi, Julien Guiomar, Magali Noël...

(page 15)

Dans la Grèce contemporaine, les forces libérales s’opposent, de façon latente ou ouverte, au pouvoir. C’est dans ce climat tendu que débute le film, au moment où un groupe d’avocats et de militants libéraux a organisé un meeting où leur chef, le député Z, homme éminemment libéral et de plus en plus populaire parmi les milieux modestes, s’apprête à parler. Mais le directeur de la vaste salle où devait avoir lieu la réunion rembourse les organisateurs, en déclarant que sa salle n’est plus disponible...
Le député (joué par Yves Montand), président d’une association pacifiste, est frappé à mort par un activiste d’extrême droite, peu après une conférence. La justice se dépêche de présenter l’affaire comme un simple accident mais un jeune juge (joué par Jean-Louis Trintignant) entend bien découvrir les tenants de l’histoire et finit par comprendre que toute cette intrigue n’est qu’un complot du pouvoir en place pour se débarrasser des opposants...
"Comme annoncé au début du film, toute ressemblance avec des personnes et des événements est volontaire. Les événements, les personnes, les décors, rien n’est fictif". Quelle phrase plus symptomatique que celle-ci, prononcée par Costa-Gavras lui-même, aurait pu ouvrir ma chronique sur ce grand rendez vous télévisuel qu’est la projection de "Z" !
Parler de "Z" c’est parler de la Grèce des colonels dictateurs, bien que des résumés du film rapportés dans la presse parlent pour certains, "d’une histoire située dans une grande ville du Nord d’un pays non désigné" pour d’autres, "d’une histoire en pleine guerre froide, dans un pays imaginaire contrôlé en sous-main par les militaires". Pourtant Costa-Gavras ne fait pas mystère de s’être appuyé sur l’affaire du député grec, Grigoris Lambrakis.

Comprendre ce qu’est l’idéologie d’extrême droite

L’extrême droite et son cortège de mesures dictatoriales ayant depuis bien longtemps quitté le pouvoir en Grèce, personne ne peut plus dire que l’histoire de "Z" tournée par Costa-Gavras ne se soit passée ailleurs. Alors pourquoi toutes ces précautions ? Pour en revenir à la programmation de ce film sur Tempo ce soir, je pense que par les temps qui courent, où l’on voit le score aux élections du Front national, il n’est pas inutile de faire une piqûre de rappel sur les dangers d’une idéologie assez nauséabonde.
Nous verrons ce soir dans "Z" comment cette vision des choses devrait en éclairer plus d’un sur les pratiques de certains pays qui se disent démocratiques et expliquer aux jeunes comment la Grèce est devenue une dictature militaire. Car ce qui est à noter, c’est que l’assassinat du député Lambrakis a eu lieu pratiquement 4 ans avant l’avènement du régime d’extrême droite dit "des Colonels". (voir page 4)
Notons que le mécanisme qui amène la mise en place d’un régime fasciste est sensiblement le même à chaque fois. Nous l’avons vu avec l’avènement d’Hitler (à voir à ce sujet le magnifique film de Bergman "l’œuf du serpent" dans la même veine que "Z") ou avec celui de Mussolini. Ces dictateurs qui échouent par la force, prennent le pouvoir par le vote démocratique. La plupart du temps ils se sont appuyés sur une droite au pouvoir qui s’affaiblit, incapable de résoudre une crise économique et sur une gauche divisée dans l’opposition. Ainsi, on voit le nationalisme s’installer dans les esprits, puis au pouvoir. Alors que les Français se cherchent, le danger est bien présent et un film intemporel comme "Z" est tout trouvé pour raviver notre mémoire et comprendre ce qu’est l’idéologie d’extrême droite.

Ph. T.


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