Revue de presse de Radio-Réunion

Service privé

18 janvier 2005

(Page 5)

Depuis quelques semaines, la “revue de presse” quotidienne de Radio-Réunion est réalisée par un journaliste qui remplace un confrère parti en vacances. L’intéressé respecte ce qui ressemble à une consigne : la part consacrée à “Témoignages” consiste à faire état d’un seul et unique article, en général celui qui fait la “une”. Tous les autres sujets traités, quelle que soit leur importance, sont systématiquement oubliés. Cela a encore été le cas hier matin.
Cependant, à cette occasion, ce journaliste a usé d’une pratique rare.
Rappelant une information de la semaine dernière - un de nos confrères avait signalé que des affiches de cinéma et des films de l’ancien cinéma Rio étaient gardés par la SHLMR, nouveau propriétaire des lieux -, ce journaliste s’est adressé directement à cette société pour dire qu’il était preneur voire même acheteur de certaines de ces affiches.
Quand un collectionneur ordinaire veut passer ce genre d’appel, il utilise des voies classiques : les petites annonces de la presse écrite ou parlée, sinon il recourt à la presse spécialisée (il existe en France plusieurs revues de collectionneurs ainsi que des sites de ventes par internet). En tout cas, Radio-Réunion diffuse en temps ordinaire une émission de ce genre. Le journaliste en question aurait donc pu, comme n’importe quel citoyen, utiliser ces moyens. Mieux : il aurait pu s’adresser à la SHLMR et faire son offre directement à la société.
Ce journaliste a préféré user de sa position et utiliser Radio-Réunion pour diffuser sa demande. C’est exceptionnel. Lorsque l’ancien chef de l’État qu’était François Mitterrand était à la recherche d’un livre rare, il ne se permettait pas de faire passer une annonce dans le journal télévisé de France 2. Le journaliste s’est donc accordé un privilège qu’il est seul à pouvoir exercer. Ainsi, il a réduit le service public à un service privé, au bénéfice d’une seule et unique personne.
C’est là l’expression publique du climat qui règne à la station du Barachois où, pour certains, le copinage fait bon ménage avec le sentiment que la radio - sinon la télé - est un propriété personnelle. Nous avons entendu, un jour, un responsable de la rédaction dire : "on ne ferait pas cela sur “ma” radio". L’actuel chef de la rédaction télé déclarait récemment, pour justifier la décision de ne pas couvrir une conférence de presse : "c’est mon choix", sans estimer nécessaire d’expliquer ce choix et, ayant fait ce choix sans s’être au préalable renseigné sur le sujet qui sera traité lors de la dite conférence de presse !
Reste maintenant à savoir comment réagira la SHLMR et si elle compte satisfaire ce passe-droit.

J. M.


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