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Dans ce contexte très particulier de l’après référendum, où nous venons d’assister à l’adoubement du Premier ministre par son "inférieur hiérarchique", ministre de l’intérieur, chose en soi plutôt choquante et extraordinaire, la décision de RFO de reléguer France Inter sur la bande AM, fait l’effet d’une bombe dans le paysage médiatique réunionnais.
Cette annonce soudaine et plutôt cavalière, prise sans concertation d’aucune sorte a de quoi déconcerter, d’autant plus que la direction de l’antenne reste très discrète quant aux motifs de cette décision. "La semaine prochaine, on vous racontera tout, c’est promis..."
On sait seulement que le canal de RFO 2, mis à la disposition de France Inter sera désormais le véhicule d’une radio dite "branchée", plus musicale, plus jeune (au rencard les vieux), à savoir "le Mouv", radio très anglo-saxonne que le mot culture effraie manifestement et qui a déjà chassé du paysage radiophonique français les 2/3 des stations de FIP (France Inter Paris), radio essentiellement musicale, de qualité, dans des villes comme Marseille, Lyon, Lille, Metz, Nice...
Est-ce pour faire face à la concurrence que représente NRJ dans l’île que cette offre en direction du jeune public à été faite ? Tous les jeunes sont-ils uniquement sensibles à ce style de radio ? Je crois que ce serait les enfermer dans un modèle réducteur. Un grand nombre d’entre eux se posent des questions à juste titre sur leur avenir et l’outil "informatif" et culturel que représente France Inter est une fenêtre ouverte sur le monde.
Ce plan de restructuration du réseau, de plus, nous amènera forcément vers des supports de communication payants (câble, satellite, Internet...), sachant qu’avec la couverture AM qui nous est proposée, nous n’aurons plus la possibilité d’écouter nos émissions favorites et seuls les privilégiés auront alors accès à une autre information.
Nous en avons assez du nivellement par le bas vers lequel on essaie de nous aspirer et du mercantilisme qui font de l’anti-culture le gagne misère des gens âpres au gain.
En fait, ce qui nous intéresse dans France Inter, c’est d’abord le lien qu’elle représente, comme garant de la continuité territoriale, car beaucoup d’entre nous ne regardent plus la télé. Cette radio est un relais avec l’actualité nationale et internationale et il est très important de ne pas couper ce cordon.
Ceci dit, nous savons rester objectif et je vous dirais que les prises de position partisanes de France Inter, à travers les dires de ses journalistes et des animateurs de certaines de ses émissions me mettent bien souvent en colère depuis quelque temps. C’est pour cela aussi, que cette radio ne doit pas disparaître, car c’est dans les non-dits et la couverture propagandiste des événements que nous pouvons comprendre ce qui se trame actuellement.
France Inter, d’une manière générale, comme la majorité des médias, n’échappe pas hélas à la mainmise ultra-libérale de puissants lobbies... Les médias sont sous influence du groupe atlantiste, dont M. Sarkozy est le représentant en France. Mais nous changerons la donne ; chaque chose en son temps... Nous ne supporterons pas longtemps encore le muselage des médias, organe de propagande d’un mode de vie "à l’américaine".
Serions-nous, en attendant, devenus invisibles, inexistants aux yeux de ces décideurs ?
Le vote nous laisse déjà penser qu’il n’est plus le garant de la démocratie. Pourtant le “non” à ce traité a une signification centrale : "il marque un coup d’arrêt à la prétention d’imposer partout dans le monde et au mépris des citoyens, un unique modèle économique ; celui défini par le dogme de la globalisation". Ces propos sont tirés d’un article d’Ignacio Ramonet, du “Monde Diplomatique”, que je vous invite vivement à consulter.
Pour en revenir à la décision unilatérale de RFO, aurait-elle seulement à voir avec le marketing ou ne viendrait-elle pas de plus hautes instances ?
Môssieur Sarkozy, grand vizir omnipotent et omniscient, aurait-il eu les oreilles qui sifflent à l’annonce des résultats du scrutin, pour le référendum ? Les 60% en faveur du “non”, à la Réunion, aurait-il déclenché une crise d’urticaire chez notre ministre de l’intérieur ?
À titre personnel, je crois voir dans cette annonce subite de RFO, une volonté de sanctionner les Réunionnais.
Il n’empêche que nous nous sentons méprisés à travers cette décision intolérable de RFO.
Ici, avec une antenne-relais à Saint-Pierre, dans le sud de l’île, il sera rendu quasi inaudible l’écoute de France Inter, dans la plupart des régions. Comment les auditeurs d’une émission comme "Carrefour de l’Odéon" pourront-ils continuer à l’écouter, en mono ? Ridicule. Et quant à l’émission libre de Daniel Mermet, "là-bas, si j’y suis", très écoutée ici, lorsqu’un mot sur trois seulement nous parviendra, nous n’aurons plus qu’à ressortir nos vieux postes à galène.
Bref, taux d’audience ou raison d’état, nous ne saurons probablement pas les véritables raisons de ce défi lancé par RFO, mais nous commençons d’ores et déjà à nous mobiliser pour que France Inter reste sur la bande FM. Pourtant, je le répète, ce média, dont la directrice, Mme Goetsinger clame haut et fort que ce n’est pas au public à déterminer la ligne éditoriale de France Inter, tout en dépendant des fonds publics pour la bonne marche de son entreprise, ne représente pas le summum de l’objectivité en matière d’information.
Nous entrons en résistance pour mener le combat pour l’égalité des droits et le droit à l’accès à l’information et à la culture pour tous.
Il n’est pas dit que les marchands du temple l’emporteront... Le modèle français, humaniste sera, nous l’espérons, la voie choisie pour nos demains.

Association Imagine la Paix
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