Succès du séminaire sur les médias alternatifs à La Réunion
« Rencontre entre professionnels et chercheurs » organisée par les étudiants en M2 Info-Com de l’Université de La Réunion
mardi 31 octobre 2023, par
Ce 26 octobre, à l’initiative des étudiants en Master 2 Information-Communication de l’Université de La Réunion, un séminaire sur le journalisme alternatif s’est tenu au Campus du Moufia. Aux côtés de « Parallèle Sud », du « Tangue », de « Radar 974 », Témoignages a participé à cette « Rencontre entre professionnels et chercheurs » qui dura tout l’après-midi sans interruption.
Les étudiants en Master 2 Information-Communication de l’Université de La Réunion ont organisé ce 26 octobre une « Rencontre entre professionnels et chercheurs ». Elle avait lieu à l’Amphithéâtre 5 de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, Campus du Moufia.
Les praticiens invités étaient Loïc Chaux du « Tangue », journal satirique en ligne réunionnais, Patricia De Bollivier et Jéromine Santo-Gammaire de « Parallèle Sud », journal créé par des journalistes sous forme de SCOP, Manuel Marchal de « Témoignages », plus ancien média de La Réunion encore en activité, et Matthieu Patou-Parvedy de « Radar 974 » et « Linfo.re ».
Le but de ce séminaire était d’évoquer le journalisme dit alternatif, sur la base de cette définition :
« Le média alternatif ou participatif est souvent désigné comme un moyen de diffuser des informations plus “libres” et loin des idées que partagent les médias traditionnels, parfois contraints par leurs relations commerciales et politiques, mais comme l’analysent Dominique Cardon et Fabien Granjon dans leur ouvrage « Médiactivistes” (2010, p. 115) :
“le principal argument justifiant la constitution d’une alternative aux médias centraux s’est affaibli en raison de l’accessibilité de plus en plus aisée des personnes au réseau des réseaux. Il est devenu beaucoup plus facile pour les individus ayant accès à internet de devenir eux-mêmes producteurs-diffuseurs d’information”. »
Ne pas faire du profit maximum la priorité
Les étudiants en Master 2 firent d’abord une présentation des différents médias alternatifs qu’ils recensent à La Réunion. Ceci comprend une dizaine de médias d’information écrits et audiovisuels. Cela exclut donc les télévisions, les deux quotidiens de presse écrite, les radios généralistes adossées à de grands groupes publics ou privés.
Le principal point commun à ces médias dits alternatifs est que leur principal objectif n’est pas de maximiser les profits financiers. Ils sont tous publiés sur Internet, et leur priorité n’est pas l’audience à tout prix, afin d’espérer d’importantes recettes publicitaires.
Richesse dans la diversité des approches
Cela se traduit dans la ligne éditoriale. Par exemple, pour « Le Tangue », il s’agit d’un fonctionnement s’inspirant du « Canard enchaîné », avec un financement uniquement par ses lecteurs sans publicité. Pour « Parallèle sud », c’est un choix des sujets indépendant des contraintes économiques et des pressions politiques. Pour « Radar 974 », c’est un média d’information construit avant tout par ses lecteurs. Pour « Témoignages », l’objectif est de faire entendre une parole réunionnaise au monde, tout en défendant l’évolution vers une société sans injustice sociale dans la droite ligne de l’idéologie du Parti communiste réunionnais, dont il est le journal depuis 1959.
Ces médias ont également une diversité dans leur financement. Pour « Témoignages », Manuel Marchal a rappelé qu’il fallait tenir compte du support, Internet. Ceci permet à notre journal d’être lu dans de nombreux pays, notamment l’Afrique francophone. Or, dans ces pays, une somme qui pourrait paraître modique pour un Réunionnais en échange d’un abonnement, par exemple 5 euros, a une toute autre signification. Ainsi à Madagascar, il est possible de se nourrir pendant une semaine pour 5 euros. Dans ces conditions, pourquoi ces médias alternatifs ne se feraient-ils par en partie rémunérer par les vendeurs d’abonnement à Internet. Car même si un média publie gratuitement ses articles, il est nécessaire de payer un abonnement à Internet pour y accéder.
Retour aux sources du journalisme
En définitive, ces médias alternatifs semblent être l’illustration d’un retour aux sources du journalisme, avec comme priorité d’informer sans chercher l’émotionnel qui fait vendre. Ceci renvoie à la responsabilité générale des médias, dont une des fonctions est de contribuer au débat démocratique.
Le séminaire s’est déroulé pendant trois heures sans la moindre pause. Ceci a permis de souligner la pertinence du choix du sujet et l’intérêt du public. Une initiative à reproduire, gageons qu’au sein des étudiants, ce séminaire a fait naître ou conforté des vocations de journalistes.
M.M.