Éclairages ...

Sur la face cachée de notre professeur d’éthique journalistique et de morale individuelle du samedi

9 août 2007

Certains hommes ont leur face d’ombre, qu’ils préfèrent sans doute oublier ou faire oublier. Il en est ainsi d’un des personnages éminents de la presse qui se répand chaque samedi dans un des quotidiens de La Réunion. Il nous est apparu nécessaire de soulever une part du passé de ce monsieur qui peut éclairer nos lecteurs sur ces agissements d’aujourd’hui.

C’est pourquoi, nous publions aujourd’hui et demain deux extraits d’articles qui dépeignent un bien curieux personnage...

Le premier est signé par Jacques Derogy, journaliste de “l’Express” aujourd’hui disparu. Il fut pionnier du journalisme d’investigation et écrivain. Ce qui le caractérise est la recherche de la vérité, avec une obstination, un calme qui le distinguaient dans la profession. Licencié en philosophie, il est entré à “Franc-Tireur” et a assuré pour ce quotidien le reportage sur l’affaire de l’Exodus (1947). Plus tard, il fut l’envoyé spécial de “l’Express” pour couvrir en Israël la guerre des Six-Jours (1967). Il a écrit une dizaine d’ouvrages, notamment sur le contrôle des naissances et la recherche sur le cancer. Il a aussi publié “La Loi du Retour”, “Les Secrets du Ballottage (avec Jean-François Kahn), “Bonaparte en Terre Sainte” et “Cent récits sur l’histoire contemporaine d’Israël” (1996), tous deux avec Hesi Carmel.

L’extrait que nous publions fait partie d’un article qui relate un fait-divers, la cavale de Jacques Mesrine, gangster notoire qui veut se donner des allures de ’Robin des Bois’, et sa mort dans une souricière tendue par les policiers. Auparavant, il défie les autorités, et accorde des interviews à des journalistes, dont Gilles Millet de “Libération”. C’est dans ce contexte qu’intervient un ’journaliste’ de “Minute”, Jacques Tillier...

“L’Express” du 24 septembre 1979

Mesrine : seul contre personne

[...] Pour s’expliquer longuement sur le sens de sa violence, Mesrine s’adresse plutôt à “Libération” [...]. Enfin, il piège un reporter de “Minute”, Jacques Tillier, qui s’acharne à ses trousses, tout en aboyant à ses basques. Avec la promesse de lui faire réaliser le "scoop de sa vie", Mesrine le séquestre au fond d’une grotte de l’Oise [...] et lui loge trois balles dans la mâchoire, l’épaule et le cou. « Votre Tillier ne m’a pas trouvé, écrit-il au directeur de “Minute”. Je l’ai convoqué pour lui donner la violente leçon qu’il a reçue ».

Les « plombiers »

Jacques Tillier, spécialiste des "coups" fumants ou fourrés, qui a débuté comme agent subalterne à la D.S.T., cherchait, en fait, le contact avec Mesrine depuis l’attentat manqué contre un président de Cour d’Assises. Tillier s’était alors présenté au domicile d’un témoin qui le prit pour un inspecteur et lui permit de retrouver Kopf dont les policiers avaient perdu la trace.
Le chef de la P.J. parisienne, Jean Ducret, s’est plaint publiquement du rôle de ce journaliste : « Tel est le cas de quelqu’un qui joue les policiers, va voir les témoins, obtient des renseignements sur des individus que nous surveillons, et va prévenir ces derniers que nous les filons ».
Tillier fut, à son tour, l’objet de filatures, surtout quand, en juillet, il proposa au fils du milliardaire Lelièvre de [...] porter la rançon et rencontrer Mesrine. Mais la police, qui avait cessé de surveiller le journaliste - à sa propre demande - s’y opposa.

Par Jacques Derogy


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