Octobre 1977-Octobre 2009

Télévision : Le combat pour la liberté continue

26 octobre 2009

Pourquoi à La Réunion, la télévision du service public revient-elle aux méthodes qui avaient poussé des milliers de personnes à manifester pour libérer FR3 voici 32 ans ?

L’Histoire et l’actualité sont là pour rappeler que la liberté de la presse est une caractéristique d’une démocratie. La démocratie a en effet besoin d’une presse libre, et lorsqu’un pays bénéficie d’un service public d’information, ce dernier est logiquement une garantie pour le respect de cette liberté de la presse. En effet, puisque ce service ne dépend pas d’intérêts privés, il se doit de n’exclure personne, et doit donc donner au peuple tous les éléments nécessaires à la construction de son opinion.

Durant des décennies, le service public d’information à La Réunion a été détourné de son objectif. Il a été mis au service d’intérêts partisans et c’est avec la télévision que cette orientation a été la plus criante.

L’arrivée de la télévision à La Réunion n’était pas une ouverture sur le monde. Loin d’être un outil de connaissance, c’était un moyen de propagande et d’exclusion, ce qui explique pourquoi la télévision a été mise en service en 1964, au moment où le suffrage universel avait cessé d’exister.

C’était un nouvel instrument de répression. En effet, en 1964, la télévision était le monopole du service public, et l’année suivante, des élections municipales aboutissaient à des "résultats" où les candidats soutenus par le pouvoir central obtenaient plus de 90% des voix à La Réunion, et 100% dans certaines communes, malgré la présence de plusieurs listes. À l’époque, le service public a couvert ces exactions. Et pendant 17 ans, le PCR allait être interdit de télévision. Mais en bâillonnant les communistes, c’était la liberté de tous les Réunionnais qui était opprimée.

Suffrage universel et pluralisme

C’est ce que le peuple a rappelé à cette époque, et deux batailles étaient menées de front.

La première visait à rétablir le respect du suffrage universel dans le pays, avec la création de l’ADNOE qui a rassemblé bien au-delà des communistes. Les premières victoires furent obtenues en 1970. À Saint-Pierre, la fraude est mise en échec aux cantonales partielles, et deux membres du PCR sont élus. L’année suivante, le suffrage universel est respecté dans trois communes, qui voient la majorité changer. Le Port, La Possession et Saint-Louis ont droit à des représentants élus, c’est le début d’un renversement irréversible qui allait conduire à la situation que nous connaissons aujourd’hui : le déroulement normal des opérations électorales.

La deuxième bataille était livrée contre ceux qui détournaient le service public pour utiliser ses moyens financés par l’argent du peuple à des fins partisanes. Dès son arrivée à La Réunion, la télévision avait banni de ses principes le pluralisme. Elle était au service de ceux qui fraudaient à un tel point que leur indécence leur faisait s’attribuer des scores de 100% ! Et elle bâillonnait tous ceux qui voulaient qu’au sein de la République, les méthodes dictatoriales des représentants du pouvoir central cessent. Mais malgré tous les moyens mis au service de cette politique, la liberté remportait là aussi des succès incontestables.

Il y a 32 ans, des milliers de Réunionnais ont manifesté pour que FR3 cesse de combattre la liberté.

En octobre 1977, une grande manifestation pour la liberté de la presse réunissait des milliers de personnes devant le siège de FR3, l’administration qui précédait RFO-Télé. « La défense des libertés est un combat qui nécessite à chaque fois un engagement de tous ceux qui veulent réellement la démocratie. Pas de liberté sans combat », écrivaient dans une motion les nombreuses organisations qui ont participé à ce mouvement.

« Pas de liberté sans combat »

Quatre ans plus tard, le pluralisme allait enfin arriver sur les plateaux de télé à La Réunion. FR3 devenait RFO, et cessait d’être l’instrument de propagande de la frange la plus rétrograde de la société réunionnaise.
« Pas de liberté sans combat » : 32 ans plus tard, ce mot d’ordre est toujours d’actualité.

En effet, force est de constater que RFO-Télé renoue avec les méthodes de feu FR3 : refuser de montrer aux Réunionnais ce que font d’autres Réunionnais pour développer le pays. Ceux qui inspirent la ligne éditoriale de la télévision publique expriment la volonté de maintenir les Réunionnais dans une situation d’infériorité, elle est totalement à contre-courant de l’Histoire. Lorsque RFO-Télé censure le président de la Région au sujet du maloya, ses inspirateurs ne peuvent pas empêcher les Nations Unies de reconnaître le maloya patrimoine de l’humanité. Et quand RFO-Télé ne diffuse pas la nouvelle annonçant l’attribution d’un prix international pour le tram-train, remis par un membre du gouvernement, elle prive 800.000 Réunionnais d’une distinction dont ils peuvent tous être fiers. Alors pourquoi donc s’obstiner à revenir 32 ans en arrière ? Comment peut-on encore détourner un service public pour en faire un instrument de lutte contre la liberté d’opinion ?

M.M.

Le tram-train a été récompensé d’un prix international : pour ceux qui dictent à RFO-Télé sa conduite, il ne faut surtout pas que les Réunionnais apprennent une telle nouvelle.
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