MALOYA et Service public d’information

Térence* : « Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger » RFO-Réunion : « Je suis à La Réunion, donc tout ce qui est réunionnais m’est étranger »

26 octobre 2009

RFO-Réunion est un service public d’information. Il est payé par nos impôts (et nous savons ce qu’il en est en ce moment puisque nous sommes conviés à les payer ces fameuses cotisations). En principe, donc, RFO-Réunion, Radio, télé et internet devrait être au service de l’information de tous les Réunionnais. Or il est désolant, pour le partisan acharné du service public que je suis, de constater qu’il n’en est rien.
Le récent épisode du Maloya vient de démontrer, une fois de plus s’il en était encore besoin, le mépris dans lequel les dirigeants du service public d’information tiennent les Réunionnais et les manifestations de leur indentité culturelle.
Pour RFO-Réunion : Tango, SI ! Maloya, Bof !
Tandis que sur les lieux mêmes de sa naissance, le Maloya est ainsi snobé par le prétendu service public d’information, à des milliers de kilomètres de notre île, dans un pays richement doté du point de vue culturel, le Maroc, le Maloya vient d’être — une fois de plus — triomphalement plébiscité comme un enrichissement de la culture marocaine. Le tout se déroulant sous l’égide… de l’ambassade de France, par le truchement des Instituts français d’Agadir et de Fès.
Dans ces deux villes, l’une berbère (amazigh) et l’autre arabe et célèbre également pour son festival international des musiques religieuses, le groupe réunionnais emmené par Sami Pajeaux-Waro a reçu un accueil enthousiaste et suscité une profonde émotion auprès d’un public des plus avertis.
Certes, nul n’est prophète en son pays, dit-on, mais l’attitude de RFO-Réunion dépasse l’entendement : voilà notre Maloya, l’une des expressions les plus puissantes de notre identité réunionnaise, tellement profonde, tellement riche qu’elle est capable de susciter une émotion emportant l’adhésion de tous les publics du monde ; mais, par la (dis)grâce de RFO-Réunion, cette expression culturelle capable de bouleverser et transporter qui veut bien lui confier écoute et sensibilité, est niée, occultée. RFO-Réunion n’en veut pas, le Maloya n’existe donc pas. L’identité réunionnaise est sommée de se soumettre et de s’adapter exclusivement aux produits musicaux de consommation de Paris, New York et Los Angeles : ni racine, ni mémoire : vive la culture nénuphare !
L’auteur carthaginois, donc berbère, Térence, né pourtant d’une cité en guerre perpétuelle contre Rome, bien que très critique à l’encontre de la métropole romaine, a vu ses écrits reconnus et intégrés au patrimoine latin. À RFO-Réunion, au contraire, la guerre conduite par FR3-Réunion contre les formes populaires d’expression de l’identité réunionnaise, perdure.
Là où le génie de Térence le conduisait à dire « Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger », l’étroitesse d’esprit des commandeurs de RFO-Réunion répond : « Je suis à La Réunion, donc tout ce qui est réunionnais m’est étranger ».

Jean Saint-Marc

* Térence (Publius Terentius Afer)- auteur berbère d’expression latine – (Carthage : 185-159 av. J-C)

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Messages

  • « Je suis français, rien de ce qui est français ne m’est étranger », tout ce qui est réunionnais m’est étranger.

    Pour reprendre leur logique, enfin ce qu’ils, ces dirigeants de droite de l’époque, ne cessaient de répéter :
    1/ La Réunion c’est la France.
    2/ La Réunion sera Française.
    3/ Quand à la Réunion, il n’y aura plus de réunionnais.

    Voilà l’une des causes et non moins flagrante, par le fait de la non-considération de l’expression orale du réunionnais, du résultat des 100.000 illèttrés français de la Réunion.


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