La revue de presse de Radio-Réunion

Un démago au micro

21 janvier 2005

(Page 3)

Le journaliste de Radio-Réunion qui réalise actuellement la revue de presse de la station est obsédé par les problèmes de circulation routière. On pourrait dire sur le mode ironique qu’il a, à la place du cerveau, une voiture. Aussi, à la lecture des comptes-rendus faits par les trois quotidiens sur les résultats du grand débat sur les déplacements à La Réunion, il s’est littéralement déchaîné.
Selon ce journaliste, les problèmes de circulation dans l’île ne résultent pas d’un trop-plein de voitures individuelles par rapport au kilométrage des routes. L’embolie proviendrait selon lui, d’une part du comportement de certains mauvais chauffeurs qu’il qualifie de “crétins” et, d’autre part, d’un mauvais aménagement de plusieurs points. Il en a alors dressé une liste impressionnante. Il a aussi émis l’opinion qu’une route ne peut être "partagée" entre la voiture, le vélo et tout autre mode de circulation.
Cette opinion est celle d’une personne. Elle n’est pas partagée quand elle n’est pas contestée. Pourquoi cette personne, parce qu’elle exerce la profession de journaliste à RFO, aurait-elle seule le droit d’exprimer son point de vue sur la radio de service public ? Pourquoi les autres opinions sur le même problème n’ont-elles pas droit de cité ?
Or, l’intéressé fait dans la démagogie la plus pure.
La conclusion principale ressortant du débat est que La Réunion ne peut plus attendre 10 ans une solution aux problèmes posés par la circulation routière. Le journaliste en question a tenu à rajouter que cela fait en réalité 50 ans que l’île est "martyrisée" en matière d’embouteillages et autres problèmes routiers. Il y a 50 ans de cela, le nombre de voitures circulant à La Réunion ne devait pas dépasser les 10.000. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 70 que le parc automobile a connu l’explosion que l’on sait. On est passé de 61.688 véhicules en 1972 à 89.921 en 1976 et 124.058 en 1980 (1) . Soit 101% d’augmentation en 12 ans.
L’analyse de ce journaliste est à la fois fausse et doit être relativisée : on a mis près de 50 ans pour réaliser en grande partie l’égalité sociale ; actuellement le taux de chômage de l’île est d’un moins de 40% ; il faudra certainement plus de 10 ans pour le ramener à l’actuel taux métropolitain (environ 10%). Or, dans ces deux cas, on n’a pas entendu le chroniqueur du service public dire que La Réunion est martyrisée.
Radio-Réunion perd de plus en plus d’audience. Selon les dernières évaluations, celle-ci culminerait à 10%. À entendre le discours genre poujadiste que l’on a entendu hier matin, on comprend pourquoi.

J. M

(1) Dans “Statistiques et indicateurs économiques 1976 - 1980”.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus