Il est bon de temps en temps de faire son mea culpa car il est vrai que dernièrement dans ce même quotidien, j’avais fustigé la nouvelle grille des programmes de Télé Réunion. Non pas que mon avis ait changé en ce qui concerne le journal télévisé, de ce côté rien de neuf sous le soleil, ni que mon opinion ait changé au sujet de "Barbarita", de ce côté-là non plus, pas de bonnes nouvelles à attendre, la chaîne publique va continuer de déverser les images consternantes de médiocrité de cette télé nova.
Mais ce qui m’avait fait réagir c’était la peur de voir Télé Réunion copier la petite chaîne d’à côté. Je pensais que si le JT avait été avancé, c’était pour nous diffuser un peu plus de soupe en première partie de soirée. Eh bien non ! Du moins pour ce qui est d’un mercredi soir par mois et peut-être bien deux, si l’on en croit la publicité nous annonçant que "par lé o par lé ba" serait également diffusé dans le même créneau horaire, mais cette fois le premier mercredi du mois.
Bien entendu je n’irai pas jusqu’à dire que la venue du magazine "Mag’ à zot" justifie l’avancement du journal télévisé à 19 heures et pourquoi pas à 16 heures pendant qu’on y est ! Et pour pousser un peu plus loin dans l’absurde, pourquoi pas un film érotique à 20 heures ! Il ne restera plus qu’à programmer l’émission pour la jeunesse "Voilou" à 23 heures. Il ne suffit pas de copier pour faire de l’audience, de plus est ce bien la vocation première d’une chaîne de service public ?
Par contre le chemin que vient de prendre Télé Réunion en étoffant une fois par mois le JT avec le nouveau magazine, est sans nul doute la bonne voie pour redonner un peu de couleur à cette station. Les prémices de l’émission qui m’a été donnée de voir me semblent de bon augure et il serait vraiment dommage de ne pas y joindre quelques encouragements.

Format équilibré

Le reportage réalisé par Marie-Ange Frassati est à la hauteur des meilleurs reportages venus de Métropole. On a envie de dire à cette rédaction : "vous voyez que c’est possible de faire de la télé de proximité sans être médiocre". Quant au format choisi pour ce magazine, il me paraît tout à fait équilibré : 26 minutes de reportage, 30 minutes de débats (Alain Rodaix nous a gentiment glissé qu’il n’était pas exclu de laisser déborder), il reste 15 petites minutes pour les questions des téléspectateurs.
Pour en revenir à l’émission de mercredi, je dois bien avouer que le reportage m’a séduit tant par son contenu que par la façon dont il a été filmé. Il nous fait découvrir une photographie assez juste de la précarité à La Réunion. Le fait de suivre cette association (Association Pour La Possession) pendant cinq jours nous permet d’avoir une vision d’ensemble des problèmes rencontrés par les SDF dans notre Île.
Il est à remarquer que ce reportage, même si il se veut grave, n’est pas tout à fait négatif et nous montre que par moments, dans toute cette solitude et cette misère, une bulle de rire jaillit et nous donne à penser que tout espoir n’est pas perdu. Il faut espérer que le coup de projecteur donné sur cette association va ouvrir les yeux de certains car ce qu’un SDF a pu réussir, pourquoi nos édiles politiques ne le réussiraient-ils pas ?

Le téléspectateur a la parole

Pour ce premier débat, la rédaction de Télé Réunion a choisi d’inviter Huguette Bello, Roland Lambert de l’association "APP" et Patrick Savatier de l’association "Papa Momon lé la" ; il est à regretter tout de même qu’aucun élu du conseil Général, pourtant en charge de la solidarité, ne soit présent sur le plateau, surtout que la majorité des citoyens rejètent sur les politiques la responsabilité de la misère.
Nous savons que nous pourrons compter sur Huguette Bello pour remettre les choses en place, mais il aurait été savoureux qu’un membre de la majorité de droite soit présent pour nous expliquer jusqu’où le gouvernement a l’intention d’aller dans la casse sociale qui pousse les gens dans la misère et vers l’exclusion.
Je suggère aux téléspectateurs d’être nombreux à téléphoner, pour une fois que nous avons la parole à la télévision à une heure de grande d’écoute, il ne faudra pas s’en priver ! Je profite de ce papier pour poser la toute première question à Patrick Savatier : "Qu’en est-il des allégations parues dans un quotidien de La Réunion concernant vos accointances avec le bureau d’un maire d’une commune de l’Est par ailleurs sénateur et pécheur occasionnel ?" Pour conclure, il me reste à souhaiter bonne route à ce nouveau magazine et à redire à la direction de RFO que ce n’est pas en copiant sur le voisin qu’elle avancera, mais bien en réalisant de telles émissions.

Philippe Tesseron
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