La suppression de France Inter de la bande F.M. par R.F.O.

Une décision bureaucratique et imbécile

13 juin 2005

La redevance audiovisuelle est la ressource principale du service public de l’audiovisuel, donc de RFO. Depuis le début de cette année, les modalités de sa perception ont changé. Elle sera désormais perçue en même temps que la taxe sur l’habitation. Au moment du passage d’un système à l’autre, on s’est rendu compte que pratiquement 1 Réunionnais sur 2 ne la payait pas. Il y a à cela de nombreuses raisons. La principale est sans doute l’expression d’un mouvement d’humeur à l’égard du service public d’information parce qu’il n’offre pas au public réunionnais ce que ce dernier attend.

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Le mécontentement des Réunionnais contre RFO est confirmé par la baisse tendancielle du taux d’audience de la radio comme de la télévision, même si Télé-Réunion reste la plus regardée. C’est le contraire qui eût été étonnant : avec les moyens matériels et humains dont dispose la première chaîne publique, elle ne peut que faire mieux que la concurrence en termes d’audimat.
Le manque d’intérêt que connaît le service public a plusieurs causes.
La décision de supprimer France Inter de la bande F.M. illustre une d’entre elles. Il s’agit d’une mesure prise sans information préalable et sans concertation par un groupe d’hommes et de femmes dont on ignore la composition et les prérogatives.
C’est le type-même de mesure bureaucratique prise dans l’opacité la plus totale, soi-disant pour faire le bonheur des Réunionnais. Elle est typique des pratiques de la maison.
Celle-ci ne sélectionne-t-elle pas les programmes diffusés sur Télé-Réunion et Tempo sans demander l’avis de personne ? Ne décide-t-elle pas seule des heures de diffusion des différentes émissions ?
Bien que la station ait constamment et depuis des lustres le mot “proximité” à la bouche, l’auditeur et le téléspectateur n’ont guère la parole. Il n’y a aucun intermédiaire entre eux et le service d’information. RFO-Paris disposait d’un médiateur. On ne l’a jamais entendu. Il ne répond pas aux mails qu’on lui envoie.

Contradictoire avec l’esprit du service public

Il y a quelques années de cela, RFO-Réunion avait désigné un médiateur. Sa nomination avait été annoncée à grande pompe. Lui aussi, on ne l’a jamais vu ou entendu. L’ancien directeur de la station, Gora Patel, avait annoncé la création d’une sorte de comité d’auditeurs. Cette initiative n’a jamais eu de suite.
Or, il existe au niveau de la Direction de la station un véritable instinct de propriété. Il n’est pas rare d’entendre un tel dire que "sur sa télé, on ne fera pas ceci" ou telle autre affirmer "ma radio n’est pas celle de Gora Patel".
Les choix faits par cette minorité sont contestables.
Le programme “choisi” de Télé-Réunion est largement dominé par les séries américaines et les jeux. Radio-Réunion se distingue de manière marginale de ses concurrentes du secteur associatif ou commercial local. La tonalité générale est le divertissement, la bonne humeur.
On comprend, dans ces conditions, pourquoi une part de l’auditorat recherche sur France Inter ce qu’elle n’obtient pas sur Radio-Réunion : des débats, des pages d’Histoire, des informations de différentes natures. Au nom du taux d’audience - une notion qui est en totale contradiction avec ce que doit être l’esprit du service public - la bureaucratie de RFO a décidé de supprimer France Inter de la bande F.M.. Sans doute pour éviter que l’on puisse faire des comparaisons et se rendre compte des insuffisances de Radio-Réunion.
Plus que jamais il y a lieu de protester contre la décision bureaucratique et imbécile prise par RFO. “Témoignages” invite ses lecteurs à le faire massivement. Ceci afin d’ouvrir plus tard un autre front : celui consistant à obtenir de la station du Barachois qu’elle engage un véritable dialogue avec son auditorat sur ses choix stratégiques. À la différence des régions métropolitaines, nous avons la chance d’avoir un service public d’information dimensionnée à la mesure de l’île. Nous pouvons faire de cette spécificité un atout au service du développement de La Réunion.

J. M.


Pétition

Ça Mouv’ pour France Inter à La Réunion

Nous, qui avons organisé un “collectif pour le maintien de France Inter sur
la bande FM”, demandons aux Réunionnaises et Réunionnais de signer cette pétition. (1)
Monsieur le directeur général de RFO, (...) France Inter est un élément incontournable de la continuité territoriale. C’est une radio de service public à laquelle tous les citoyens français ont le droit d’accéder dans les mêmes conditions.
Entre France Inter et le Mouv, laquelle de ces deux radios remplit le mieux
la mission du service public, c’est-à-dire donner des outils d’information
et de réflexion qui permettent d’œuvrer à l’évolution de notre île ?
(...)
Comprenez également que pour la énième fois, on a l’impression que vous
prenez les 750.000 Réunionnais pour des imbéciles. (...)
Il y a quelques années, France Inter était la radio des auditeurs qui avaient "quelque chose entre les oreilles". Les Réunionnais ne seraient-ils pas de ceux-là ?
Depuis deux jours, nous recevons des centaines de courriels. Sachez que les auditeurs de RFO et RFO 2 sont inquiets, abasourdis, et que c’est un peu de leur vie que vous leur prenez là.
Parlons maintenant de votre méthode : Une simple information par quotidien interposé. On aurait pu penser que la noble institution RFO, que nous estimons d’ailleurs très sincèrement, demande quelque peu l’avis des auditeurs. Mais on a retrouvé le mode de relation qui régit depuis quelque temps l’élite et le peuple et dont on n’est fort justement pas près de s’habituer. Rappelons quand-même que chaque citoyen paye une redevance. Traiter ainsi 750.000 ressortissants d’un département français est indigne d’une radio nationale.
Parlons maintenant de vos arguments : France Inter serait toujours
officiellement "audible" dans notre belle île française de l’océan Indien ! Enfin... du Réunionnais acharné à en capter à tout prix la fréquence,
puisque la radio passera en AM (ondes moyennes) ... Vous avez déjà écouté les ondes moyennes ? Ce n’est pas vraiment stéréo et ça a un grésillement très rétro. (...)
De plus, on est habitué à zapper de RFO 1 (dont la qualité n’est pas à mettre en doute) à France Inter ; alors, si on n’a plus la touche France Inter, cherchez la suite ...
Monsieur le directeur général de RFO : il arrive de se tromper ; mais comme
disait Confucius : "persévérer dans l’erreur, là est la véritable faute".
Madame, monsieur, amis de l’information et de la démocratie, nous avons
besoin de votre soutien.
Envoyez votre nom, prénom, profession, courriel, téléphone à [email protected], ou par fax au 0262.22.44.41

Jean-Luc Fievet,
La Plaine Saint-Paul

(1) Extraits (voir “Témoignages” de samedi dernier) - NDLR.


Lettre ouverte de l’ASSECO-CFDT au directeur régional de RFO

L’ASSECO-CFDT, association de défense des consommateurs de l’UIR-CFDT, tient à protester énergiquement contre votre projet de supprimer la diffusion de France Inter sur la bande FM et de reléguer la station nationale sur les fréquences AM.
Cette décision prise sans concertation avec les usagers ou leurs représentants se traduirait de facto par :

- une rupture de continuité territoriale du service public de l’audio-visuel,

- une baisse de qualité dans la réception des émissions de la station nationale, voire l’impossibilité pour certains usagers de capter la station.

Il semblerait que votre décision serait motivée par la volonté d’occuper la place libérée par France Inter sur la bande FM par une émission destinée aux jeunes. Intention louable. Il n’est pas question pour l’ASSECO-CFDT de faire preuve d’ostracisme à l’encontre de telle ou telle catégorie de la population. Toutefois, si cela doit se faire aux dépens d’émissions permettant aux auditeurs de La Réunion, quels qu’ils soient, d’avoir quotidiennement une ouverture sur les aspects économiques, sociaux, politiques et culturels de la France de Métropole et d’Outremer, ce n’est pas acceptable. Il nous semble que RFO-radio pourrait aménager ses programmes actuels de manière à faire plus de place aux émissions à l’attention des jeunes, sans priver l’ensemble des auditeurs d’une réception de bonne qualité des émissions de France Inter.
Par conséquent, l’ASSECO-CFDT vous demande instamment d’abandonner ce projet hâtif et insuffisamment réfléchi.
Je vous prie, M. le directeur régional de RFO, de croire en notre profond attachement au service public de l’audio-visuel.

Le président de l’ASSECO-CFDT,
Jean-Louis Belhote


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