10ème Université de la Communication de l’océan Indien

Une ruche humaine, à l’heure du numérique

10 juin 2005

Ce serait dommage de laisser passer la semaine sans aller voir ce qui se passe à la 10ème Université de la Communication de l’océan Indien (UCOI), au village des Argonautes de La Saline-les-bains. Le rendez-vous annuel des nouvelles technologies n’est pas le passage obligé des “branchés”, bien qu’ils y aient leur place comme les autres. C’est un lieu très convivial d’échanges et/ou de confrontations des idées, sur le thème “Imaginons nos futurs”. En partageant le présent.

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Imaginer nos futurs, ce n’est pas forcément se lancer dans une fuite en avant des technologies du virtuel. Mais c’est peut-être essayer de voir comment ces technologies donnent à chacun(e) la possibilité de partager au présent les recherches de solutions à nos problèmes les plus urgents. Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’important n’est pas d’aller toujours plus vite, mais de partager un même chemin et les moyens d’en comprendre les étapes.
Les débutants peuvent aller découvrir le numérique et le multimédia dans le Cyber-bus du TCO, qui circule dans les cinq communes de l’Ouest depuis le début de cette année. Il stationne à La Saline jusqu’à aujourd’hui, avec ses cinq ordinateurs alimentés à l’énergie solaire. Des animateurs attendent ceux et celles qui voudraient s’initier au maniement d’une boîte e-mail, ou à la navigation sur le réseau mondial “Internet”.
On peut même oublier les nouvelles technologies et se parler, en direct, de l’insertion des jeunes ou de leur implication dans la vie associative, avec l’Université populaire des associations réunionnaises (UPAR). Mercredi dernier, un débat a eu lieu sur les fondements de la cohésion sociale et ce que le monde associatif peut apporter à la jeunesse. Et chaque jour apporte sur ce thème plusieurs rendez-vous et occasions de rencontres.
Chaque jour également, un “Carrefour” réunit plusieurs intervenants sur un thème choisi. Ce mercredi, il était question des RUP (Régions ultrapériphériques) et de la diversité culturelle. Un débat, parfois, ça patine ! Celui-ci a été “sauvé” par les interventions de Louis Poulhes, Directeur régional de l’action culturelle (DRAC) et de Claude Mollard, fonctionnaire à la Cour des Comptes et passionné à ses heures de cultures et de biodiversité. Dans le débat sur la diversité culturelle et les RUP, il a surtout posé le problème du risque d’uniformisation culturelle par le saccage et l’indifférence, et de la crise identitaire multiforme que cela provoque en Europe.

La Réunion suit le mouvement

Pour ceux qui voudraient vraiment suivre l’actualité des TIC - ce n’est pas interdit ! - des débats abordent chaque jour des questions comme la télé-médecine, la mémoire numérique, le haut-débit (hier), Internet et la diffusion des œuvres ou encore l’agriculture biologique et la transmission de ses savoir-faire par la diffusion de films vidéo (aujourd’hui). Mercredi soir, à la tribune, Xavier Gouyou-Beauchamps, ancien président de TDF et de France-Télévision, s’est exprimé sur l’ouverture du marché de l’audiovisuel public et sur les possibilités de remplacer, à La Réunion aussi, la télévision analogique par la télévision numérique. Ce n’est pas parce que la TNT de France oublierait La Réunion qu’il faut renoncer à suivre le mouvement. La Région y travaille, a dit Guy Jarnac dans le débat.
Pendant ces deux jours - 9 et 10 juin - la technopole organise des “rendez-vous techno-business” pour rapprocher les partenaires de différents projets. Aujourd’hui, la plénière de clôture de la technopole va précéder de peu le “Carrefour” de l’Intelligence économique sur : quelles stratégies d’entreprise pour le futur.
Il faut aller voir, rencontrer les acteurs. Il y a toujours quelque chose à faire ou à découvrir. On peut apprendre sur place à créer son propre site web ou simplement s’informer des derniers grands projets en cours ou en préparation dans l’océan Indien, comme celui du Centre virtuel pour la formation d’ingénieurs porté par quatre universités de Madagascar, Maurice et La Réunion . (voir encadré)

P. David


Création d’une école indocéanique d’ingénieurs des TIC

Signature d’une convention tripartite

Dans le cadre de l’UCOI, qui se tient cette semaine à la Saline-les-Bains, les universités malgaches d’Antananarivo et Fianarantosoa, de l’île Maurice et de La Réunion ont signé mardi soir une déclaration commune pour la mise en place d’une école d’ingénieurs de haut niveau dans le domaine des Technologies de l’information et de la communication (TIC).

Le projet d’école régionale d’ingénierie qui vient de recevoir le coup d’envoi s’appellera un jour “Institut des Nouveaux Services Électroniques de l’Informatique et des Télécommunications de l’Océan Indien” (INSEIT-OI). La Région Réunion en a commandité l’étude de faisabilité, dans laquelle ont été impliquées quatre universités de Maurice, de Madagascar et de La Réunion.
Le projet a été présenté le 15 mars dernier au Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, par une délégation représentant l’Université de La Réunion, le Groupe des Écoles de Télécommunication (GET) et la Région Réunion. Il a reçu un accueil favorable et l’Université de La Réunion, en tant que maître d’ouvrage, a été invitée à préparer le dossier de demande d’habilitation à délivrer le diplôme d’ingénieur.

Un projet prototype

Le projet prévoit entre autres que la première année d’école se déroule sur les trois sites : à Madagascar, à Maurice et à La Réunion. Les universités partenaires malgache et mauricienne ont saisi l’opportunité de l’UCOI pour venir participer à une rencontre dont l’objet était de préparer les modalités pratiques de cette collaboration.
Ont participé à cette rencontre : Rémy Courdier, Chargé de mission du Président de l’Université de La Réunion ; Indur Fagoonee, Vice-Chancelier de l’Université de Maurice et Alain Senteni, qui y dirige le Virtual Center for Innovative Learning Technology (VCILT) ; Bertin Ramamonjisoa, directeur de l’École Nationale d’Informatique (ENI), mandaté par le Président de l’Université de Fianarantsoa et ses compatriotes Adolphe Ratiarison, directeur de la Formation et de la Recherche de l’Université d’Antananarivo et Olivier Robinson, directeur des TIC au Ministère des Télécommunications, de la Poste et de la Communication ; Sylvie Lemaire, directrice du Service TIC de la Région Réunion et Guy Jarnac, conseiller régional en charge du développement des TIC ; Pierre Gigord, consultant, qui a conduit une mission d’aide à la maîtrise d’ouvrage pour l’Université.
Ce dernier estime que "cette collaboration tripartite pour la mise en place d’une formation à vocation régionale est une innovation importante, qui pose en même temps plusieurs problèmes de fond".
Si Madagascar s’est rapprochée du modèle français grâce à son histoire et par la volonté d’intégrer le modèle européen émergent (LMD), la coopération avec Maurice devra organiser la rencontre de deux cultures différentes : le modèle franco-européen et le modèle anglo-saxon, avec des différences à plusieurs niveaux, pédagogiques et pratiques. À Maurice, l’appellation d’ingénieurs est donnée à Bac +3 (équivalent franco-français : BTS, IUT) et l’organisation des études en alternance y prédomine au-delà de Bac +3.
"Ces problèmes, nouveaux pour nous, peuvent se théoriser dans le contexte de la théorie de l’activité sous sa vision moderne en termes de co-configuration", poursuit le consultant. Du point de vue des enseignants-chercheurs, ce projet pourrait en quelque sorte servir de prototype.
Pour le grand public, il donne surtout une autre vision du métier d’ingénieur et a l’avantage d’ouvrir vers les nouveaux métiers.

P. David


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