Des médecins alertent sur les risques pour la santé

260 médecins de La Réunion contre la carrière de Bois-Blanc

11 octobre 2016

Le projet d’ouvrir une carrière à Bois-Blanc suscite une forte opposition. Elle s’est même élargie depuis l’année dernière. Une pétition signée par 260 médecins de La Réunion demande au préfet de refuser l’ouverture de la carrière qui doit alimenter la route en mer au nom du « devoir de précaution », compte-tenu des conséquences sur la santé de la population d’un tel projet. Voici le texte de cette pétition.

Plusieurs milliers de personnes avaient manifesté le 2 octobre contre le projet d’ouverture d’une carrière à Bois-Blanc.

Nous, médecins du secteur public et du secteur libéral exerçant à La Réunion, souhaitons vous alerter sur les risques sanitaires liés à l’exploitation de la carrière de Bois Blanc. Ces risques, qui pèseront sur les 55 000 habitants des communes de Saint-Leu, Les Avirons et L’Etang-Salé nous semblent clairement sous-estimés par les études d’impact liées à ce projet et rendues publiques à ce jour.

Ces risques sanitaires nous semblent particulièrement importants dans les domaines suivants :

Inhalation de poussières minérales
Conséquences sonores des tirs de mine
Majoration de la pollution atmosphérique directement liée à l’augmentation du trafic routier inhérent à l’exploitation
Écotoxicité
Risque explosif

Ces risques sont particulièrement élevés chez les populations sensibles dont la santé est déjà fragilisée : personnes présentant une fragilité pulmonaire, fumeurs, insuffisants respiratoires, femmes enceintes et fœtus, nourrissons, enfants, personnes âgées et malades chroniques. Nous rappelons que l’incidence de l’asthme est particulièrement élevée à La Réunion et, chez les enfants, c’est quatre à cinq enfants asthmatique par classe dans chaque école.

A ce jour, l’ARS n’a pas rendu public son avis, cependant sa conclusion l’année dernière sur ce sujet avait déjà été défavorable relativement au risque lié aux poussières.

L’inhalation fréquente et prolongée de poussières minérales au cours des quatre années prévues d’exploitation augmentera la prévalence des maladies respiratoires : asthme, exacerbations de broncho-pneumopathies, pneumopathies, pneumoconioses, rhinites, trachéites, bronchites.

En raison du risque de persistance dans l’organisme de ces poussières, le risque d’augmentation des déclarations de cancers (notamment broncho-pulmonaire) est à prévoir.

De plus, l’extraction des roches exposera à l’inhalation des métaux lourds et autres toxiques contenus dans celles-ci : aluminium, olivine, cadmium, PCB, arsenic, chrome, cuivre, nitrate, zinc, plomb et mercure. Cette exposition est connue pour être responsable de pathologies respiratoires aiguës et chroniques, et pour certains de ces métaux lourds, de pathologies neurologiques, néphrologiques, dermatologiques et cardio-vasculaires. Par ailleurs, les femmes enceintes et leurs fœtus sont particulièrement exposés en raison du passage de la barrière fœto-placentaire de certaines de ces particules.

Il faut noter que la voie d’exposition aux poussières par ingestion n’est pas à exclure du fait de la consommation d’eau ou de produits végétaux au préalable exposés.

Les tirs de mine biquotidiens qui génèrent un niveau de pression acoustique allant de 90 à 150 décibels peuvent avoir pour conséquence des atteintes du système auditif (surdité), du système cardio-respiratoire (élévation de la tension artérielle lors d’expositions chroniques à des bruits supérieurs à 85 décibels, troubles du rythme respiratoire et cardiaque) et sont également susceptibles de provoquer des gènes et du stress, pouvant aller jusqu’au syndrome anxieux. Les populations fragiles y seront d’autant plus sensibles à l’instar des élèves de l’école du Ruisseau aux Avirons, école la plus proche du site située à moins de 1km.

Il paraît également légitime de s’interroger sur les risques de catastrophe liés au stockage de grandes quantités de nitrate d’ammonium, et des conditions de sécurité (qui nous semblent à l’heure actuelle loin d’être optimales) mises en place pour éviter tout risque explosif. On se souvient de la catastrophe de l’usine AZF à Toulouse en 2001. Les conséquences directes d’un tel événement seraient désastreuses pour la population : morts, blessés, brûlés et blastés risquent d’être innombrables rendant la mise en place d’un Plan Blanc indispensable pour y faire face.

En conclusion, dans l’état actuel des choses, les conditions de sécurité sanitaire des populations riveraines du site ne nous paraissent pas assurées, et les répercussions en termes de coûts de santé publique semblent devoir être sérieusement prises en compte.

Nous espérons que vous tiendrez compte de l’avis des médecins signataires de cette pétition pour exercer pleinement le « devoir de précaution » qu’un tel projet justifie.

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