Route littorale

À l’État de s’engager sur les délais et sur le financement

25 mars 2006

Pour la moitié des Réunionnais (52% de moins de 30 ans), l’éboulis survenu hier est un phénomène jamais vu qui, de surcroît, vient frapper La Réunion après toute une série d’autres catastrophes (épidémie de chikungunya, fortes pluies). Ce n’est pas une raison pour en dire n’importe quoi...

Devant un éboulis de l’importance de celui qui s’est produit hier, vers 5h30, au PK 11,9 de la route littorale, faisant - selon un bilan encore provisoire - 2 morts, 2 blessés - dont 1 grave -et un disparu, l’émotion qui s’est exprimée pendant la journée d’hier sur la plupart des radios est compréhensible. Seuls les usagers de la route de plus de 44 ans, en effet, peuvent avoir en mémoire un événement auquel comparer cet éboulis, s’ils étaient dans l’île en 1980. Il faut en effet remonter à la double catastrophe de janvier et juin de cette année-là, après le passage du cyclone Hyacinthe, pour trouver un éboulis de la même gravité et de volume comparable, évalué hier par la DDE à quelque 15.000, voire 20.000 mètres cubes de roches et de terre décrochées de la falaise. Cela veut dire que, pour plus de 70% de la population, l’éboulis d’hier est du “jamais vu”. D’où l’émotion exprimée. Et aussi souvent récupérée...
En revanche, les Réunionnais sont beaucoup plus nombreux à avoir participé aux débats publics organisés depuis 1998 sur l’aménagement du territoire, les déplacements, l’amélioration des transports publics et du réseau routier. Depuis 1998, une commission internationale d’experts a conclu à la nécessité d’abandonner cette route, qui ne répond pas aux normes.

Refus unanime des conseillers régionaux

Comme les autres routes nationales, la route littorale est du domaine de l’État et relève de sa seule compétence, tant que n’est pas effectif le transfert des routes nationales aux Régions - transfert prévu pour le 1er janvier 2007 et contre lequel s’est élevée toute la collectivité régionale réunionnaise le 21 octobre 2005 en assemblée plénière. Au motif précisément que la route n’est pas fiable et que le transfert de décentralisation ne dit rien des moyens financiers indispensables à sa sécurisation.
Mais revenons en 1998, qui marque un tournant décisif parce que pour la première fois, en décembre, une collectivité territoriale pose de façon globale la question des orientations prioritaires pour le réseau routier, les déplacements, les transports en commun et l’aménagement du territoire, dans la perspective du million d’habitants.
Ce qui est ressorti de ce débat - comme de ceux qui ont suivi, par exemple fin 2004 sur la double problématique “tram train/route littorale” - est qu’il ne pouvait être question de concentrer sur la seule route littorale la totalité des moyens de financement alloués par le FIRT au réseau routier (environ 100 millions d’euros par an). Si 50.000 véhicules empruntent ce tronçon de 13 kilomètres tous les jours, il en circule près de 3 fois plus dans le reste de l’île, dont le réseau routier doit être entretenu et amélioré de la même façon.

Constamment refaire et payer à nouveau

Le scandale de cette route, commencée en février 1959, achevée dans son projet initial en juillet 1963, puis refaite 20 mètres plus loin quelques années plus tard - et payée une 2ème fois par les usagers et les contribuables - est d’avoir été mal conçue : elle est une aberration qu’il faut constamment refaire et payer à nouveau, ce qui pose à la fois un problème de solutions techniques et de financements.
Ces problèmes, répétons-le, sont du ressort de l’État, qui reconnaît pleinement sa responsabilité puisqu’il nous dépêche aujourd’hui même le ministre de l’Outre-mer, François Baroin.
Après le débat de 2004, l’État a rendu en avril 2005 sa décision, et personne alors ne s’y est opposé. Dans cette décision, l’État prend acte de la nécessité d’un transport en commun en site propre - projet régional largement plébiscité lors du débat public - et reconnaît sa responsabilité dans la gestion de la Route du littoral. Il conclut à la poursuite de la sécurisation de la route (filets et gabions) et demande à la DDE d’étudier 2 options pour la route littorale : une par les bas et une par les hauts. Nous en sommes là et la DDE prévoyait de faire connaître en juin les solutions qu’elle préconise, avec encore un délai d’un an pour faire son choix définitif, dans le règlement de cet épineux problème, dont les pouvoirs publics disaient l’année dernière qu’il ne serait pas réglé avant "une petite dizaine d’années".
Gageons que le ministre qui arrive aujourd’hui - de même que le président de Région, dont le retour de Bruxelles a été avancé - va demander à la DDE d’accélérer la recherche de solutions. Le délai de 10 ans pourrait en effet être raccourci si l’État est décidé à s’engager dans la recherche d’un financement.
Certaines voix suggèrent l’éventualité d’un “consortium” réunissant des entreprises, des banques et les pouvoirs publics. Un système de financement alliant public et privé permettrait en effet d’aller plus vite.
Quelle sera la position du ministre sur cette proposition ?

P. David


Scandaleux (sur 3 col)

RFO appelle à manifester devant la Région

Le soir de l’effondrement de la Route du littoral, alors que la population est en plein dans l’émotion et qu’elle se pose de nombreuses questions, RFO appelle à manifester devant la Région mardi à 9 heures. Rappelons que le Conseil régional n’est pas responsable de la Route du littoral.
Que se passe-t-il ? Qui a demandé à RFO d’organiser une manifestation à 9 heures mardi devant la Région ?
À quel jeu joue RFO lorsqu’il laisse dans son journal télévisé du soir la personne présente sur le plateau attaquer Paul Vergès en disant qu’il ne revient pas à La Réunion ? Or, à l’heure du journal télévisé, RFO avait dans les mains un communiqué indiquant le retour à La Réunion de Paul Vergès aujourd’hui. Pourquoi le service public n’a-t-il pas immédiatement corrigé cette contre-vérité proférée par son invité ? Il a fallu attendre la fin du journal pour que la nouvelle du retour à La Réunion de Paul Vergès soit annoncée, c’est-à-dire bien après l’appel à manifester.
C’est comme cela que l’on manipule l’opinion et que l’on orchestre une manifestation mardi contre la Région. Dans quel but ? Qui est à l’origine de cette initiative ?


Route littorale et financement

On a entendu beaucoup de choses hier sur les ondes des radios et télé, publiques comme privées. Parmi ces dires, d’aucuns se sont évertués à démontrer qu’il suffit de renoncer à la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, et de transférer les crédits vers les travaux de la route du littoral pour régler le problème.
Tout d’abord, chacun sait que si les crédits prévus pour la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ne sont pas utilisés dans ce but, ils ne pourront pas être affecté à un autre chantier.
Ensuite, le coût de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise correspond à peu près à celui d’un lycée. Quant à la nouvelle route entre Saint-Denis et La Possession, son coût dépassera largement celui de la route des Tamarins. On voit donc tout de suite que le montant du chantier de la MCUR n’équivaut qu’à une part infime du budget qui sera nécessaire pour une nouvelle liaison entre Saint-Denis et La Possession : une goutte d’eau dans un océan.
Alors pourquoi s’en prendre à la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ?

Route du littoral

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus