Le 10 septembre dernier, Dominique Vian, préfet de La Réunion et Paul Vergès, président du Conseil régional donnaient le coup d’envoi du premier débat public outre-mer. Au centre des discussions et débats auxquels sont conviés tous ceux qui veulent donner leur avis : la nouvelle route du Littoral et le tram-train regroupés sous la thématique “Comment mieux se déplacer demain ?”

Successivement, se sont tenus des débats au Port, à Saint-Pierre, à Saint-Benoît et à Saint-Denis. Hier, René Robert, président de la Commission, assisté de Jean Chatel et de Jean-Raymond Mondon, dressaient un premier bilan de ces quatre réunions dont certaines ont duré près de trois heures, avec une soixantaine de questions venant des participants.
"Au cours de ces réunions, les gens disent ce qu’ils ont sur le coeur", résume René Robert. Qui note également que, sans refaire l’histoire, les questions sont souvent frappées au coin du bon sens : "Pourquoi a-t-on supprimé le ti-train ?" ou encore "Pourquoi avoir construit la route du littoral à cet endroit ?".
Des interrogations qui démontrent toute l’utilité de ces débats pour les aménagements futurs.

"De plus en plus, les gens se prennent au jeu"

A fortiori, cela démontre également que si du haut de leur science et de leur omnipotence, techniciens et élus avaient condescendu à demander leur avis aux citoyens, nombre d’erreurs dont nous payons aujourd’hui les conséquences auraient pu être évitées.
"Dans leurs interventions, les gens sont plutôt constructifs et avancent parfois des propositions intéressantes", affirme René Robert. Certes, des voix s’élèvent pour signifier que les choix sont déjà faits, que les dés sont pipés, que les carottes, ou les chouchous, pour faire couleur plus locale, seraient cuits.
À ceux-là l’occasion est offerte d’apporter leur contribution. Car le débat est loin d’être clos (voir encadré). "En fait, on s’aperçoit que de plus en plus, les gens se prennent au jeu, et l’on a de moins en moins de personnes qui se disent que tout cela, c’est du blabla..."
En fait, poursuit René Robert, si l’on note des interventions parfois pointues, charpentées, le plus souvent, cela se traduit par un simple mot d’encouragement. Parfois, le débat devient plus localisé, comme par exemple à Saint-Pierre, avec ce cri du coeur : “pensez au Sud, pensez à un rééquilibrage”. Et même si à Saint-Benoît, les débats ont pu prendre une tournure plus politique, au sens large du terme, il n’y a jamais eu de dérapage. Quant au rendez-vous de Saint-Denis, les participants ont pu entrer dans le vif du sujet avant même d’arriver sur le lieu du débat, englués qu’ils étaient dans les embouteillages...

Des lycéens organisent un sondage

Après cette première phase de débats tous azimuts, la consultation va prendre une nouvelle tournure avec la mise en place de quatre ateliers qui auront à débattre des thématiques suivantes : “Économiser La Réunion”, “Un choix de société”, “les conditions de vie” et enfin “les financements et prospectives”.

Ces ateliers, auxquels participeront des experts de tous horizons, auront pour but d’approfondir “certaines problématiques liées à la question des déplacements”. Bien évidemment, le grand public est invité à assister à ces réunions.
Ces ateliers thématiques permettront d’aller plus loin dans le débat, en abordant divers aspects administratifs, financiers ou techniques qui, le plus souvent échappent au public. Mais qui permettent, s’ils sont expliqués en termes simples, de mieux comprendre le dossier et donc de peser sur les décisions.
Dans ces ateliers, les experts auront pour mission d’utiliser un langage clair et compréhensible pour le plus grand nombre, afin que l’on retrouve dans ces débats “l’enthousiasme, le dynamisme et la créativité” qui ont prévalu jusque là.
À ces ateliers vient s’ajouter un autre volet du débat public, en direction du public des collèges, lycées et de l’université. "Il est important d’aller au devant des jeunes, de les informer, de les faire réagir, de les faire réfléchir. On ne peut pas se poser la question des déplacements demain en excluant les jeunes", souligne René Robert. Il rappelle que ce pas vers les jeunes dans le débat public constitue une première et n’avait jamais été réalisé, même en Métropole.
Un des sujets de satisfaction pour les membres de la commission réside dans l’appropriation que se font certains établissements des questions posées par le débat. Ainsi, des jeunes d’un lycée de Saint-Joseph vont réaliser un sondage sous forme de questionnaire à choix multiples auprès des parents d’élèves, des élèves et du public en général, avec à chaque fois 700 personnes questionnées.

"Beaucoup de propositions qu’il serait stupide d’écarter"

Après ces différentes rencontres prévues dans la phase 2 du débat public, un rendez-vous est pris pour le 19 novembre à la Halle des Manifestations au Port, pour la remise de ce qui ne constituera en tout état de cause qu’un “rapport d’étape”. Pour la commission, le plus gros du travail va alors commencer pour synthétiser l’ensemble des interventions collectées au cours des multiples débats. La commission disposera de deux mois pour remettre sa copie à la Commission nationale du débat public qui transmettra ensuite le rapport définitif à la Région et à l’État, maîtres d’ouvrage respectivement pour le tram-train et la route du Littoral.
À charge pour ces derniers de tenir compte... ou pas, du résultat de ce grand débat public. "Les décideurs auront entre les mains une matière première avec beaucoup de propositions qu’il serait stupide d’écarter", conclut pour sa part Jean Chatel, membre de la commission du débat...

S. D.

An plis ke sa...

Les ateliers, dates et lieux

Mercredi 13 octobre : 14 heures à l’ADPE, Saint-Denis : Économiser La Réunion (M. Ries - Consultant Expérience des déplacements en ville de Strasbourg, M. Pierron - Ingénieur au STIF - Région Ile de France)
Jeudi 14 octobre : 14 heures à l’ADPE Saint-Denis : Un choix de Société (M. Cathela - Docteur, consultant en psychologie sociale Spécialiste des socio-types réunionnais et de l’analyse des comportements, il va présenter l’évolution de la société, particulièrement chez les jeunes, avec quelques tendances futures.
Vendredi 15 octobre : 10 heures au Centhor Saint-Paul : Les contraintes de l’aménagement (M. Cruchet - BRGM, M. Lorion - Professeur agrégé de géographie - Université de La Réunion)
Vendredi 15 octobre : 14 heures au Centhor Saint-Paul : Les finances et prospectives (Mme Bolliet, Inspection du Trésor, M. Pierron, Ingénieur au STIF, M. Lauer, ingénieur général des ponts et chaussées.

Un rassemblement d’étudiants est organisé dans l’amphithéâtre Genevaux de l’Université de La Réunion le 16 octobre à 9h30. Une autre journée universitaire le 9 novembre à l’IUT de Saint-Pierre à 8heures.

Les prochains rendez-vous

- Samedi 16 octobre à Université de Saint-Denis à 9heures

- Mardi 9 novembre à l’IUT de Saint-Pierre à 8heures

- Réunion programmée avec l’antenne Sud de l’université au Tampon

Les auditions en séances publiques :

- Audition CIREST : Jeudi 21 octobre à 16h30 - Médiathèque de Saint-Benoît

- Audition TCO : Mercredi 27 octobre à 17h00 - Salle TCO - Port

- Audition CCEE : Mercredi 3 novembre à 14h00 - Saint-Denis

- Audition Réunion Économie : Jeudi 4 novembre à 17h00 - Siège du Crédit Agricole - Saint-Denis

- Audition CES : Mercredi 10 novembre à 9h30 - Auditorium Stella - Saint-Leu

- Audition Conseil général : Mercredi 17 novembre à 17h30 - Salle Conseil général - en attente de confirmation

- Auditions CINOR et “maires du Sud” : en cours de programmation
La réunion de clôture :
Vendredi 19 novembre 2004 - 10h00 - Halle des manifestations du Port

Le débat public en chiffres

- plus de 500 participants en réunions publiques

- plus de 1.300 cartes T

- une centaine de questions Internet

- quelques dizaines de contributions

- plus de 10.000 documents distribués notamment dans les établissements scolaires

Toute l’actualité du débat public sur le site www.debat-mieuxsedeplacer.re