ATR FNAUT dénonce quatre ans de perdus

15 octobre 2014, par Correspondant Témoignages

A l’occasion d’une conférence de presse le collectif ATR-FNAUT a mis en avant le Schéma Régional des Infrastructures de Transport (SRIT) et la modification du Schéma Départemental des Carrières qui doit être annulée pour l’organisation présidée par Bruny Payet.

Pour les membres de l’association, le dossier de la NRL, « se révèle plus complexe que prévu initialement », mais elle « n’est en rien un exemple de développement durable ». Toutefois, l’Etat « s’est montré complice de la Région, malgré les multiples alertes. Les citoyens réclament désormais que l’Etat protège leurs intérêts de long terme et que la justice indépendante rappelle la loi », a assuré le communiqué de presse de l’organisation.

La Région s’approprie de l’existant

Dans le Schéma Régional des Infrastructures de Transport, publié par la Région, « nous nous félicitons des objectifs retenus d’extension et sécurisation du maillage des réseaux sur toute l’île y compris en moyenne altitude ». En revanche, « nous sommes moins enthousiastes pour les objectifs retenus sur le schéma des Transports en Commun (TC) et en Site Propre (TCSP) toujours limités à St Denis et sur l’axe de Cambaie ».
L’ATR dénonce l’absence de « description précise et sérieuse des 150 km de Réseau Régional de Transport Guidé (RRTG) et des 2 000 bus tant attendus du Trans-Eco-Express (TEE) ». Selon cette dernière, « la Région s’approprie les TC et TCSP existants en prétextant les harmoniser sur le TEE/RRTG ».
De plus, du fait de sa seule compétence ferroviaire, la Région a uniquement soutenu l’investissement en matériel roulant des Autorités Organisatrices des Transports (AOT). Raison pour laquelle, « elle s’enorgueillit dans son SRIT », en indiquant qu’une « récent partenariat avec l’Etat et les AOT pour la mise en place de son TEE ». Pour l’ATR, la Région s’approprie aussi « le maillage progressif du territoire réunionnais par des TCSP ».
De fait, le RRTG « se réduirait donc à l’interconnexion des TCSP des établissements publics de coopération intercommunale, type EPCI(CINOR, CIREST, CASUD, CIVIS, TCO) et à faire circuler des bus hybrides, au mieux à rallonge ». « Cette approche est conflictuelle puisqu’elle génère un manque de lisibilité, voire des redondances, entre les différents réseaux des EPCI, des cars jaunes départementaux et du fameux RRTG ». En septembre, le Conseil Général avait refusé le SRIY, ce qui « devrait susciter à notre sens la réorientation du budget FEDER sur un réseau ferré. La Région a tout à gagner à éviter de se compromettre dans un guidage laser fumeux, jamais plébiscité car encore expérimental ».

Paris 2015, « un tramway vaut mieux que deux mille bus »

Pour François Payet, porte parole de l’ATR — Fnaut, « La Réunion ne doit pas non plus se fourvoyer davantage dans des Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) avec les 2000 bus du TEE ». « Seul le tramway permet, outre son entretien moins onéreux, la centralisation véritablement économique et sécurisée de la source d’énergie alors que les bus hybrides restent en outre tributaires de l’énergie fossile. On ne s’étendra pas sur le bénéfice social positif des tramways », a-t-il expliqué. Cependant, pour l’association la NRL et le TEE « ne dotent pas La Réunion du véritable transport guidéque doit être le RRTG ». « On ne comprendrait pas que l’Etat qui accueillera les assises du climat, ClimatParis2015, poursuive ici une politique différente, en soutenant la NRL et le TEE », note le communiqué.
On ne comprend pas plus la prioritéde la Région en matière de continuité territoriale. Est-ce crédible d’appeler à manifester contre l’Etat (qui réduit sa part « d’aide sociale » de 15 à 5 millions par an) après s’être réjouit en 2010 de son désengagement sur la dotation ferroviaire régionale de 80 millions par an, pour faire capoter le tramway réunionnais ? Ce RRTG était pourtant profitable non seulement aux moins aisés mais à la « continuité territoriale » locale de tous !

Le schéma départemental des carrières modifié

Plusieurs éléments mettent en doute la viabilité de la NRL, tant sur les matériaux, que l’appel d’offres sur le marché, que la moindre qualité des matériaux à La Réunion. Face à cela « la révolte gronde aux abords des carrières ouvertes comme autour de celles envisagées à la rivière des Remparts, où « l’accroissement du trafic des poids lourd est vilipendé », mais aussi « autour de chaque projet de carrière qui inquiètent les riverains. De plus note l’ATR-Fnaut, « les élus locaux pris en étau entre leurs administrés et le banquier régional ont du mal à choisir ».
C’est sans compter sur les entreprises de BTP et de transport qui déchantent maintenant, car la CAPEB proteste contre l’effondrement du BTP et l’insuffisance de retombée de la NRL, la FNTR se dit “trahie” et « s’offusque de la perte du convoyage des 10 000 tonnes de graviers sur le marché de son GIE d’avec GTOI/SBTPC/Vinci ». Jean-Bernard Caroupaye a d’ailleurs « reconnu sur Radio Réunion Première que son GIE laissera sur le carreau plus de 50% des 400 transporteurs locaux qui refusent son ticket d’entrée de 5% ».
ATR-Fnaut demande l’annulation de l’arrêté de modification du SDC au tribunal administratif, qui élargit « à quatre sites » pour la seule NRL. « Ces quatre sites peuvent assurer à eux seuls plus de deux fois les besoins des digues et viaducs de la NRL. Cela en contradiction total avec le dossier d’enquête présenté pour l’obtention de l’arrêté tant convoité de Déclaration d’Utilité Publique », note le communiqué.
Selon l’ATR, « pour justifier la modification du SDC, le Préfet argue d’une sous-estimation initiale des besoins, qu’il réévalue aujourd’hui à 18 millions de tonnes, tout en reconnaissant le SDC de 2010 comme suffisant, au risque d’incohérence », alors que « les besoins de 2010 étaient déjà estimés à 18 Mt(dont 16,3 pour les digues)".
Cependant, « pour ne pas fragiliser une DUP accordée malgré l’insuffisance d’étude d’impact ou malgré les erreurs du dossier, le Préfet prétexte que cette augmentation peut être compensée au SDC 2010. Selon lui l’abandon d’autres projets et une moindre extraction auraient laissé un crédit de matériaux dans le stock de 80 millions de tonnes, nécessaire pour satisfaire les besoins annuels de l’île ».

Des matériaux venus de l’extérieur

Les entreprises chargées par la Région Réunion « de suppléer au manque de matériaux prospectent à l’étranger aussi bien des roches plus massives à Madagascar ou en Afrique du Sud, que des graviers plus lourds de 4t/m3 jusqu’en Suède ». Cependant, « la DUP se rapportait à des acropodes de 2,5t/m3de granulats locaux », une cohérence marquée pour l’ATR Fnaut.
Pour les membres de l’association, le chantier de la NRL est « un chantier inadapté à La Réunion mais fait sur mesure pour les majors du BTP et aux frais des contribuables réunionnais ». Ainsi, « les majors du BTP (Bouygues, Vinci) ont réussi à consolider leur pré-carré réunionnais avec 1,58 milliards d’euros (97,5% du marché de travaux ; ne laissant que 2,5% à Eiffage et SAS), mais ils ont surtout accru notre dépendance à leur égard en centralisant dorénavant la fabrication des acropodes de remplacement dans leur hangar, et à l’étranger (Suède) pour les graviers spéciaux ».
La Région va donc, pour l’ATR, se retrouver « captive de ses engagements dans un contexte d’appauvrissement », car il y a le désengagement de 10 milliards d’euros de l’Etat dans les collectivités des DOM, le report sine die de l’ECOTAXE qui devait financer les infrastructures comme la NRL va peser sur les budgets et les collectivités locales connaissent déjà des retards de paiement de l’Etat, ce qui risquent d’aggraver durablement la situation.
Pour l’ATR, « l’attitude de la Région dans la crise de la continuité territoriale, fait craindre son entêtement à se payer coûte que coûte une NRL au détriment d’autres secteurs ou projets ainsi vampirisés ». D’autant « si il n’y a pas dans les marchés de la NRL de clause suspensive, pour la fourniture des matériaux par les entreprises, alors ce seront les contribuables qui paieront l’engagement public de la Région ».
Pour conclure, l’association assure que « jamais une infrastructure n’a réuni contre elleautant de recours juridiques et d’autant de personnes physiques ou morales ». D’ailleurs, « le tram train avait provoqué deux recours : l’un de l’association des riverains, l’autre de JP. Virapoulé », ce qui montre que « la NRL se révèle plus complexe que prévu initialement ».

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